Yvan Guillevic avait déjà reçu nos faveurs il y a deux ans. La bonne surprise de « We Live We Die » est donc plutôt une confirmation. Avec son rock/metal progressif et très stimulant d'un point de vue guitare, le Breton nous livre de nouvelles compositions de très bonne facture. Et comme le gaillard est plutôt intéressant, nous avons eu envie de lui tendre à nouveau le micro...

Avant de parler de We Live We Die, revenons sur le premier opus. Nous nous étions parlés à sa sortie. Que s'est-il passé depuis et comment juges-tu les réactions de la presse et du public ?
Yvan Guillevic : J'ai écrit et composé End Of The World durant l'été 2010. J'avais une envie assez « urgente » de faire un projet qui regrouperait presque toutes mes premières influences que sont le hard rock des '70s et '80s et le rock prog' de Pink Floyd ou encore Marillion. J'ai demandé à l'équipe d'Empty Spaces du tribute Pink Floyd que j'ai monté en 2006 si elle voulait être de l'aventure. Ils ont suivi avec enthousiasme. On a été super content de l'accueil sur ce disque, que ce soit par la presse ou sur scène, notamment avec ce premier concert à Quiberon en été 2011 où 2 000 personnes sont venues nous voir. On était rassuré sur la légitimité de PYG et donc on continue !

En 2013, PYG arrive avec We Live We Die, une galette qui passe à la vitesse supérieure à tous les niveaux. Est-ce également comme ça que tu la vois ?
Y. G. : Oui. Disons que sur le premier, tout est fait rapidement, de l'écriture à la production sans trop de recul, juste avec l'envie de « faire ». On a eu raison de le faire comme ça car ça permet d'éviter l'étape du doute, qui peut te bloquer parfois. En gros, pour schématiser, on fait le truc, on voit ce que ça donne, on va sur scène et ensuite on réfléchit. Avec ce deuxième album, on avait donc le retour et le ressenti des gens et de la presse et on a senti que ce serait bien de gagner un peu en puissance au niveau du son des guitares et de faire des titres plus « bruts ». J'ai eu envie de renforcer l'aspect « duo » entre Nelly et Morgan. J'ai la chance d'avoir deux super chanteurs, autant en profiter !

Le line-up contient sept musiciens et il y a quatre invités sur le disque (il y aurait pu d'ailleurs y en avoir un de plus !). Cela ne devient-il pas trop difficile d'accorder tout ce monde autour de la vision que tu portes ?
Y. G. : Non, car je sais où je vais quand je propose mes titres aux autres. Je sais ce que je veux entendre et j'ai écrit pour eux car je les connais très bien. Je sais où ils seront au top. Nous sommes sept musiciens, c'est vrai que c'est beaucoup mais, sur scène, je ne veux pas qu'il y ait des parties samplées. Ce genre d'artifice m'embête. Dans l'électro, c'est sympa, mais nous faisons du rock. Quand j'invite Pat O'May, je sais qu'il sera super pour le titre « The Dog Who Wants To Play » car je trouve que son jeu est complémentaire au mien et qu'il amènera son côté « celtique classieux ». Pareil pour Jorris Guilbaud (Shadyon), que je connais pour avoir un peu joué avec lui. Je savais qu'il ferait un super boulot sur « Song of the Werewolf ». Je ne connaissais pas Clotilde mais elle est une référence en harpe celtique, donc j'avais peu de chance de me tromper. Alain est un pote qui m'avait dit que je pouvais compter sur lui pour une voix « death ». Je lui ai fait confiance et il a fait le boulot. Je suis très content de mes invités !

PYG - We Live We DieJe tiens à saluer la reprise de « Easy Livin' », qui est pourtant un morceau que j'adore à l'origine. Vous avez réussi à lui donner un côté encore plus rétro tout en l'insérant en plein milieu du disque sans qu'il fasse tache. Peux-tu revenir sur cette reprise et sur ce qu'Uriah Heep représente à tes yeux ?
Y. G. : Merci ! Le but du jeu avant tout c'était de garder le côté « roots », j'ai juste rajouté ce pont solo guitare/clavier dans l'esprit Deep Purple. En fait plusieurs personnes nous ont dit qu'on leur rappelait Uriah Heep dans notre façon d'aborder la musique, avec des titres lents ou rapides, tantôt longs ou au contraire très courts et punchy et je prends ça comme un compliment car Uriah Heep c'est vraiment très bon. De plus, Morgan a une voix assez similaire, donc on s'est dit que « Easy Livin' » serait une bonne cover pour nous. J'ai hâte de la jouer sur scène !

