Kai Hansen et Unisonic

Publié le 15/05/2012 par Nicolas Didier Barriac
Le retour de Michael Kiske et de Kai Hansen au sein d’un même groupe a longtemps été un des rêves les plus exprimés par les amateurs de heavy allemand. Avec Unisonic, les voilà exhaussés ! Et de fort belle manière. Le guitariste de Gamma Ray, arrivé dans un second temps dans le projet, aurait presque du mal à y croire lui-même. En dépit de sa satisfaction, il ne compte pas s’arrêter à ce coup d’essai et pense déjà au second album. Comme au bon vieux temps !
Une certaine forme de nostalgie était-elle dans ton esprit au moment de créer cet album d’Unisonic ?
Kai Hansen : Oui, c’est inévitable mais cela n’a pas guidé la manière dont nous avons composé. Nous n’avons pas évité les chansons qui sonnaient comme par le passé mais nous n’avons pas non plus forcé la démarche pour obtenir coûte que coûte ce genre de morceaux. Nous avons écrit en espérant faire quelque chose de cool vis-à-vis des attentes actuelles. C’est un « album-pont » entre le passé et le futur. Si l’on écoute les deux albums Keeper Of The Seven Keys, ils sont en fait assez différents l’un de l’autre. Donc Unisonic : c’est nous mais c’est un peu différent aussi (rires).

Tu n’étais pas là lorsque Michael a commencé à mettre en place Unisonic. Comment t’es-tu retrouvé impliqué ?

K. H. : La tournée d’Avantasia a tout déclenché. J’avais entendu que Michael avait le désir d’aller sur scène avec son groupe. Sur notre tournée pour Avantasia, j’étais super content d’être avec lui car ça faisait une éternité qu’il n’avait pas été sur scène ! Nous avons senti qu’il restait un peu de magie entre nous. Et le public semblait adorer de nous voir ensemble. Nous restons connectés quoiqu’il arrive. Nous avons alors eu envie de faire un disque ensemble. Plutôt que de monter un projet ou de le faire rejoindre Gamma Ray, il m’a proposé de faire partie de Unisonic. Passés les détails organisationnels et l’approbation du reste du groupe, j’étais là !

Michael et toi n’avez jamais été brouillés, non ? Vous êtes restés bons amis depuis les années 80…
K. H. : Exact. Même si parfois nous ne nous donnions pas de nouvelles pendant une année entière, nous savions ce que l’autre faisait.

Tu as déjà été impliqué dans un side project, avec Iron Savior. C’était à ce moment-là une des plus créatives périodes de Gamma Ray, sinon LA plus. Tu sens-tu à nouveau dans une période créative exceptionnelle ?
K. H. : Cela permet de se concentrer sur des objectifs précis. Avec Unisonic, mes penchants hard rock sont totalement satisfaits. Le prochain Gamma Ray sera donc forcément plus focalisé sur l’aspect metal et/ou progressif. Et c’est toujours bon de mesurer ses idées face à d’autres musiciens. Je suis sûr que je vais être très inspiré pour le nouveau Gamma Ray, comme un voyageur qui a été loin de chez lui pendant quelque temps !

Unisonic est certes porté sur le hard rock comme le groupe l’avait annoncé au départ, mais finalement il y a pas mal de morceaux heavy et agressifs…

K. H. : C’est dû à mes contributions. Je ne peux pas m’en empêcher (rires). Mais je pense que ça fait du bien au groupe. Quand je suis arrivé, rien n’était clair quant à la direction artistique que prendrait Unisonic. Tout était très ouvert. Pour moi, les chansons manquaient d’un peu d’énergie. Michael l’a très bien accepté et est très content du résultat. Il est en paix avec le heavy metal maintenant (rires). Je ne pensais pas qu’il reviendrait au metal un jour…

Il vient presque toujours un temps où les artistes reviennent à leurs racines… Parfois ça prend pas mal de temps…
K. H. : Je comprends sa démarche en tout cas. Il arrive qu’on fasse tellement les mêmes choses inlassablement qu’on n’a qu’une hâte : ne plus les faire ! Rob Halford ou Bruce Dickinson sont de bons exemples. Ils sont partis du monde du heavy pour y revenir plus fort encore. Ils ont toujours été honnêtes ce faisant.

Il y a aussi des gens qui ne quittent jamais leurs racines comme… et bien, toi !
K. H. : Tout à fait ! Je ne me suis jamais écarté de ma ligne artistique car je n’en ai jamais eu l’envie. J’ai toujours pu expérimenter comme je le souhaitais dans ma propre musique ce qui est très bien. AC/DC ou Status Quo peuvent également témoigner que rester dans sa propre filière tout le temps peut fonctionner (rires). Tout le monde est différent et peut avoir des besoins différents.

Tu n’as jamais non plus pris de réels breaks dans ta carrière. A quoi est-ce dû ?
K. H. : C’est vrai. Il y a toujours quelques mois de flottement entre les albums et cela me suffit. Je suis musicien professionnel, je n’ai donc rien d’autre à faire que composer, enregistrer des albums et aller en tournée. Rester chez soi à ne rien faire ça va un temps mais j’ai toujours rapidement envie de retourner m’occuper de ma musique.

Entre Helloween, Gamme Ray, Iron Savior et Unisonic, tu as un vingtaine d’albums studio dans ton escarcelle. Ca devient plus difficile avec le temps de composer de la nouvelle musique ?
K. H. : Ca dépend des périodes. Parfois ça fuse de tous les côtés et parfois il faut lutter pour trouver quelque chose. Le plus difficile est toujours de rentrer dedans et de commencer ! Après un album, on est vidé donc il faut trouver les ressources pour se remotiver et se remettre dans le coup ! Les périodes créatives peuvent arriver n'importe quand et alors tout peut aller très vite et facilement. Et dans ce cas, on n'a qu'une hâte : sortir les chansons au plus vite pour que tout le monde les entende !

Lorsque tu es dans une période « où tout va très vite et facilement », tu écris généralement les titres complexes ou les chansons les plus directes ?
K. H. : Ca dépend. Parfois un titre progressif avec plein de parties imbriquées peut s'écrire de manière plus rapide et aisée qu'un morceau très simple d'apparence.

Tu as écrit par mal de morceaux directs tout le long de ta carrière. Beaucoup sont devenus des hymnes. Parmi tous ces classiques, quel est selon toi le plus essentiel ou celui dont tu es le plus satisfait des années après son écriture ?
K. H. : Des chansons comme Time To Break Free ou I Want Out voire Future World ou Heaven Or Hell. Et puis le dernier Unisonic où tout semblait se concorder à merveille. L'idée de base – le riff et le pont – vient de Mandy. Il y avait même de l'orgue à la Deep Purple au début. J'ai apporté le chant et le refrain que j'avais en tête par ailleurs. Nous avons fusionné nos deux idées pour aboutir à ce morceau très réussi. J'en suis très content. Mais l'intérêt du groupe est que par ailleurs nous avons des chansons plus « progressives » comme No One Ever Sees Me, écrite par Michael, et qui me fait vibrer à chaque fois. Il y a une grande variété sur ce disque. Je pense que notre second album sera plus focalisé sur l'un ou l'autre aspect de notre univers musical.

Unisonic - Unisonic
EAR Music
www.unisonic.de