Entre ses penchants death, pop et électro, le Suédois Peter Tägtgren est difficile à suivre. Il semble en tout cas accorder davantage d'importance que par le passé à Pain depuis quelques années et ses ambitions se concrétisent sur You Only Live Twice où tous les ingrédients de ce side project devenu groupe répondent à l'appel.

Tu es un artiste qui compte pas mal de projets. Lorsque tu choisis de bosser sur un projet plutôt qu'un autre j'imagine qu'il y a une bonne raison... Dans quel état d'esprit étais-tu lorsque tu t'es lancé dans You Only Live Twice ?
Peter Tägtgren : J'ai commencé à bosser dessus immédiatement après Cynic Paradise. We Want More a été la première chanson écrite pour le disque et il me semble qu'elle était déjà prête avant que Cynic Paradise soit dans les bacs ! Parfois, je bosse comme ça : lorsque j'ai plein d'idées, je ne m'arrête pas. J'ai continué à composer tout en faisant les trucs avec Hypocrisy. Et puis un jour, lorsque j'ai mis suffisamment d'idées de côté, je rentre en studio et j'enregistre le tout. Je trouve que You Only Live Twice est un peu plus heavy que Cynic Paradise. C'est sûrement parce que j'ai tout écrit à la guitare ce coup-ci. Par le passé j'utilisais au moins autant les claviers. Au début, Pain était presque un groupe de techno mais mon son était tellement mauvais que j'ai rapidement utilisé des couches de guitares (rires).

C'est le septième album de Pain. Il y a eu pas mal de changements de style. Est-il plus facile ou plus difficile maintenant d'écrire une chanson de Pain ?
P. T. : Plus difficile. Musicalement, c'est assez simple mais les paroles et les lignes de chant prennent pas mal de temps. C'est moins inné chez moi. Il faut non seulement que les chansons aient une signification mais également que les mélodies soient accrocheuses...

Quelle a été la première chanson de Pain où tu t'es dit qu'il fallait poursuivre dans cette voie, où tu avais vraiment trouvé la vocation de ce projet ?
P. T. : Sûrement End Of The Line. Je me suis dit que je touchais au but. Aujourd'hui le son paraît nul mais à l'époque je n'arrivais pas à faire mieux. A partir de ce titre je n'ai fait que m'améliorer en tant que musicien, producteur et compositeur. D'ailleurs, je continuerai dans la musique tant que je considère que mes albums s'améliorent.

Pain a commencé comme un projet de producteur et...

P. T. : (me coupant) Exactement ! J'avais besoin d'un groupe qui me sorte du death/black metal. Je ne voulais pas me perdre là-dedans. Au moment de me lancer dans Pain j'avais l'impression d'avoir prouvé ce que je valais en death/black. Il me fallait inventer mon propre groupe pour trouver un exutoire.

Pain est-il encore aujourd'hui un projet de producteur à tes yeux ?
P. T. : Non, depuis quatre ou cinq ans, l'aspect « groupe » prend le pas. Nous avons un line-up assez stable pour les concerts et de plus en plus de shows prévus. Les fans peuvent enfin s'identifier à d'autres musiciens que moi dans le groupe depuis que des gens comme David à la batterie reviennent année après année à mes côtés. Les membres du groupe n'ont pas d'autres n’en ont pas d’autres à côté comme Immortal ou Marduk ce qui avait posé des problèmes avant pour assurer des concerts.

Vous avez fait une vidéo pour la chanson Dirty Woman et les commentaires sur la page YouTube sont assez violents parfois notamment ceux qui pensent que la chanson est pompée sur Rammstein et surtout Slipknot...
P. T. : Le riff n'a rien à voir ! Le groove est similaire, ok, mais ça pourrait très bien être une chanson d'AC/DC ou n'importe quel autre groupe ! Je me demande quel genre de drogues les mecs qui écrivent ça ont pris. On nous compare aussi souvent à Black Sabbath sur ce titre et pourtant ça n'y ressemble pas du tout... Il n'y a que la façon dont je dis le titre de la chanson qui puisse faire penser à un autre groupe... Mais ça me fait plaisir d'avoir ce genre de réactions car c'était l'effet voulu. Si je n'avais pas voulu de réactions, j'aurais choisi de faire la vidéo sur The Great Prentender par exemple. Il y a aussi pas mal de gens qui se plaignent parce que nous détruisons la batterie dans le clip... Ça coûte du fric de faire une vidéo, les mecs ! Cette batterie vaut 300€... Ça fait partie d'un coût de production et ça ne doit pas être pris comme une insulte envers les gens qui n'ont pas de quoi s'acheter une batterie.

Pain est un groupe très visuel. En tout cas nettement plus que tes autres projets. Est-ce que tu as parfois en tête le fait d'adapter le titre dont tu composes les paroles pour un clip ? Est-ce que cela guide parfois tes choix musicaux ?
P. T. : Pas trop. C'est juste que Pain est un groupe visuel mais cela n'arrive qu'en temps deux généralement. Je me demande toujours quel titre serait le mieux à utiliser en clip en fonction d'idées créatives. C'est d'ailleurs en partie ce qui s'est passé pour Dirty Woman.

Aimerais-tu réaliser toi-même des clips ?

P. T. : (il réfléchit) Non, je ne suis pas bon pour ce genre de conneries (rires) ! Je préfère dire ce que j'ai en tête à un réalisateur et je croise les doigts pour qu'il me comprenne.

Que penses-tu d'un type comme Rob Zombie qui combine assez astucieusement ses différentes influences visuelles et musicales ?

P. T. : Il est cool. Il a un super job (rires) ! Maintenant il est limite plus connu en tant que réalisateur qu'en tant que musicien... J'ai vu son film Halloween, le remake. C'est très saignant (rires). Notre batteur adore ce genre de trucs. C'est d'ailleurs pour cela qu'il affiche le masque de Friday The 13th sur son kit de batterie.

Tu aimes les films d'horreur ?
P. T. : Quand j'étais plus jeune. Maintenant ça me fait plutôt rire et pas peur. J'aime les films mais plutôt les films d'action ou de comédie. Les trucs de science fiction ça me gonfle alors qu'avant je cherchais tout le temps à en voir. Je n'ai même pas encore eu l'occasion d'aller voir un film en 3D ! Quand j'étais petit, on regardait de la 3D à la télévision en mettant les lunettes bleues et rouges (rires).

Pain - You Only Live Twice

Nuclear Blast
www.painworldwide.com 
Pain règle ses comptes