Pascal Mono, souvenez-vous, c’est le gratteux et chanteur pop/rock, aux incontournables lunettes, de la Star Academy. On se demande parfois s’il y a une vie après ce genre de show, et si les artistes passés à la moulinette médiatique arrivent à garder une authenticité. Lui répond oui, puisqu’il sort un album intitulé «Intact».

Guitare Live :
Ton album s'intitule "INTACT", pour quelles raisons ?

Pascal Mono : Ce titre s’est imposé à moi. C’est une façon de donner des nouvelles en un mot. Un musicien aime que les mots « sonnent », celui-là sonne comme « impact », j’aime bien.

Guitare Live : De quand datent ces compos, qu'est-ce qui te les a inspirées ?

Pascal Mono : La date de création, oublie…Il y a sur cet album des chansons écrites au studio dans l’urgence totale et des titres que je porte depuis six ou sept ans. Un mélange de choses vécues et de fantasmes, de réflexions et de réactions en chaîne, d’observation surtout, d’intérieur-extérieur, je fais toujours cet aller-retour, attention aux courants d’air !

Guitare Live : Comment qualifierais-tu cet album sur le plan musical ?

Pascal Mono : Rock Français si on veut. Mais j’aime pas parce que Rock et Français, c’est presque anti-nomique. Il a fallu attendre l’an 2000 pour commencer à en avoir du bon en France, mis à part les sacro-saints Telephone-Trust-Noir Désir. Et puis ça fait référence à tout un tas de choses qu’on connaît déjà. Alors « chanson française à l’anglaise », ou à l’américaine comme tu veux… De toute façon, les guitares sont omni présentes, ça t’étonne ? (Rires)

Guitare Live : Avec qui l'as-tu enregistré ?

Pascal Mono : C’était aux studios ICP à Bruxelles avec Djoum et Antoine Essertier pour le son et la réalisation ; Mathieu Imberti et moi-même pour les guitares, Nicolas Fiszman et Dominique Grimaldi pour les basses, enfin Geoff Dugmore pour les batteries. C’est fou comme ce mec peut te donner la pêche en studio ! C’est un Ecossais qui a bossé pas mal avec Paul Mc Cartney. Il est actuellement sur la tournée de Johnny Hallyday. J’adore ce mec, il est bourré d’énergie !

Guitare Live : Cela fait 15 ans que tu composes. Choisir douze 12 morceaux n'a pas dû être simple, comment as-tu fait ?

Pascal Mono : Dans l’urgence avec guitare et voix sauf pour « Je me Casse » et « En Somme », dont les maquettes sonnaient déjà bien. Elles se sont imposées, comme ça. Pour le reste, je jouais les chansons et je laissais Antoine me dire « ok celle-là, non pas celle-là… » sans discuter. La base d’un travail bien fait, c’est la confiance. Avec « Tonio », tu peux. Il a amené quatre titres superbes sur lesquels j’ai pu mettre ma patte. On a travaillé en totale collaboration, en immersion pendant quatre semaines. Quand la maison de disque nous a présenté, on se connaissait déjà depuis dix ans ! Pour« Sur Mon Cœur », j’adorais la maquette mais je galérais sur le texte ; j’ai pu recontacter Jean Fauque (Bashung) avec qui j’avais travaillé quand j’étais chez Sony. Il m’a fait la gentillesse d’accepter et on a tout écrit par mails interposés ! Je suis revenu l’enregistrer après le concert du « Forest National » à deux heures du mat’. Une histoire de fou, cette chanson. Globalement, le choix des chansons s’est fait selon l’équilibre que nous recherchions entre la part d’ombre et le reste. Je ne voulais pas de chanson qui rappelle une autre, pas de « Face B », mais créer la surprise…

Guitare Live : Pourquoi une pochette noire pour ce premier opus ?

Pascal Mono : Equilibré mais un peu sombre. Le Rock, c’est une super gonzesse super bien habillée. Ca te fait quoi quand tu vois du rock en rose bonbon ? La même chose que quand tu vois deux super nanas ; l’une habillée en noire et l’autre en rose ! (Rires) En fait, quand le graphiste nous a proposé tous les projets, c’était comme pour le titre : cette pochette s’est imposée.

