Ma flèche pascale s'est passée exactement comme le dit le "Colonel" décidément il a beaucoup de connaissances très diversifiées. Le départ pour cette randonnée de 430 kilomètres s'est presque déroulé comme une sortie chronométrée. Mes quatre jeunes de 25 ans environ, sont partis comme des avions, je me suis calé dans leurs roues me demandant ce que je faisais avec ces jeunes costauds et super entraînés; Bourg-Trévoux ces 50 premiers kilomètres ont été durs et je commençais à me poser bien des questions, allais-je tenir avec ma faible expérience et mes moyens physiques (1,80m 65 kg) plutôt frêles à côté de ces jeunots hyper musclés, de vrais athlètes!
Puis, au fil des kilomètres çà allait mieux, le vieux de 44 ans semblait plus endurant, les jeunes calmés, prenaient ma roue et j'avais plaisir à escalader les cols à mon rythme et non à un rythme imposé. Partis à 17 heures, mes jeunes avaient retenu un repas au restaurant, repas cyclo constitué d'un énorme plat de pâtes que je me suis forcé à manger, soucieux des heures prochaines.
Puis repartir dans la nuit froide fut un moment pas facile. Les descentes étaient dangereuses car nos éclairages n'éclairaient pas suffisamment la route. Je grelottais, et n'avait pas une super tenue de route, sentant le guidon vibrer. Mais j'étais devant pour la seule raison que mes compagnons avaient des dynamos qui les freinaient, alors que j'avais un double éclairage à pile à l'avant, avec des piles de rechange, dans un petit sac à dos, que je n'ai pas eu à me servir!
Pareil, ce sac à dos chargé de pâtes de fruit, de biscuits genre figolu, de pâtes d'amande, bien que pas trop lourd, m'a gêné une partie de la nuit, j'avais l'impression de moins tenir la route dans les descentes. Puis on a pris une boisson chaude vers les 7 heures du matin. Je pensais dès 10 heures au repas de midi qui serait le bienvenu. Mais les jeunes considérant que nous étions en retard décidèrent de sauter le repas, moi qui salivait déjà...
C'est alors que mes aliments trop sucrés finirent par m'écoeurer, je les donnais alors à mes compagnons de route, et l'un d'eux me donna un gros morceau de pain avec un bon morceau de gruyère. Vous ne pouvez pas savoir à quel point je me suis régalé en mangeant traditionnel, et ce sandwich au gruyère a décuplé mes forces.
Nous étions toujours en retard et je pris la décision de rouler à fond sur le plat dans les environs de Bessèges, routes où se déroule la première course professionnelle chaque année.
A une vitesse variant entre 35 et 42 km/h, en file indienne, on a rattrapé une bonne partie de notre retard.
Les derniers kilomètres se terminaient par une longue et dure bosse, du moins pour les autres, car dans l'euphorie d'arriver enfin et de terminer dans les temps sans ennuis matériel ou physique, je ne sentais plus les pédales, ni la pente! Après cette randonnée préparée par l'un d'eux, qui avait recherché des petites routes tranquilles et pittoresques, on est lié par une amitié solide, conscients d'avoir réussi un petit exploit, après quelques souffrances dues au froid, à la nuit sombre masquant les ornières, aux moments de doutes que nous avons tous vécus.
Le départ était le samedi de Pâques à 17 heures, l'arrivée le dimanche vers 16h50. Le lendemain, lundi de Pâques on avait encore la force de visiter la région en suivant un parcours touristique de 100 kilomètres. Trois semaines après cette flèche j'ai ressenti une grosse fatigue due cette randonnée peu raisonnable avec ses 430 kilomètres et ses 14 cols!
Alors, si l'un d'entre vous est tenté par cette randonnée périlleuse, je l'invite à ne pas trop changer ses habitudes, ne pas entamer ses réserves par un entraînement excessif, bien dormir de bonnes nuits avant pour ne pas connaître les somnolences suite à quelques nuits blanches dues à une certaine appréhension.
Autre conseil très important, ne pas imposer à son estomac des aliments qu'il n'a pas l'habitude de digérer, mais au contraire se préparer des choses simples, genre sandwich au jambon et au gruyère, et quelques bananes qui sont très énergétiques!
On ne tire aucune gloire après cette flèche, on n'ose pas le dire au travail de peur d'être pris pour un "con", et puis ceux qui ne connaissent pas la passion du vélo auraient du mal à nous croire, on est juste récompensé et surpris par la découverte de notre corps que l'on ne croyait pas si endurant.