Il y a exactement deux ans, Vampire Weekend nous arrivait en provenance de New York avec un album OVNI. On trouvait sur ce disque éponyme des influences disparates allant de la world music au reggae en passant par l'afro-pop, le rock psychédélique et la pop kitch. Le résultat, magistral, fut un véritable raz-de-marée pour un groupe indépendant. A ce jour, l'album s'est presque écoulé à un million d'exemplaires à travers le monde. Autant dire que son successeur, Contra, était attendu, et pas seulement par une poignée d'étudiants preppy. D'ailleurs, pour rester dans des considérations purement commerciales, Contra est rentré directement en première position du Billboard 200, devenant à cette occasion le douzième album non signé sur une major à réaliser cet exploit. Cela valait bien un petit article histoire de prendre sa température, non ?

De prime abord, Contra apparaît comme un disque assez différent de Vampire Weekend. Il remue. Il vit. Il refuse de capitaliser uniquement sur les atouts exotiques entrevus sur le premier opus. Vocalement, Ezra Koenig tente davantage d'expérimentations et souvent pour le meilleur (« California English ») même si on pourra arguer que l'Auto Tune est devenu un gadget rebattu et indigne d'une formation talentueuse telle que Vampire Weekend. Le premier single, « Cousins », met quant à lui en avant une rythmique hystérique tant dans le chant que dans l'accompagnement. Cela a le mérite de dépayser mais surtout de faire regretter des tempi plus tranquilles et propices à l'exaltation d'un stade entier comme sur « Giving Up The Gun », bijou de rock trempé d'électro.

A ce propos, les influences électroniques prennent une grande part des nouveautés que l'on peut entendre sur Contra. Généralement bien digérées, elles parviennent à ne pas paraître hors sujet dans un mélange sonnant plus rétro que futuriste. Malgré tout, quelques idées incongrues ont du mal à passer. Le final, « I Think Ur A Contra », donne la triste impression d'avoir perdu quatre minutes de notre vie à écouter un ivrogne reprendre une chanson de Regina Spektor. « Diplomat's Son », vocalement très abouti, marie des samples de MIA et de Toots & The Maytals à de la musique de chambre pour un summum de bizarrerie et, avouons-le, d'ennui.

Tout le contraire de titres lumineux où plane l'esprit de Paul Simon. « White Sky » et « Taxi Cab », par exemple. Le premier mériterait de squatter les ondes hertziennes jusqu'à plus soif et le second symbolise toute la science d'écriture de ses géniteurs, tant dans les paroles que dans la musique. Son piano vagabond et agile restera gravé dans toutes les mémoires comme une bonne comptine. Ces deux morceaux, et surtout l'ouvreur « Horchata », représentent les meilleurs traits d'union entre Contra et les débuts de Vampire Weekend. Le reste cherche à diversifier le lot avec tout ce que cela comporte d'arty(ficiel). Il manque à la bande de Koenig dans son entreprise une once de réussite pour nous emmener avec eux dans chacune de leurs trouvailles. Espérons que le troisième album soit plus accommodant et engageant.

Line-up
Ezra Koenig (chant, guitare, piano)
Rostam Batmanglij (claviers, guitare)
Chris Baio (basse)
Christopher Tomson (batterie)

Tracklist de Contra (en gras les morceaux essentiels)
1. Horchata 3:26
2. White Sky 2:58
3. Holiday 2:18
4. California English 2:30
5. Taxi Cab 3:55
6. Run 3:52
7. Cousins 2:25
8. Giving Up the Gun 4:46
9. Diplomat's Son 6:01
10. I Think Ur a Contra 4:29

Discographie
Vampire Weekend (2008)
Contra (2010)

Vampire Weekend
Contra
XL Recordings
www.vampireweekend.com
Vampire Weekend, le victorieux outsider