Avec une petite centaine de millions d’albums vendus durant sa carrière, le moins que l’on puisse dire est que Journey compte parmi les groupes historiques. Mais, bien loin de raccrocher ses guitares et ses claviers, la formation américaine continue à proposer de nouveaux disques malgré sa récente inaptitude à pourvoir durablement le poste de chanteur. Avec Arnel Pineda, toutefois, Neal Schon et Jonathan Cain semblent avoir trouvé la perle rare. Au moment de sortir leur quatorzième album, Eclipse, nous avons donné la parole à l’énergique batteur Deen Castronovo plus content que jamais du rôle qu’il joue au sein du quintette…

Une éclipse est un moment spécial qui se produit une fois de temps en temps… Est-ce que c’est le cas de cet album, un moment unique dans votre carrière ?
Deen Castronovo : C’est marrant comme remarque ! Neal a trouvé le titre du disque. Il voulait que le disque « éclipse » tout le reste de notre carrière. Il voulait surtout que le disque vive par lui-même et que les gens comprennent que nous sonnons différemment aujourd’hui que par le passé bien que nous fassions encore attention à respecter notre héritage. Nous en sommes super fiers !

Ce n’est pas pour casser ton enthousiasme, mais n’est-ce pas l’état d’esprit dans lequel vous êtes pour chaque nouvel album ?!
D. C. : Oui ! A chaque album nous essayons de suivre une nouvelle voie. Nous ne voulons pas nous reposer sur nos lauriers et nous souhaitons à tout prix aller de l’avant. C’est ce qui est génial à propos de Journey. A chaque album, à chaque tournée, chaque année, nous essayons de grandir. Je crois sincèrement que Eclipse est une bonne représentation de ce que nous sommes aujourd’hui.

Journey dans l’inconscient collectif n’est pas un groupe qui se renouvelle énormément ou en tout cas dont on n’attend pas beaucoup de renouveau… Quels exemples sur Eclipse mettrais-tu en avant pour nous prouver le contraire ?
D. C. : Je trouve que le disque a plus de mordant que d’habitude. C’est sans doute dû à la présence accrue des guitares. C’est un disque assez orchestral aussi. Au lieu de nous contenter de faire des chansons pop de trois minutes nous avons été plus libres. Neal a de toute manière toujours aimé se laisser de la liberté dans ce qu’il écrit. Et puis quand il rencontre Jonathan c’est la magie à l’état pur. Ils nous poussent à jouer de manière inédite. Pour être franc, je considère que je joue avec deux des meilleurs compositeurs de toute une génération. Ils sont géniaux et c’est très appréciable de ne jamais se contenter de morceaux de types de ceux qui nous ont connaître le groupe et de ne pas avoir peur d’aller vers des contrées inconnues. Nos fans sont supers à cet égard car quoique nous fassions, nos fans nous respectent.

A titre personnel, tu as collaboré avec énormément de musiciens et de compositeurs de grand talent. En quoi Jonathan et Neal sont-ils différents des monstres sacrés que tu as côtoyés ?
D. C. : Neal et Jonathan sont à l’écoute du public. Neal a toujours aimé écrire pour plaire aux hard rockeurs. Jonathan aime plaire aux amateurs de ballades. Les deux ensemble c’est l’éclate totale ! Un type comme Marty Friedman est un pur shreddeur, un des meilleurs guitaristes de la planète ! Il écrit des trucs super heavy. Ozzy Osbourne est une putain de légende doté également de son propre style dark et heavy. Journey est un peu tout ça à la fois : on peut être dark tout en ayant un message positif. J’ai pu jouer avec Steve Vai, Ozzy ou Zakk Wylde mais je n’ai jamais eu le sentiment fraternel que je ressens avec Neal. C’est comme si nous étions Eddie et Alex Van Halen (rires) ! Je trouve qu’il est extrêmement sous -estimé comme guitariste. Son niveau est hallucinant. Il sait absolument tout faire et ne crâne jamais. Il peut tenir une note avec passion pendant une heure. Son supplément d’âme fait toute la différence.

De plus, Arnel Pineda, votre chanteur dont Eclipse est le second album, pimente le tout avec sa pêche…

D. C. : Oui ! Il a écrit des trucs pour le disque. Neal savait qu’il était capable de bien composer mais là il nous a tous éblouis. Il sait super bien chanter et il compose aussi ! Moi je suis un batteur, je cogne des trucs donc je n’écris pas (rires) ! Mais en tant que musicien, je peux apprécier le talent des autres. Je travaille avec la crème de la crème !

Tu ne soumets jamais aucune idée de composition aux gars de Journey ?
D. C. : Je préfère ne pas ma mouiller (rires) ! Jonathan, Neal et maintenant Arnel assurent : ils n’ont pas besoin de moi ! Ce n’est pas mon truc. J’essaie simplement de mettre en valeur du mieux que je peux leurs idées.

Et en dehors de Journey, tu écris ?
D. C. : Pas trop. J’ai un groupe avec Craig Montoya, l’ex-bassiste d’Everclear, qui s’appelle Candles At Nine et propose de la musique plutôt musclée à la Stone Sour. Mais là non plus je n’écris pas ou très peu. Je compose mal. Je joue super mal de la guitare. Je suis incapable de jouer de la basse. Heureusement, j’arrive à peu près à chanter comme Steve Perry. Tu sais même si j’arrivais à écrire une chanson, je pense qu’elle serait tellement bateau que j’aurais honte de la faire écouter à qui que ce soit (rires) ! Ca serait comme faire goûter un cake que l’on vient de faire au meilleur pâtissier du monde (rires)…

Et quant à ton jeu de batterie : est-ce que tu te remets souvent en question ?
D. C. : Le truc que j’ai appris au bout de toutes ces années : faire ce que le producteur te dit de faire. Autrement on perd trop de temps. Je suis tout à fait capable d’écrire mes propres parties mais si Kevin Shirley me dit qu’il ne sent pas ce que je joue, je change mon approche en fonction de ce qu’il me dit. Ca le rend heureux, ça rend le groupe heureux et les ça rend les comptables heureux (rires) !


Journey - Eclipse
Frontiers
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Journey éclipse sa discographie