Glenn Hughes : « Black Country Communion ne va pas s'arrêter »

Publié le 19/03/2013 par Nicolas Didier Barriac
En un peu plus de deux ans, Black Country Communion, le plus grand supergroupe blues rock du moment, a sorti trois disques studio et deux albums live. Glenn Hughes, tête forte du quartette où il côtoie Joe Bonamassa, Derek Sherinian et Jason Bonham, était de passage à Paris pour évoquer « Afterglow » et partager avec nous ses pensées en toute liberté... Visiblement entraîné par sa précédente interview, il commence à parler tout seul.
Glenn Hughes : Je n'avais pas réalisé à quel point Afterglow était bon avant de l'avoir terminé. Je savais que les chansons étaient de bonne facture, mais je ne savais pas trop comment nous allions sonner en tant que groupe. Les compositions sont un brin plus personnelles et dramatiques que sur l'album précédent. J'évoque quelques thèmes intéressants dans les textes et ils contribuent à la tension que l'on peut ressentir dans la musique. Peu d'hommes chantent à propos des problèmes qu'ils rencontrent avec leur femme (rires).

C'est une histoire fictive, peut-être (rires) ?
G. H. : Non, c'est plutôt réel. Sur « The Circle », je me plains auprès de ma femme que nous n'ayons pas eu d'enfants ensemble. Je me suis demandé si je n'étais pas fou lorsque j'ai écrit ça. Est-ce que je pouvais réellement chanter un truc aussi personnel ? La réponse est oui ! Je suis un mec sensible et je chante des trucs de ce style car les sorcières, les gobelins et les géants, ce n'est pas mon genre.

Tu as eu plus de temps pour préparer Afterglow que les autres disques. Cela t'a-t-il aidé ?
G. H. : J'ai eu plus de temps que nécessaire. En fait, à l'origine, Afterglow devait être un de mes albums solo. Kevin (Shirley, le producteur, ndlr) m'a persuadé d'attendre un peu et de garder les chansons que j'avais pour Black Country Communion. 90% de mes fans sont des rockeurs mais 10% sont plus intéressés par mon côté soul/funk/black. J'ai une mauvaise nouvelle pour ces derniers : je ne suis pas prêt de revenir à ça ! J'ai fait des albums cultes pour les fans de R 'n' B pendant 20 ans, mais c'était plus pour me prouver quelque chose à moi-même. Je suis blanc, pas noir. J'ai joué avec Stevie Wonder et 50 musiciens noirs récemment. Ils jouent « noir », ils parlent « noir », ils pensent « noir » car ils sont noirs ! Moi je suis blanc et je ne peux pas jouer dans la même cour. J'ai mis du temps à le comprendre. Je blague à moitié mais il y a un vrai fond... J'ai connu la gloire dans un groupe de rock, donc je dois me livrer à 100% dans le rock.

Ce n'est que le troisième album de Black Country Communion. Est-ce que tu te sens dans un groupe « jeune » ?
G. H. : Oui. Ce groupe est incroyablement bon sur scène. Si j'étais dans un groupe tête d'affiche avec Black Country Communion en première partie, je ne voudrais tout simplement pas jouer ! Nous avons joué quelques festivals où nous n'étions pas la tête d'affiche, et les têtes d'affiche avaient souvent peur d'aller sur scène après nous. Nous avions déjà mis le public à terre. C'est dans mes veines !

Afterglow se différencie légèrement de ces deux prédécesseurs. C'est une nouvelle direction pour vous ?
G. H. : Je ne sais pas où nous allons. Je ne me répète pas quand je compose des trucs. Black Country Communion a semble-t-il trouvé un son. Je n'ai jamais voulu que nous sonnions trop comme Led Zep ou Deep Purple. C'est bizarre que nous y soyons arrivés maintenant car nous ne nous étions pas vus pendant près d'une année entière, entre septembre 2011 et juin 2012 ! Et nous ne nous reverrons pas jusqu'à ce que nous donnions quelques shows. Je ne sais pas quand ça sera... C'est bizarre de te dire que nous sommes un bon groupe, car nous ne sommes pas vraiment un groupe (rires). Je devrais te mentir et te dire que nous passons du temps ensemble et que nous dînons ensemble. Mais Glenn Hughes ne ment pas ! Le management de Black Country Communion a super peur de ce que je peux me mettre à raconter dans des journées promotionnelles comme aujourd'hui. Ils savent que je suis aussi excentrique que controversé. Ce n'est pas forcément une mauvaise chose. En tout cas, jamais je ne mentirai à un journaliste. La semaine dernière j'expliquais à l’un d’eux que si je ne joue pas, alors je ne suis pas heureux, comme un joueur de foot qui reste réserviste. Immédiatement, Internet pense que Black Country Communion va s'arrêter. Ce n'est pas le cas.

Tu peux toujours jouer avec d'autres gars en attendant...
G. H. : Exactement ! C'est ce que je vais faire. Regarde Mike Portnoy. Il est dans quatre groupes à la fois. J'ai mis sur pied un autre groupe qui reste secret pour l'instant. Ça va juste être énorme en 2013. C'est un groupe hyper pro. Les gars sont d'ex-gagnants de Grammys et sont hyper populaires. Si Black Country Communion ne joue pas suffisamment en live, j'aurai cet autre projet pour me satisfaire.

J'ai comme l'impression que ce projet ne sera pas ancré dans la soul (rires)...
G. H. : C'est juste. Ce sera du rock mais nettement plus mainstream. Ça m'excite énormément. Mais je dois encore être le capitaine du navire Black Country Communion. Je mets mon nez dans pas mal de choses relatives à Black Country Communion mais cela ne semble pas déranger les trois autres membres. Maintenant, j'ai vraiment besoin d'avoir une validation en interne des dates de tournée. Le monde nous attend et je ne peux rien faire. C'est hyper énervant.

Au moment de la formation de Black Country Communion, est-ce que tu t'attendais à ce que le groupe ait un si gros impact musical et commercial ?
G. H. : Non. Je pensais effectivement que nous allions montrer de belles choses mais pas dans cette mesure. Nous sommes tous des virtuoses donc les attentes étaient forcément élevées. Mais quand le premier album a provoqué de si bonnes réactions et s'est classé numéro un en Angleterre, j'ai pris la confiance nécessaire pour continuer à écrire dans ce style de musique.

Il y a tant de supergroupes rassemblés artificiellement qui disparaissent après un seul album, faute d'avoir trouvé un public... Pourtant, Black Country Communion, depuis le premier morceau du premier album, est là pour de vrai. Ça se sent.
G. H. : Exactement. Par la suite, la difficulté était de ne pas réécrire la même chose. C'était un gros morceau pour nous, annonciateur de la déferlante qui se tramait.

« Song of Yesterday » par Black Country Communion en live


Black Country Communion - Afterglow
Provogue
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