Son timbre et ses lignes sonnent comme celles d'un bluesman américain bourru, mais Mathis Haug est franco-allemand et surtout très poli. Chronique de son second album, « Distance ».

J'avais des doutes en montant dans la voiture de Mathis Haug, surtout quand j'ai appris qu'il occupait son temps à jouer de la folk aux tons blues. « N'est-il pas un peu trop... européen pour ça ? » Mathis a répondu en prenant sa guitare, et moi j'ai oublié ma question.

Un parfum de Ben Harper et Leonard Cohen

« We'll Get There By Dawn », chante le musicien franco-allemand sur son second album, Distance. Les guitares, acoustiques et électriques, sont douces et sages. Elles tapent juste et ne font pas les m'as-tu-entendue. Mathis Haug est un virtuose pour garder son calme. Un homme poli. Ses chansons les plus « énervées », « Carnival Train », « Wise Advice » et « Cannibal Dancer », sentent encore le café avalé tôt dans une bicoque collée à la route. Dans une « Paper Cup », le café. Ben Harper était là, Leonard Cohen aussi. Leur parfum plane encore.

Feutré à outrance

Mathis Haug a le timbre de voix rocailleux. À tel point que c'en est à se demander s'il n'était pas déjà là quand on chantait des complaintes dans les champs de canne à sucre (« Is Jesus On My Side ? »). Le récent Django Unchained de Tarantino se manifeste, lavé de son hémoglobine. « Sad And Lonesome Day Blues » clôt le disque avec ses airs de ballade déjà classique. Un disque très feutré, qui flirte avec la lassitude de près tout en lui faisant des grimaces. L'ambiance donne envie de se gratter la barbe et trois accords sur une guitare rutilante. Ça marche bien.

L'album est en écoute intégrale sur Spotify et Deezer.

DixieFrog

Mathis Haug - Distance