Blackmore’s Night, troubadours du rock

Publié le 16/07/2006 par Nicolas Didier Barriac
Pour la première fois depuis que l’ex-guitariste de Rainbow et de Deep Purple a fondé son groupe de joyeux troubadours avec sa femme Candice Night, les anciens fans de Ritchie Blackmore vont pouvoir trouver un intérêt à un album de Blackmore’s Night. The Village Lanterne n’hésite pas à durcir le ton et à incorporer d’évidentes influences hard rock.

Guitare Live : A l’écoute de The Village Lanterne, je suis frappé par le son nettement plus ample et la production plus fine que sur n’importe lequel de vos anciens albums. Est-ce que pour vous aussi, cela représente l’évolution la plus importante ?

Richie Blackmore : Oui, c’est une progression naturelle. Généralement nous avions besoin de deux ou trois mois pour aboutir au produit final. Ce coup-ci, nous avons mis six mois. Nous étions bien dans notre studio et avons décidé consciemment de prendre notre temps. Du coup, je pense que la musique s’en ressent et que le tout sonne plus « produit ». D’habitude nous nous lâchions artistiquement alors qu’ici notre démarche était plus calculée. En règle générale, une chanson nous prend cinq minutes à écrire mais une semaine à enregistrer et à peaufiner.

Guitare Live : Ça fait un sacré décalage…

Richie Blackmore : Oui, mais quand on décide de publier une chanson sur un disque, on ne peut pas se permettre d’avoir de fausses notes ou des arrangements qui ne sonnent pas justes. Souvent j’entends la musique dans ma tête alors que Candice a les paroles clairement définies et pourtant nous savons tous les deux qu’il manque quelque chose, sans arriver à mettre le doigt dessus. Je peux passer des jours entiers à chercher la pierre manquante à l’édifice. Je peux par exemple essayer d’ajouter un cor à une chanson pour me rendre compte que ça ne fonctionne pas… et recommencer avec un trombone, un autre instrument ou même un orchestre entier jusqu’à obtenir ce qu’il faut pour le morceau. Il nous arrive aussi assez souvent d’essayer plein de choses complexes et d’arrangements spectaculaires pour en définitive opter pour la version où il n’y a que Candice et moi (rires).


Guitare Live :
Il vous serait donc certainement possible de publier plusieurs versions différentes de chacun de vos albums ?

Candice Night : De certaines chansons, en tout cas, oui. Quand nous composons une chanson, nous sommes généralement dans un château et nous utilisons toujours des instruments acoustiques. Cette première version est donc toujours très intime et il faut ensuite décider du chemin que nous voulons lui faire prendre. Faut-il rendre le morceau électrique ? Faut-il lui donner une grosse production ? Faut-il lui ajouter un orchestre ou des percussions ? Faut-il simplement se contenter de ce premier jet ? Il y a tellement de possibilités que parfois on se perd et on ne sait plus trop ce dont la chanson avait véritablement besoin en premier lieu. C’est un processus de travail très intéressant et stimulant. Nous sommes toujours curieux d’entendre le résultat final (rires).

 

 

Guitare Live : Candice, j’ai lu que les paroles de la chanson Windmills avaient été inspirées du livre Don Quichotte (de Cervantes). Est-ce que la littérature en général est une source d’inspiration importante pour les paroles de Blackmore’s Night ?

Candice Night : J’adore m’inspirer de mythes, de légendes et de contes pour les mélanger à d’autres choses commes des événements historiques ou le quotidien vécu par les gens de nos jours. De cette façon, malgré le fait que toutes ces légendes soient fortement ancrées dans le passé, les auditeurs pourront facilement connecter les paroles avec ce qu’ils vivent en 2006. Lors de nos voyages, j’essaie toujours de me documenter sur l’histoire et le folklore locaux car cela me fascine. Concernant Don Quichotte, j’avais d’abord vu le film puis lu le livre et enfin j’étais allé voir une pièce à Broadway (rires). On peut donc dire que le sujet m’intéresse ! Du coup Windmills est très certainement ma chanson préférée de The Village Lanterne. J’aime cette idée d’un homme qui se bat pour défendre ses convictions, pour la beauté des choses que les autres hommes ne voient plus. Dans le monde actuel, il très facile de se laisser abattre par la pression environnante. D’une certaine façon, nous essayons de faire exactement la même chose que Don Quichotte avec notre musique. Nous tentons de cerner la beauté, la magie et le mystère des choses qui nous entourent. Pour y arriver, il nous faut retrouver l’enfant qui sommeille en nous.

Pour en savoir plus

Le site de Blackmore’s night :
http://www.blackmoresnight.com/

Retrouvez l'intégralité de l'interview de Richie et Candice Blackmore dans le Guitare Live 19 :
http://www.guitare-live.com/magazine,numero,19.html