Jose de Castro est le guitariste de scène et studio le plus en vu à l’heure actuelle en Espagne. Endorsé par la prestigieuse marque Suhr, il a sorti un album instrumental classé au niveau des plus grands sur Guitar9. Le point sur son parcours avec un aperçu de son album «Conversation» avec un titre dispo en écoute...

Vous avez peut être déjà entendu parler de Jose de Castro ? Ce guitariste madrilène sort son 3ème album rock/fusion instrumental, à couper le souffle... Ce virtuose espagnol ne laisse pas indifférent, qu’il s’agisse de faire les premières parties de Scott Henderson en terre ibérique ou d’enchaîner les tournées pour accompagner les artistes les plus en vue en Espagne. Bilan : plus de 150 concerts par an ! Endorsé par la prestigieuse marque «Suhr» depuis quelques mois, cette étoile montante de la guitare sait s’entourer du meilleur à en croire les guests sur ses albums : Simon Phillips (Toto, Jeff Beck...), Melvin Lee Davis (Eric Marienthal...) et bien d’autres. Jose, aka Jopi, offre aux lecteurs de Guitare Live et Guitariste.com un titre entier issu de son dernier opus, intitulé «For you».

Guitare Live :Ton troisième album instrumental «Conversation» est en 2ème position du classement de Guitar9, bien au chaud entre John Petrucci et Andy Timmons. On dirait que le public l’a plutôt bien accueilli ?

Jose de Castro : Il a été numéro 1 pendant 5 semaines (rires) ! Effectivement, je suis très content des répercussions de «Conversation» auprès du public mais aussi auprès de la presse spécialisée. C’est quelque part l’aboutissement de longs mois de travail de composition, d’enregistrements, de mixage avec pour finir un mastering aux Etats-Unis. Le travail s’est aussi déroulé avec des invités «à distance» tels que le bassiste Melvin Lee Davis. J’espère que le mouvement va se poursuivre.

Guitare Live : As-tu eu le temps d’en faire une promotion active ?

Jose de Castro : Pas vraiment car j’ai enchaîné plusieurs tournées après sa sortie.

Guitare Live : Il y a quand même eu quelques dates avec Scott Henderson à Madrid notamment ? Comment vit-on le fait de jouer en première partie d’un tel artiste ?

Jose de Castro : Incroyable. Jamais j’aurais pu rêver d’une pareil chance. Maintenant, c’est fait. Je suis un fan authentique de Scott et considère ce genre d’opportunité comme unique. Ce mec a un tel touché, ça ne peut te laisser insensible.

Guitare Live : Le fait que Scott soit lui aussi endorsé Suhr a facilité les choses ?

Jose de Castro : Non, il s’agit juste du hasard. Je connaissais bien l’organisateur de la tournée qui m’a demandé si je connaissais un certain Scott Henderson et si je souhaitais faire sa première partie, tu imagines...

Guitare Live : Comment s’est déroulé ton endorsement avec John Suhr, qui t’équipe pour les guitares et les amplis «Custom Audio» ?

Jose de Castro : Le distributeur de la marque en Espagne a fait remonter mes albums à leur équipe aux US. Ils ont accroché tout de suite et m’ont proposé de m’endorser. Le matériel est absolument incroyable, d’une grande qualité et j’ai donc un son qui me convient parfaitement. Côté guitares, j’utilise donc 2 modèles Suhr : le Suhr classic avec 3 micros simples et le Suhr Standard avec 2 humbuckers. Je joue aussi avec une guitare customisée d’un luthier de Valence (AFJ custom guitars), qui n’est autre qu’un des distributeurs officiels de Suhr en Espagne. Et au niveau ampli, j’utilise le modèle Custom Audio OD-100SE et OD100 classic.

Guitare Live : Tu as d’autres engagements avec d’autres marques ?

Jose de Castro : Sur ce point, j’ai un principe très clair, à savoir, utiliser uniquement les marques que j’aime. Pendant plusieurs années, j’étais lié avec la marque Engl qui fait du bon matériel. Je continue d’ailleurs à l’utiliser via mes relations avec le distributeur HVC qui distribue Engl en Espagne et les amplis Diezel. J’ai donc une tête Diezel de 50W de la gamme Einstein qui me convient parfaitement pour les master-class, club de petite taille... etc.

