Si certains « vieux » groupes ralentissent fortement le rythme de sorties de nouveaux albums plus ils approchent de la retraite, ce n'est certainement pas le cas de Helloween, toujours aussi productif. 7 Sinners, annoncé dans notre dernier entretien avec le groupe, voit donc le jour et renoue, après l'interlude acoustico-expérimental, avec les vraies sonorités des Allemands. Andi Deris, le chanteur, et Sascha Gerstner, le partenaire à la guitare de Michael Weikath, nous livrent quelques impressions à chaud sur leur nouvelle offrande.

7 Sinners est le treizième véritable album de Helloween. Etes-vous superstitieux ?
Andi Deris
: Non, pas du tout. C'est amusant mais on nous pose assez souvent cette question en ce moment ! J'ai l'impression que beaucoup de journalistes ont compté et les albums et se sont dit que le chiffre magique était apparu (rires)!

En plus il y a également treize chansons ! Vous le faites exprès ou quoi (rires) ?!
A. D. : Aucune arrière pensée de notre part, je t'assure !

Toujours est-il que vous avez utilisé le chiffre divin « 7 » pour contrebalancer tout ça. En plus c'est un chiffre qui vous a plutôt bien réussi par le passé...
A. D. : Tu sais quoi ? Le « 7 » s'est également retrouvé là complètement par hasard (rires). En effet, la mythologie autour des sept pêcheurs existait déjà avant nous ! Mais c'est vrai que ça s'imbrique plutôt bien dans notre historique plein de « 7 » ! Ce coup-ci le diable a envoyé sept pêcheurs sur Terre pour faire le mal en son nom. Ca ressemble un peu aux Seigneur des Anneaux dit comme ça, non ?

Il y a énormément de références bibliques chez Tolkien. Tu n'avais jamais remarqué ?
A. D. : Si. Mais je me fais la réflexion maintenant. En tout cas, c'est marrant mais d'un continent à l'autre les pêchés capitaux ne sont pas les mêmes. En Europe, le premier pêché est le meurtre. En Chine, c'est ne pas respecter la volonté de l'Empereur. Ne vient qu'ensuite le meurtre (rires). Au Japon, le sixième ou le septième pêché est la perte de son honneur. En Europe, on s'en fout de l'honneur (rires) ! Enfin, tout ça nous a inspirés pour le disque. Je me souviens que Weiki avait quatre démos qu'il a partagées avec moi. Deux se sont d'ailleurs retrouvées sur l'album au final. Il m'a fait écouter les démos sur iPhone et il y avait un artwork générique avec une étoile à sept pics. J'ai trouvé que c'était plutôt cool. Du coup, Weiki et moi avons commencé à chercher des trucs sur Internet et nous avons découvert l'histoire des sept pêcheurs. Nous avons décidé de prendre appui là dessus pour bâtir l'album. Nous avions le titre – 7 Sinners – ainsi que quelques chansons. Il fallait alors écrire quelques textes en rapport avec ce concept ce qui n'a pas été trop problématique tant il incorpore énormément de choses !

Votre précédent disque Unarmed comportait beaucoup de guitares acoustiques. 7 Sinners est quant à lui rempli de guitares électriques et le son global est très heavy. Sascha, as-tu, en tant que guitariste, une préférence pour l'un ou l'autre instrument ?
Sascha Gerstner : Je ne suis pas très à l'aise avec une guitare acoustique. Je peux jouer de manière « pop » mais c'est tout et cela se prêtait bien au style de Unarmed. Je jouais pas mal de pop avant de rejoindre Helloween et je me spécialisais dans les fills vaguement flamenco et hispanisants. Mais globalement je suis assez mauvais dans tout ce qui est folk. Je suis 100% rock donc je suis nettement plus à l'aise sur un disque comme 7 Sinners. Par contre j'écoute beaucoup de styles de musique. Je suis sans doute le mec le plus ouvert musicalement de Helloween. Je jouais dans des groupes de reprises de merdes qui passaient à la radio. J'aime bien les singer-songwriters avec une guitare acoustique. Mais dans mon expression musicale, je privilégie la guitare électrique.

