Iron Reagan - Crossover Ministry

Publié le 22/02/2017 par Nicolas Didier Barriac
Il n'y a jamais de meilleur moment pour sortir un album de thrash US que les périodes politiques troubles. Iron Reagan, dont le nom seul impose le respect, l'a bien compris et son troisième opus, Crossover Ministry, arrive quelques jours seulement après l'investiture de Donald Trump. Il livre un album concis plein de riffs virevoltants qui flirtent constamment avec le hardcore voire le grindcore. De bonnes doses de second degré et d'insouciance rajoutent tout ce qu'il faut pour passer une demi-heure de détente en hochant la tête, en tapant du pied et en levant le poing... bref en célébrant comme il se doit cette musique insouciante.

Iron Reagan continue la tradition des side projects récréatifs où l'entente des membres fait des merveilles. Le line-up est porté par deux membres de Munipal Waste, Tony Foresta et Land Phil, mais le reste de la troupe issue de ANS, Cannabis Corpse, Hellbear et Darkest Hour n'est pas étrangère à l'énergie intense de Crossover Ministry (You Never Learn, No Sell, Eat or be Eaten). Le tout est mixé à la perfection par Kurt Ballou (Converge, High on Fire, Toxic Holocaust), constamment sur le fil entre un son vintage légèrement sale et la puissance moderne qu'on lui associe souvent.

Cet opus servira de bande-son à vos mosh pits. Mais toute la musique ne passe pas en un éclair, pied au plancher. Un morceau comme Dead With My Friend, et son groove tout droit sorti d'un disque d'Anthrax, montre que les Américains ont plus d'une corde à leur arc, du riff d'ouverture, littéralement dévastateur, jusqu'à l'outro à l'effet dramatique impressionnant. La suite de l'album sera l'occasion d'entendre quelques vocalistes invités à se passer le relais au micro et d'enquiller quelques temps forts délirants. On retiendra particulièrement Fuck The Neighbors où le groupe combine, dans un moment de génie, humour adolescent avec une composition aux qualités indéniables. On croirait entendre Ned Flanders des Simpsons dans le rôle du voisin coincé et agaçant avant que le groupe ne se lance dans un refrain-hymne pour tous ceux à qui l'autorité pose problème.

En tant qu'album, Crossover Ministry n'a rien de spécialement incroyable. En dehors des deux titres mentionnés, rien ne sort vraiment du lot. Il répond à un cahier des charges aussi précis que restreint. Il n'a aucune autre ambition que de fournir un défouloir à son public. Si ce dernier lance l'écoute sans attente plus exigeante, il pourrait bien s'exciter comme rarement. Toutefois, difficile de prendre vraiment au sérieux un disque à la portée si réduite. Les atouts du groupe (sa constance, son entente, sa légèreté et ses quelques fulgurances guitaristiques) font finalement pâle figure à côté de ses défauts (une trop grande répétitivité, un positionnement qui ne laisse pas grande liberté artistique et un côté grivois pas toujours très efficace). 

Crossover Ministry est un album de mecs bourrés qui a bien tourné. Le talent est là mais jamais est-on tenté de troquer nos disques de Municpal Waste pour celui-ci où tout évolue un bon cran en-dessous. Prenons ce qui est à prendre, défoulons-nous mais passons vite à la suite !

Discographie : 

 Tracklist de Crossover Ministry :

(en gras les morceaux essentiels)

Relapse

ironreagan.bandcamp.com