Guitare Live : Tu m’as expliqué que tes projets en solo n’étaient pas forcément suffisants pour vivre sur le plan financier, et qu’ils étaient possibles parce que tu as un rôle guitariste de session aux côtés d’artistes en vue en Espagne. On t’a vu notamment accompagné des vedettes issus des opérations TV «Operación triunfo» (NDLR : équivalent de Star academy en France). Peux-tu nous parler de cette partie de ton travail ?

Jose de Castro : Quand j’avais 23 ans, je jouais avec une artiste espagnole de variété qui s’appelle Malú qui est la nièce de Paco de Lucía. Tout à commencé à partir de là, je passais d’un groupe à l’autre, en faisant tout un tas de remplacement. Puis de fil en aiguille, je suis entré dans un réseau de producteurs d’artistes qui m’ont progressivement ouvert leurs portes. A partir de là, le téléphone sonne et je me mets au travail. Tiens là, par exemple, lundi prochain je joue avec «Chenoa» (NDLR : une des gagnantes de Operación triunfo).

Guitare Live :
En accompagnant ce type d’artistes, tu prendras j’imagine un certain plaisir à jouer devant un public de masse...

Jose de Castro : C’est clair. Cette année, avec Melendi (NDLR : artiste fusion n°1 des ventes en Espagne - plus d’1 million d’albums vendus), il est arrivé qu’on joue devant un public de plus de 50000 personnes. Aussi, d’un point de vue économique, il faut reconnaître qu’il s’agit d’un travail bien mieux payé que tout ce qu’on peut faire à côté. Grâce à ça, je peux me payer le luxe de financer mes projets musicaux. Je travaille aussi beaucoup pour la publicité. Il s’agit d’un travail très complet et ça m’apporte beaucoup à titre personnel car il faut être en alerte permanente, très concentré et attentif à chaque détail. Très souvent, en studio, tu as une heure pour pondre ta partie guitare et tu dois savoir exactement quoi placer. En conséquence, mon rôle de guitariste de session apporte beaucoup à mes projets en solo.

Guitare Live : Quel est donc le quotidien de Jose de Castro ? Une journée-type ?

Jose de Castro : Pour commencer, presque la moitié de l’année, je suis sur les routes avec plus de 150 concerts par an... Sinon, une journée-type serait de quelques heures de guitare, ensuite enregistrement ou répétition. Quand j’ai un jour de libre, je le dédie intégralement à étudier et à composer. Au final, j’ai toujours la guitare dans les mains.

Guitare Live : Pour en revenir à ton projet solo, n’as-tu pas l’impression que le rock instrumental te fait prendre une voie avec peu d’issues ?

Jose de Castro : Une voie très compliquée en effet. Aujourd’hui, il n’y a pas d’industrie qui vend ce type de musique à part le label de Steve Vai «Favored nation». Je ne sais pas si tu as remarqué mais sur ce label, il n’y a que des gens déjà connus et ce sont toujours les mêmes... Il n’y a pas vraiment d’opportunités pour de nouveaux guitaristes à quelques exceptions près. Il faut aussi avouer que ce type de musique intéresse assez peu de monde. S’il y avait des managers autour de cette musique, on tournerait clairement beaucoup plus car le manager vit des concerts de ses artistes. Côté festivals, il n’existe pas grand chose non plus autour de cette musique. Ceux qui jouent du jazz ont au moins de multiples possibilités de se produire étant donné le grand nombre de festivals jazz au niveau mondial. Idem pour la musique traditionnelle, celte... Nous sommes clairement en aparté.

Guitare Live : Parlons influences de ton jeu...