Guitare Live : C’est ton frère (ndr : qui a réalisé entre autres l'affiche du film "Arsène Lupin") qui est le créateur de cette pochette et du livret. Feras-tu encore appel à ses talents pour tes futurs albums ?

Pascal Mono : Oui, il fait tout un tas d’affiches pour le cinéma et en général, c’est de très bon goût. Il se trouve que c’est mon frère et qu’il était avec moi dans la salle de bain quand j’enregistrais en cachette mes premières chansons sur le poste des parents. On était minots. Ensuite, il s’est lancé dans des études de graphisme, il faisait mes premières affiches. Belle histoire…

Guitare Live : Parlons un peu de ton passé. Quand as-tu eu le déclic pour la musique ? Sur quelle guitare as-tu commencé, avec quels morceaux ?

Pascal Mono : Y a pas eu de déclic particulier. J’ai été imbibé de musique depuis le ventre de ma mère où mon père s’amusait à coller les enceintes…pour du Mozart ! Véridique ! Il est mélomane et pianiste, c’est lui qui m’a ouvert les oreilles. Un jour est arrivé dans leur discothèque l’album « Let It Be » des Beatles, je n’avais jamais entendu de son électrique ! Ce fut un choc magnifique, j’avais dix ans. On peut dire que ce fut le déclic mais en fait, tout fait déclic quand t’es môme. Le Rock est né pour ça : déclencher.

Guitare Live : Quelles ont été tes premières influences ?

Pascal Mono : Police pour la voix, Pink Floyd pour la guitare, puis très vite tous ces groupes anglo-saxons géniaux comme Led Zeppelin, Deep Purple d’un côté et les Stooges ou le Velvet Underground de l’autre, ça joue moins bien mais ça a vraiment de la gueule.

Guitare Live : Qu'écoutes-tu en ce moment ?

Pascal Mono : Radiohead, Archive, Massive Attack, Nusrat Fateh Ali Khan…Pas mal de trucs en fait, ça dépend de l’humeur. Il pleut ? Un coup de blues et je ré-ré-ré-ré-écoute « Melody Nelson », le chef-d’œuvre de Serge Gainsbourg. Ca m’emmène ailleurs. Finalement, j’écoute pas mal de français mais, à part quelques exceptions, j’aurais mis le temps. Je pense aussi que nous, chanteurs et rockers non anglo-saxons, nous avons mis le temps pour nous décomplexer et sortir du bon son. Avec le rap on a découvert autrement notre langue, on s’est rendu compte que le français, ça pouvait sonner grave ! Avec des mecs comme Shuriken , on voit qu’il y a encore de vrais poètes. Je fantasme sur une rencontre à la Aerosmith-Run DMC !

Guitare Live : Tu as plusieurs guitares, lesquelles ?

Pascal Mono : Une Gibson Les Paul Custom de 71
Une Fender Strato Anniversary de 74
Une Fender Telecaster américaine réédition 56
Une double-manche des frères Jaccobacci , micros Benedetti, une merveille !
Une Mike Sabre type Strato.
Un lap steel des années 50 de marque Supro
Une Guild électro-accoustique
Une Epiphone électro-acoustique
Une Ibanez éléctro-acoustique
Une Ibanez acoustique, ma première folk…
J’ai commencé sur une vieille classique que j’ai décrochée du mur chez mon oncle. Il fallait recoller le chevalet toutes les semaines !

Guitare Live :

Les sonorités de certaines guitares ont-elles été plus adaptées que d'autres pour cet album ? Qu'as-tu utilisé ?

Pascal Mono : Beaucoup de Telecaster et de lap steel. Les studios ICP ont un département guitares impressionnant, et on s’est amusé à essayer pas mal de trucs, mais on s’en est tenu à une acoustique Gibson Jumbo et une Gibson Explorer « Zack Wylde ». Enfin, la superbe Gretsch quart de caisse de Mathieu Imberti.

Guitare Live : Tu as des effets favoris ?

