D'origine congolaise, Clem Mounkala joue une musique africaine ensoleillée et chaleureuse, qui puise abondamment dans le patrimoine de son pays natal. Lors de notre rencontre, avant cet été, il nous expliquait l'histoire de ses compositions aux rythmes dansants.

Guitariste : Ta musique vient du soleil, peux-tu préciser d'où ?

Clem Mounkala : En Afrique, le Nigéria et le Ghana font partie des pôles qui ont influencé la plupart des musiciens. Mais dans mon album "Bonakala Mavula" sorti l'an dernier, les compositions renvoient surtout au Congo. C'est le cas de "ndzebola danse", dont le nom vient d'un rythme connu dans ma région, et sur lequel dansaient nos grands-mères. Cette danse était très expressive, car le mot d'ordre était d'utiliser son bassin en montrant ce qu'on savait faire…

Guitariste : C'est une danse de séduction ?

Clem Mounkala : Non, pas à ce point. Sinon, un autre morceau appelé Zakala utilise une clave proche du ndzebola, qui s'appelle nzobi. J'adore ce rythme envoûtant. Je joue aussi le Sekele, dont le nom veut dire "secret". A l'origine, c'est un rythme et un style un peu marginal, que seuls certains guitaristes expérimentés maîtrisaient, car il est difficile à jouer. Et il s'est toujours transmis entre initiés, comme un secret. Aujourd'hui, il a dérivé aujourd'hui vers autre chose, de plus commercial. Je chante en kikongo, une langue du sud du Congo parlée aussi au Zaïre. Mais on peut trouver d'autres influences dans ma musique, notamment le jazz et la bossa-nova. J'ai beaucoup travaillé les bossas de Baden-Powell, et mon titre Chikama est une façon de lui rendre hommage.

Guitariste : Tu a joué souvent en France ?

Clem Mounkala : Juste quelques dates, au Mans, à Vendôme... L'enregistrement de mon album s'est fait à Paris, tardivement à cause de problèmes financiers. J'ai dû l'auto-produire puisque les maisons de disques ne s'intéressent plus qu'aux jeunes filles qui font la danse du ventre et dont les seins pointent…vers l'avenir (rires).

Guitariste : Comment composes-tu ?

Clem Mounkala : Je joue de la guitare classique et j'utilise sa technique pour réarranger des morceaux populaires ou des compositions personnelles. Toute ma musique est écrite. Au départ, je travaille en midi sur mon home-studio, à l'aide d'un ordinateur Atari. Je suis de l'ancienne école, car au moins c'est stable, ça ne plante pas.

Guitariste : Et par quoi commences-tu ?

Clem Mounkala : Lors de la composition, je crée la structure à partir de la guitare. Je ne cherche pas une ligne de basse précisément. Ma musique est très rythmique, et je préfère laisser un bassiste créer à partir de l'espace à sa disposition.

Guitariste : Et pour la batterie ?

Clem Mounkala : Là, pour moi le plus important est l'impulsion du charleston. C'est lui qui va donner la clave. La caisse claire n'a pas d'importance, j'indique surtout au batteur où placer des accents avec les toms. Le reste n'a pas d'importance. Avec les musiciens, on travaille beaucoup les décalages rythmiques, à partir de la même clave. Les accents bougent tout le temps, c'est d'ailleurs quelque chose que les anciens ont toujours fait en Afrique, sans forcément le savoir.

Guitariste : De quoi parlent tes textes ?

Clem Mounkala : Dans l'album "Bonakala Mavula", je parle de la vie au quotidien. Lorsque j'étais jeune, comme beaucoup d'autres enfants, j'allais parfois m'acheter des cornets d'arachides. Aujourd'hui, la vie est devenue si chère qu'on arrive à peine à s'acheter un peu de manioc. On peine à trouver quoi que ce soit pour se nourrir. Je passe par mes souvenirs pour raconter que la vie n'est pas toujours facile.

Clem Mounkala