Jose de Castro : J’ai commencé la guitare à 10 ans. Les influences sont nombreuses. J’ai commencé surtout en écoutant Mark Knopfler avec Dire Straits. A ce propos, sur mon dernier album, il y a un titre qui s’intitule M.K., il s’agit d’un hommage que je fais à Mark Knopfler. A part Dire Straits, il y a eu bien évidemment ensuite Pink Floyd, Supertramp... Ensuite, sont entrés dans ma vie les guitaristes des années 80... Le déclic a été Joe Satriani. Les premières fois où je l’ai écouté, ça m’a bouleversé car je n’arrivais pas à comprendre ce qu’il jouait. Pourtant, quand j’écoutais Malmsteen, je n’arrivais bien sûr pas à le jouer avec cette vitesse mais au moins, je comprenais ce qu’il faisait. Satriani a été pour moi quelque chose d’assez énorme. Vai est arrivé ensuite mais ça restait pour moi du Satriani avec son propre touché si particulier que j’adore, puis Van Halen, idem. Puis progressivement, je me suis intéressé à d’autres guitaristes tels que Paul Gilbert et Andy Timmons que je vénère... Ritchie Kotzen... Ensuite, je me suis intéressé à d’autres guitaristes tels que Jimi Hendrix, Stevie Ray Vaughan et actuellement, ce type de guitariste me fascine beaucoup plus que la scène shred. Pour n’oublier personne, il y a aussi tous les guitaristes fusion Greg How, Frank Gambale, et un guitariste que j’adore, à savoir Mike Landau... Et bien sûr Scott Henderson. Avec ce dernier, on a le sentiment d’écouter du Jeff Beck, Jimi Hendrix, SRV et le propre style de Scott Henderson bien sûr... Fabuleux...

Guitare Live : Pourrais-tu nous recommander trois disques d’anthologie ?

Jose de Castro : Impossible... Il y en a trop. A la rigueur, d’un point de vue guitariste, je dirais le premier album de Dire Straits (qui s’intitule Dire Straits) ensuite «Surfing with the alien» de Satriani puis le fabuleux «Tore down house» de Scott Henderson. Bref, il y en a bien plus...

Guitare Live : J’ai téléchargé tes deux premiers disques sur emule, tu m’en veux ?

Jose de Castro : «Muy mal ... Muy mal...» (rires). Dans le fond, tu sais, même si cela nous pénalise clairement au niveau des ventes, cette diffusion de notre musique nous aide pas mal pour nous faire connaître. Pour quelqu’un comme moi qui n’a pas de maison de disque, je comprends aussi que l’accès à notre musique n’est toujours aisée. Par exemple, en France, mes albums ne peuvent pas s’acheter dans un magasin physique, en Italie, il doit y avoir 1 magasin, aux Etats-Unis 5 ou 6, au Japon 2 je crois... Si un jour je viens jouer dans un club en France et qu’il y a du monde lors de mes concerts qui a découvert ma musique via du p2p et bien, j’en serais heureux même si il est clair que je ne fais pas la promotion ce type de support car je vis de ma musique. Très souvent, les gens utilisent le p2p pour télécharger des discographies entières d’un artiste, écoutent le premier disque et ne vont pas plus loin. Cette consommation massive parce que tout est gratuit est clairement n’importe quoi car un artiste, il faut l’écouter dans le temps, voir sa progression, c’est ça qui est important. Si tu écoutes la discographie de Pink Floyd en 1 journée, tu ne la comprendras pas, c’est impossible d’assimiler la musique de cette façon.

Guitare Live : Quels sont tes projets pour les trois prochains mois ?

Jose de Castro : Tout d’abord, terminer la tournée avec Melendi en septembre. En octobre, on poursuit sur l’enregistrement son album puis j’enregistre deux albums pour deux autres nouveaux artistes signés chez EMI. En novembre, j’enchaîne la tournée de promotion de l’album de Melendi. En décembre, je me dédie enfin à mon projet perso avec 5 dates prévues pour l’instant. En janvier, je vais au NAMM de Los Angeles pour représenter la marque Suhr. C’est quelque chose d’assez énorme pour moi, un rêve de gosse. Et enfin en février, j’enregistre mon album Live.
 

Pour en savoir plus

Le site web de Jose de Castro :
http://www.josedecastro.net/

 

 

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