Lors des interviews que nous réalisons chaque mois pour Guitare Live, il y a des artistes avec qui nous passons un authentique bon moment et où les discussions restent loin des discours promotionnels. Ce fut le cas avec Danny Cavanagh d’Anathema. Celui qui a beaucoup changé dans sa vie de tous les jours depuis quelques années affiche une sérénité radieuse et parle avec bonheur de We’re Here Because We’re Here, la dernière production de la fratrie Cavanagh.

Même si c’est un exercice un peu vain, lorsque je compare les différents albums d’Anathema entre eux, je trouve que We’re Here Because We’re Here se fait remarquer par son son nettement plus positif que par le passé. Tu en es conscient ?
Daniel Cavanagh : Oui. Nos chansons ont toujours été honnêtes et reflètent nos sentiments du moment. Il se trouve que pour We’re Here Because We’re Here les compositeurs – et en l’occurrence moi – ont vécu de belles choses et c’est donc tout naturellement que la musique s’en trouve affectée. J’ai fait une psychanalyse et vécu quelques expériences spirituelles importantes. J’ai arrêté de boire et j’ai trouvé ma réponse à pas mal de questions existentielles. Je me remets de nombreuses années d’instabilité et de soucis. Je pense que c’est ce qui s’entend sur le disque.

Qu’est-ce qui a provoqué ce nouveau regard sur la vie en général ?
D. C. : Un très bon psy et le fait que je sois prêt. Je portais un fardeau pendant longtemps et recevoir des réponses m’a fait un bien fou. Les effets furent immédiatement positifs et même si par moments je retombe dans des angoisses ce n’est plus comparable à ce que je vivais avant. J’ai pris un tournant définitif vers un endroit meilleur.

Comment a réagi initialement le reste du groupe lorsque tu leur as fait entendre tes nouvelles idées ?

D. C. : Il n’y a pas eu trop de plaintes (rires) ! Ils ont eu besoin d’un moment pour bien comprendre ce que je voulais faire. Anathema est un groupe qui se fait confiance donc ils se doutaient que malgré la différence de son les chansons étaient de qualité.

As-tu du mal maintenant à jouer les anciens morceaux ?
D. C. : Non, ça va. Je ne pense plus trop à leur signification de toute façon. J’essaie de prendre de la distance avec des titres comme Lost Control. Cela ne m’empêche toutefois pas de les chanter avec conviction. Par contre, les chansons récentes me font davantage frissonner. Elles m’élèvent. J’utilise vraiment la musique comme une thérapie dorénavant (rires).

Seule ta propre musique a cet effet là où peux-tu également ressentir cela en écoutant d’autres artistes ?
D. C. : Sigur Ros. J’adore l’album Takk. C’est une grande influence pour moi et pour les chansons de We’re Here Because We’re Here.

C’est drôle que tu mentionnes Sigur Ros car pour beaucoup c’est une musique très triste…
D. C. : C’est vrai mais Takk n’est pas un album triste, je trouve. Il y a des passages qui sont très chargés en émotion et à la limite des larmes mais ce n’est pas nécessairement triste pour autant. L’album solo de Jonsi montre également que dans le fond c’est plutôt quelqu’un d’enjoué.



Sigur Ros et des groupes tels que Coldplay ou Radiohead font partie pour moi de ces formations mainstream qui arrivent à écrire des compositions à un autre niveau que celui auquel nous habitue la radio…
D. C. : Je suis complètement d’accord. Fix You, Clocks, Warning Sign ou Yellow de Coldplay sont quand même de sacrés morceaux ! Je ne trouve pas qu’il y a énormément de compositeurs de génie dans la scène actuelle mais il y en a quelques-uns – dont Chris Martin fait partie – et ils font du boulot supérieur au nôtre, clairement. Les meilleures chansons de Keane, Radiohead, U2, Bruce Springsteen, Green Day ou de Coldplay ont un petit truc en plus qui nous échappe. Pour autant, une majorité des autres groupes à succès ne nous est pas supérieure, à mon sens.

Le groupe va-t-il retourner en studio rapidement ? L’attente a été très longue pour We’re Here Because We’re Here…
D. C. : Je souhaite sortir un autre album très vite, en effet. Nous avons beaucoup de morceaux non utilisés des sessions de We’re Here Because We’re Here et même quelques nouveaux trucs en plus. Je dois avoir environ vingt chansons exploitables.

We’re Here Because We’re Here a eu de nombreux titres avant d’en arriver là. Comment avez-vous opéré votre choix final ?

D. C. : Tout simplement car c’était le seul nom que tout le monde aimait (rires). Il vient d’un chant de la première guerre mondiale. On était restés assez longtemps sur Everything mais finalement nous avons changé. Il n’y a pas de chanson éponyme sur l’album mais la phrase « We’re Here Because We’re Here » apparaît dans les paroles de deux titres et même un refrain !


Anathema – We’re Here Because We’re Here
Kscope
www.anathema.ws
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