Power Trip - Nightmare Logic

Publié le 04/04/2017 par Nicolas Didier Barriac
Le Texas n'est pas connu que pour Beyoncé ou la famille Bush. A un niveau tout à fait comparable de notoriété, on trouve les metalleux de Power Trip ! Auteurs de leur second opus, Nightmare Logic, ils peaufinent un thrash sale et abrasif, paumé quelque part entre les premiers albums de Death et Exodus. Leurs débuts avec Manifest Decimination avaient déjà attisé la curiosité des connaisseurs. Son successeur va tenter d'agrandir leur cercle de fans, la qualité étant indéniablement au rendez-vous.

On vous parlait il y a peu de l'album d'Iron Reagan. On trouve beaucoup de similitudes ici. Pas forcément dans le son en lui-même mais plus dans la démarche qui rappelle forcément les origines mêmes du thrash. Bien sûr, Metallica, Anthrax ou Exodus ont depuis bâti des empires qui font oublier ce qu'ils représentaient à l'origine : des fournisseurs d'hymnes rebelles. Leur musique, d'une violence inédite à l'époque, était peut-être moins politiquement chargée que celle du punk anglais mais elle parlait tout autant à une génération en colère. Power Trip se nourrit complètement de ce sentiment et le transpose en 2017 où les raisons de s'énerver ne manquent pas.

D'une longueur tout à fait digeste (environ une demi-heure), Nightmare Logic ne se perd pas en route. Il bâtit sa force autour de mid tempo agressifs au feeling impressionnant. Les nuances ne sont pas le fort du groupe, toutefois la qualité des riffs et des colonnes vertébrales de chaque morceau font de l'écoute prolongée de l'album un vrai plaisir. Le son est sale mais en net progrès par rapport à Manifest Decimination. Il en préserve la philosophie générale mais améliore grandement le rendu des guitares et du chant, prouvant au passage qu'il est possible d'avoir un son old school sans nécessairement chercher à avoir la plus mauvaise production du monde.

Moment le plus hardcore du disque, Ruination, montre que Power Trip puise également ses inspirations du côté de groupes comme Vio-Lence. Il s'adapte extrêmement bien à ce registre plus speed et gagnerait sans doute à explorer ce côté de sa personnalité. En le poussant davantage encore, on imaginerait même le groupe parvenir à imiter un Slayer. C'est d'ailleurs légèrement le cas sur la dernière piste du disque, particulièrement enragée, Crucifixation. Les possibilités d'évolution sont nombreuses pour Power Trip et grâce au niveau musical de ses membres on peut même les imaginer partir sur une direction complètement différente, résolument moderne.

Pour l'heure, on se contentera d'un album à l'ancienne où tout le terrain est rempli d'aspérités. Nightmare Logic c'est l'état de ses vêtements après un show de Gwar, la propreté de sa cuvette pendant que toute sa famille à la gastro, une reproduction de peinture de Jackson Pollock réalisée avec de l'hémoglobine : bref ça tache, ça salit mais, plus important, ça groove. Executioner's Tax (Swing of the Axe) demeura l'exemple le plus représentatif de cette démarche où l'on devine même une certaine forme d'humour, bizarrement absente de l'univers Power Trip par ailleurs. La formation américaine gagnerait d'ailleurs à rajouter une couche de second degré dans sa mixture musicale, son sérieux et son application étant une des limites de Nightmare Logic où on aurait aimé entendre un peu plus de folie ou d'innovation. 

Discographie : 

 Tracklist de Nightmare Logic  :

(en gras les morceaux essentiels)

 

Power Trip – Nightmare Logic

Southern Lord

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