Night Ranger - Don't Let Up

Publié le 14/03/2017 par Nicolas Didier Barriac
Un des premiers groupes de la génération MTV, Night Ranger, refuse de rendre les armes. Il faut dire que, menés par le duo Jack Blades / Kelly Keagy, les Américains tiennent encore une sacrée forme, trente-cinq ans après la sortie de Dawn Patrol. Leur biographie met en avant quelques-uns de leurs hits (Sister Christian, Don't Tell Me You Love Me, When You Close Your Eyes, (You Can Still) Rock In America, Sentimental Street, Goodbye, Sing Me Away, Four in the Morning) mais leur carrière en a enfanté bien davantage. Chaque piste du groupe est un prétexte à taper du pied et à se vautrer dans la bonne humeur. Don't Let Up tente de prolonger la série en en rajoutant onze nouvelles.

L'album débute par deux morceaux tonitruants qui répondent à ce cahier des charges. Somehow Someway, comme les voitures de la pochette, démarre pied au plancher. Il rappelle les meilleurs rockers de Styx. Direct, incisif et intenable, il est en plus doté du meilleur moment "guitare" de ce Don't Let Up avec un solo de toute beauté. Running Out Of Time est tellement old school qu'il en devient presque kitsch. Mais, tel un plaisir coupable parfaitement huilé, les mélodies fonctionnent, transforment notre ciel gris en soleil californien et nous donnent une envie irrépressible de chanter. La partie instrumentale, un peu brouillonne, n'égale pas l'entrain de celle de Somehow Someway mais on tient avec Running Out Of Time un futur indéboulonnable des setlists du groupe.

L'intensité retombe brutalement dès la troisième piste, Truth, où tout tourne à vide, en particulier un refrain entendu des centaines de fois. Les arrangements ne valent guère mieux et semblent tout droit tirés d'une bande son de karaoké. Plus loin, Jamie ou la chanson éponyme versent dans les mêmes travers avec en prime des refrains irritants qui donneront du grain à moudre à tous ceux qui ne supportent pas l'AOR... Dans le genre irritant, We Can Work It Out est également un candidat de choix. Cette ballade commençait plutôt joliment jusqu'à ce qu'un refrain lourd et niais casse tout. En parlant de ballade, les couplets de Nothing Left Of Yesterday semblent égarés d'un album d'Angels And Airwaves. Heureusement, le morceau évolue en une sorte de rock grandiloquent à la My Chemical Romance. Assurément le morceau le plus "moderne" sur Don't Let Up mais qui ne convient pas complètement à l'image de Night Ranger.

Dans cet océan de mélasse, quelques pistes font illusion avec des riffs ou des rythmes assez pêchus (Day And Night, Say What You Want). Si le line-up n'a rien perdu de sa dextérité, on en attend davantage de son songwriting. Comfort Me s'éparpille mais trouve dans ce désordre une qualité prog' soutenue par l'excellente musicalité des cinq membres de Night Ranger. Malgré cela, rien n'émerge véritablement, passées les deux pépites en début d'album.

Night Ranger signe un album extrêmement inégal dont on retiendra une toute petite sélection de morceaux comme candidats à nos playlists. La triforce Blades / Keagy / Gillis a le mérite de ne pas vivre uniquement sur ses acquis bien que les sorties de sa zone de confort soient peu nombreuses. Seuls quelques éclairs de génie et une entente musicale exceptionnelle rappellent vraiment les jours de gloire des auteurs de Dawn Patrol.

Discographie : 

 

Tracklist de Don't Let Up :

 

Night Ranger – Don't Let Up

Frontiers

www.nightranger.com

Sur les forums