Fer de lance de "l’alternatif expérimental » avec des groupes tels que The Flaming Lips, feu Grandaddy et Death Cab For Cutie, Mercury Rev commençait à s’inscrire dans la légende jusqu’à ce qu’il sorte l’à peine passable The Secret Migration, après quatre longues années d’attente. Mais, après tout, comme le dit Jonathan Donahue lui-même "notre musique se forme à un rythme différent des autres groupes – un an c’est très court pour moi ». Toutefois, le temps de Boces, All Is Dream et surtout de Deserter’s Songs semblait définitivement révolu… Et, tandis qu’on était plongé dans un élan nostalgique, arrive Snowflake Midnight, suivi comme son ombre par l’album gratuit Strange Attractor. Alors, 2008 sera-t-elle l’année de la renaissance ou de la confirmation du décès artistique ?

Mercury Rev : Snowflake Midnight, un opus qui peine à convaincre

Fer de lance de "l’alternatif expérimental » avec des groupes tels que The Flaming Lips, feu Grandaddy et Death Cab For Cutie, Mercury Rev commençait à s’inscrire dans la légende jusqu’à ce qu’il sorte l’à peine passable The Secret Migration, après quatre longues années d’attente. Mais, après tout, comme le dit Jonathan Donahue lui-même "notre musique se forme à un rythme différent des autres groupes – un an c’est très court pour moi ». Toutefois, le temps de Boces, All Is Dream et surtout de Deserter’s Songs semblait définitivement révolu… Et, tandis qu’on était plongé dans un élan nostalgique, arrive Snowflake Midnight, suivi comme son ombre par l’album gratuit Strange Attractor. Alors, 2008 sera-t-elle l’année de la renaissance ou de la confirmation du décès artistique ?
Par Nicolas Didier Barriac.

Comme on pouvait s’y attendre pour un groupe aussi aventureux que Mercury Rev, Snowflake Midnight n’est en aucun cas une redite des précédents efforts. Celui-ci s’inscrit plus loin encore dans la dématérialisation des instruments en accordant une large part aux silences et à la programmation tout en laissant à Jonathan Donahue la place suffisante afin d’exprimer son chant plaintif et efféminé. Pour ce dernier, l’explication réside peut-être en ce que "le studio que nous avons utilisé pour The Secret Migration était vraiment énorme. Ici, nous avons été dans un endroit nettement plus petit où il fallait littéralement empiler les claviers huit par huit pour pouvoir en jouer ! Mais comme pour tout changement, il y avait quelque chose d’excitant à faire cela. »

Et le résultat rappelle bizarrement la démarche "anti-pop » de Radiohead lorsque le gang de Thom Yorke a sorti Kid A en troquant les guitares contre une avalanche de synthétiseurs. Il faut donc un peu de temps pour s’habituer à cette nouvelle mouture du trio qui délaisse plus souvent que de raison les sonorités rock pour se réfugier dans un trip hop un tantinet trop mou et rébarbatif pour susciter l’admiration. Pour Jeff Mercel, le batteur du groupe et très peu présent sur le disque, "certaines chansons du disque duraient initialement plus de trente minutes. Nous les avons coupées mais dans leurs premières versions nous ne savions pas vraiment où mettre le refrain, les mélodies et même où chanter. » Et, mises à part les trois meilleures pistes de l’album, les morceaux de Snowflake Midnight ne se défont de cet état d’approximation…

En effet, comme un élève qui rédige sa dissertation sans plan, Mercury Rev avance à l’aveuglette et fait les comptes dans un second temps. Si cela peut mener à un superbe "People Are So Unpredictable (There's No Bliss Like Home)" où tension atmosphérique et grandiloquence dramatique ne font qu’un, des déchets tels que "Runaway Raindrop" et ses claviers insoutenables peuvent aussi voir le jour… A plusieurs reprises, Snowflake Midnight donne l’impression d’avoir été créé avec des instruments piochés au hasard sans, encore une fois, une vision globale du résultat final. Un sentiment partagé à demi mot par Grasshopper : "J’ai utilisé pas mal d’instruments que je n’avais pas employés depuis un bout de temps. Il me semble que consciemment je n’avais pas envie de prendre ma guitare sur ce disque."

De là à y voir les raisons de la déception que constitue Snowflake Midnight il n’y a qu’un pas… Mais il ne faudrait pas oublier non plus cette absence maladive de mélodies qui semble irréelle quand on repense aux fabuleux "Goddess On A Hiway" ou "The Dark Is Rising" et qui pénalise l’ensemble de l’opus. Au final, la déception l’emporte sur tout et mêmes les récurrentes paroles pastorales ne nous redonneront pas un semblant de sourire…


Line-up :
Jonathan Donahue (chant, guitare acoustique)
Grasshopper (guitare)
Jeff Mercel (batterie, claviers)

Discographie :
Yerself Is Steam (1991)
Boces (1993)
See You On The Other Side (1995)
Deserter's Songs (1998)
All Is Dream (2001)
The Secret Migration (2005)
Snowflake Midnight (2008)
Strange Attractor (2008 – disponible gratuitement sur le site officiel du groupe)

Mercury Rev - Snowflake Midnight
V2 Records
http://www.mercuryrev.com

Mercury Rev : Snowflake Midnight, un opus qui peine à convaincre