Une caractéristique intéressante de Helloween – même avant que vous ne rejoignez, chacun à votre tour, le groupe – est que tout le monde ou presque contribue à au moins une des compositions d'un album. Sur 7 Sinners, à l'exception de votre batteur Dani Löble, c'est d'ailleurs le cas...
A. D. : (me coupant) C'est souvent une question de présentation. Certains groupes ne présentent pas forcément comme nous le ou les principaux compositeurs d'un morceau. Nous avons toujours eu ce mode de fonctionnement et les choses sont très claires. Néanmoins le reste du groupe contribue toujours aux chansons des autres et ce même s'il n'est pas mentionné. Je fais toujours de mon mieux vocalement sur les titres des autres gars et je ne pense pas mériter d'être crédité juste par ce que j'ai trouvé une bonne ligne vocale. De la même manière j'attends que Sascha et Weiki fassent de leur mieux avec leur guitare
sur mes chansons car ce sont eux les spécialistes de cet instrument !

Sur une des chansons de l'album, Who is Mr. Madman?, vous faites la suite d'une célèbre chanson d'Helloween, Perfect Gentleman. Comment est-ce que cette idée vous est venue ?
A. D. : C'est une chanson de Sascha et l'idée est venue un jour dans notre tourbus alors que nous nous mettions une bonne cuite ! Nous nous sommes demandés ce que le Perfect Gentleman serait devenu aujourd'hui. Notre conclusion a été sans appel : il serait sans doute pensionnaire d'un asile en train de se droguer et de ba iser les infirmières (rires). Les paroles sont drôles car c'est du pur rock 'n' roll !

Andi, lorsque Perfect Gentleman est sorti en 1994 : est-ce que tu pensais vraiment que ça allait devenir un classique de Helloween ?
A. D. : Je me rappelle qu'en 1993 j'avais fait écouter ce morceau à mon précédent groupe, Pink Cream 69, et il « ne voulait pas jouer cette merde primitive ». Moi c'était un de mes morceaux préférés. Je m'en fous que ça soit une chanson « primitive ». Qu'est-ce que ça veut dire de toute façon ? En tant que fan, quelques-unes de mes chansons préférés sont hyper simples  musicalement parlant... J'étais donc content d'avoir trouvé un groupe où ce titre était accepté. Pour autant, je ne m'attendais pas à son succès aussi immense. S. G. : Avec Helloween, rien ne peut jamais être considéré comme bizarre. C'est ce que j'adore dans ce groupe. Si j'étais uniquement fan et pas membre du groupe je pense que c'est ce que je retiendrais d'eux : cette faculté à toucher à tout et à tout assumer. Andi a vraiment aidé en cela en rejoignant le groupe.

Ton arrivée dans Helloween est plus récente que celle d'Andi. Sens-tu une évolution du groupe ou dans ton jeu de guitare depuis 2001 ?
S. G. : Mon jeu n'a pas trop changé car j'ai déjà trouvé mon style. Je ne vois pas comme un guitar hero. Je sais jouer les mêmes arpèges que tous les meilleurs mais je ne suis pas un vantard. J'aime les compositions, les bonnes chansons et pas forcément de faire des trucs délirants avec la guitare. A quinze ans je jouais à peu près de la même façon qu'aujourd'hui car j'avais déjà trouvé ma voie. J'étais déjà un requin de studio à dix-sept ans et mes qualités de l'époque étaient dans mon expression musicale et non pas parce que je jouais super vite. Jouer deux fois plus vite qu'Yngwie Malmsteen ne vous fera pas aller très loin...


Helloween – 7 Sinners
Columbia
www.helloween.org
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