Pascal Mono : La wha-wha, le delay, le trémolo sont mes effets préférés. Il y a un vieux delay à bandes chez Roland qui tue. Malheureusement on ne le trouve plus. J’utilise un trémolo Dunlop et deux wha-wha (Crybaby et Morley)

Guitare Live : Dans le clip de ton premier titre "mon époque", réalisé par Nicolas Salis, tu joues sur une guitare en aluminium, a-t-elle des particularités ?

Pascal Mono : Cette guitare est unique. C’est un ami luthier qui les fait. Ca commence à marcher pour lui ; Pete Townsend lui en a commandé une ! Elle a la particularité de tenir des sustains d’enfer et d’être incassable.

Guitare Live : Après avoir fait les premières parties de Massive Attack , Stéphane Eicher, puis cet été Bénabar, tu entameras ta propre tournée cet hiver, peux-tu nous en dire un peu plus, quelle sera ta formation ?

Pascal Mono : Pour Bénabar cet été, c’était en acoustique, un bon vieux guitare-voix, y a rien de tel pour voir si tes chansons tiennent la route. Avec Massive Attack , c’était aussi en guitare-voix mais ce n’était pas avec mes chansons. De superbes expériences qui m’ont prouvé qu’on n’a pas toujours besoin d’une artillerie lourde pour donner le frisson. Il y aura donc des concerts avec basse-batterie et deux guitaristes, plus moi de temps en temps. Je préfère lâcher l’instrument et me reposer sur le groupe, ça permet plus de choses. Il y aura aussi sûrement des dates en acoustique. Là, je serai seul avec ma gratte et une bonne vieille grosse caisse pour l’impact du tempo sur le public.

Guitare Live : Tu as vécu sur Paris, en Belgique, joué souvent en Angleterre, fait une tournée européenne… Pourquoi vivre à Nice ces dernières années ? Un attachement particulier ?

Pascal Mono : Nice est la ville où j’ai grandi. A la naissance de mon fils, j’y suis revenu pour qu’il connaisse le soleil, la mer et le regard sur l’horizon. Même si aujourd’hui, l’horizon c’est à nouveau Paris.

Guitare Live : Après plus de 10 ans de scène, comment as-tu appréhendé les plateaux télé ?

Pascal Mono : Comme des scènes avec les caméras en plus. Ce qui n’est pas une petite affaire, surtout avec un banc de profs qui te notent. Pression...

Guitare Live : Concrètement, qu'est ce que la Star ac' t'a apporté, personnellement et professionnellement ? Est-ce que le résultat est comme tu l'imaginais ?

Pascal Mono : Une chose importante quand tu te lances dans une aventure : ne pas t’imaginer le résultat. Rester humble. Même si concrètement, j’ai fait des duos avec Carlos Santana, Paul Anka, Raphaël, Johnny Hallyday, Liza Minelli ! Chanté « Sunday Bloody Sunday » et « Creep » sur TF1 devant des millions de gens et enfin, signé pour 5 albums chez Mercury. Maintenant, « Intact » est dans les bacs. Sur un plan personnel, j’ai appris à fermer ma gueule quand je sais que ce que je vais dire ne va rien changer, à être un peu plus tolérant. Je me suis dépassé dans cette expérience où j’aurais dormi en moyenne trois heures par nuit et confirmé une certitude : on est là pour transformer la souffrance. Le plomb en or comme diraient les alchimistes…

Guitare Live : Est-ce que c'était difficile d'imposer ton esprit rock dans une émission qui n'était pas habituée à ce style ?

Pascal Mono : Je n’ai rien imposé. De façon générale, exiger, imposer, c’est pas ma came. Je propose, tu disposes. Je crois que l’émission avait besoin de se renouveler un peu…Un doyen de 37 balais (c’est moi !) (Rires) Un peu de rock et aussi des personnalités plus atypiques. Je me suis adapté en restant soft.

Guitare Live : Des projets médiatiques pour les mois à venir ?

Pascal Mono : On m’a invité sur le prime. C’est le 29 septembre, je crois. Y a pas mal de choses en prévision.

Guitare Live : Tu as fait des études de philo, y-a-t-il une citation philosophique qui te caractériserait, ou qui te touche ?

Pascal Mono : Il y en a tellement. « Nul n’arrive au paradis les yeux secs », de Thomas Adam. Ou « sans musique, la vie serait une erreur », Frederich Nietzsche.

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