Digne fils de son père, Dweezil Zappa nous a accordé quelques minutes pour nous parler de son ambitieux projet : Zappa Plays Zappa. Une bonne occasion pour voir si le talent est génétique...

Peux-tu revenir sur la naissance du projet Zappa Plays Zappa qui a notamment impliqué des artistes ayant collaboré avec Frank Zappa lui-même comme Terry Bozzio ou Steve Vai ?
Dweezil Zappa : Déjà je tiens à dire que j’ai toujours été un fan de la musique de mon père. Mais être fan de la musique ne suffit pour aller la jouer en concert (rires). J’ai passé énormément de temps à étudier sa musique et à faire des recherches approfondies en tout genre. Cela m’a pris deux ans et je pense que mon jeu à la guitare a été altéré durant ce processus. A ce stade, je n’avais même pas encore mis de groupe sur pied car il fallait que de mon côté je sois sûr d’être capable de jouer la musique de façon propre et fidèle aux versions originales. Je voulais aussi que les gens sentent le respect que j’avais pour cette musique.

C’est donc à la base quelque chose d’assez « égoïste » ?
Dweezil Zappa : J’ai rapidement réalisé en me lançant dans le projet que par son biais des gens allaient pouvoir découvrir la musique de Frank en live pour la première fois. Pour certains ce serait même son univers tout entier qui allait s’entrouvrir. J’avais donc cette envie d’élargir le public existant de mon père. Il était composé de gens de plus de cinquante ans pour la grande majorité. Disons que ce ne sont pas exactement les gens que tu cherches à attirer lorsque tu veux élargir ton public (rires). Evidemment le but principal était de satisfaire les gens qui ont eu l’habitude de voir Frank sur scène et qui connaissent sa musique par cœur mais il ne fallait pas perdre de vue que le projet devait aussi plaire à une nouvelle génération de « non-initiés ». Je définis Zappa Plays Zappa comme le catalyseur de la musique de Frank. Nous jouons la musique de la manière dont elle a été écrite et nous n’essayons pas de la moderniser ou l’adapter à notre sauce. Idéalement, j’aimerais que les gens aillent à nos concerts et achètent un CD de Frank Zappa puis se disent « tiens, c’est vraiment comme ce que j’ai entendu sur scène » (rires).

Ce sont des cas de figure que tu rencontres souvent ?
Dweezil Zappa : Oui car le cadre du live peut être une véritable révélation pour le spectateur. Là, je ne parle pas que de nous. Parfois un concert peut donner une meilleure impression qu’un disque et vice-versa. Personnellement, je trouve que la musique de Frank est très bonne dans les deux cas…

Tu tiens un blog durant les tournées de Zappa Plays Zappa et tu sembles souvent étonné que le public rajeunisse énormément et surtout par leurs réactions envers la musique… Tu peux développer ?
Dweezil Zappa : Ce ne sont pas tant les réactions qui me surprennent – car elles sont toujours plus ou moins identiques partout et ne varient pas en fonction des tranches d’âge – mais plutôt le ratio jeunes / vieux fans. Je ne veux vexer personne mais lorsqu’il y a plus de vieux fans, une grosse partie du boulot est déjà faite. Nous sommes un petit projet qui ne bénéficie pas de beaucoup de promotion de la part des médias et notre principal moyen de faire parler de nous est le bouche-à-oreille après les concerts. Cela tombe bien en un sens car je crois que tout le monde s’accorde à dire que nous avons travaillé énormément pour présenter ce spectacle. La technique des différents musiciens est très élevée. Dans certains endroits nous avions presque 50% de jeunes, notamment en Australie. J’ai ressenti une énergie particulière à leur contact, différente de celle du gars de cinquante ans qui préfère ne pas être embêté par quelqu’un qui saute partout (rires). Ça fait tout de même bizarre de voir des gens de vingt ans qui headbanguent et font de l’air guitar sur du Frank Zappa ! Mais que veux-tu ? C’est la nouvelle génération !

A quoi peut-on s’attendre au niveau du contenu musical et est-ce que chaque show est différent lors des diverses dates de la tournée ?
Dweezil Zappa : Lors de notre première tournée nous jouions des setlists nettement plus similaires car nous n’avions pas eu énormément de temps pour apprendre les chansons. Nous avions une manne de trente titres et nous pouvions jouer trois heures tous les soirs. Suivant les morceaux choisis, le concert comportait donc entre dix-sept et vingt-deux titres. Aujourd’hui notre manne contient plus de soixante chansons supplémentaires – une centaine au total – ce qui fait que nous changeons radicalement le programme tous les soirs tout en préservant quelques moments clés. Nous sommes très impatients dans tous les cas de venir à l’Olympia. Cet endroit est mythique et j’ai hâte de passer un bon moment avec vous !


Zappa Plays Zappa
Le 18 mai à l’Olympia

Dweezil Zappa play Frank Zappa