We Live We Die a globalement un côté plus direct et moins prog' dans les compositions. Est-ce un hasard ou simplement une volonté de votre part d'avoir des morceaux qui passent plus facilement le cap de la scène ?
Y. G. : Tu as tout compris. C'est écrit pour la scène. D'ailleurs, cinq titres de l'album, donc presque la moitié du CD, ont été joués sur scène en 2012. Du coup, avec le premier album, on a une set list qui laisse la place à des titres et des ambiances plus variés mais majoritairement plus « musclés ». Je pense qu'on va adorer jouer ces titres en live. J'espère que ce sera partagé avec le public, qui est le carburant principal d'un bon concert !

On a droit, assez furtivement, à de la harpe celte. J'ai l'impression que tu occultes ou du moins que tu te freines dans tes volontés d'incorporer des influences folkloriques. Cela serait-il sans doute trop évident pour un groupe breton ?
Y. G. : Non, c'est juste que je ne suis pas forcément hyper attiré par la musique celtique, même s'il y a des artistes que j'aime beaucoup. Je cherchais un son doux et profond et que ça correspondait tout à fait à la tessiture de la harpe celtique. De plus, je trouve cet instrument classieux et je ne voulais pas passer à coté de ce titre (« Beyond The Last Gate ») que j'ai écrit en hommage à ma mère, qui est partie en 2011, juste avant la sortie du premier album. Je ne m'interdis absolument pas d'aller voir du côté de cette musique sur le prochain album. Il faut juste que je trouve le son qui me branche, comme le Uilleann Pipe par exemple.

Ton jeu de guitare est toujours aussi polyvalent et limpide. Quelles sont les nouvelles facettes que tu dévoiles sur We Live We Die ?
Y. G. : Merci ! J'ai mis beaucoup moins de temps que sur le premier album. Je voulais des soli plus instinctifs et plus « rock » car ça collait avec l'ambiance des titres. Par exemple, « We Live We Die Part I » n'a demandé qu'une seule prise pour la maquette que j'ai gardée. Pour la deuxième partie, j'ai aussi gardé le solo de la maquette. Pas en une prise celui-ci, peut être trois ou quatre... Ensuite, j'essaie au maximum de privilégier les mélodies et les nuances de jeu. Le côté acrobate du manche qui déboule, c'est bien, mais c'est souvent l'ego qui parle. Mes références sont Gilmour et Jeff Beck qui maîtrisent à mort ce principe. Pour les parties plus techniques, mes influences sont Van Halen ou Satriani par exemple. Dans les « nouveaux », Guthrie Govan est monstrueux, mais je ne joue pas à ce niveau de virtuosité, donc j'ai intérêt à faire ce que je maîtrise le mieux. Par contre, je n'ai pas encore vraiment abordé le coté blues dans PYG. Cette influence majeure dans mon jeu s'entendra plus dans le troisième album.

Quelle palette de guitares et d'effets as-tu employée pour l'album ? As-tu eu accès à une production plus grande que pour le premier opus ?
Y. G. : Toujours mon Ibanez Jem à 90% sur les soli et 50% sur les rythmiques, ma strat Fender ayant fait le solo de « Easy Livin' » et une Tokai LP en doublage pour les rythmiques et les titres en drop D. Niveau effets, la pédale Lucy's Drive de The Doc (Denis Herbert) m'a servi de boost pour tous les soli en duo avec une wah-wah Dunlop Van Halen. J'ai aussi utilisé le logiciel WOS de Two Notes pour les guitares et la basse en post prod. Il est génial ce soft ! Sinon, je travaille toujours dans mon studio, sauf pour les parties batterie qui sont gérées par Julien, qui me les envoie et que je remixe. J'utilise aussi sur certains titres le médiator N4 Le Niglo qui me permet une attaque très précise.

Comment souhaiterais-tu évoluer en tant que guitariste d'une part et musicien d'autre part ?
Y. G. : En tant que guitariste, j'aimerais améliorer en priorité ma façon de transmettre l'émotion par le biais de l'instrument et arriver à une synthèse complète de mes influences, de Gilmour à Lukather en passant par Gary Moore et encore tant d'autres. Arriver à être identifiable en deux notes à la façon d'un Jeff Beck, c'est à mon sens là-dessus que je dois travailler encore et encore et mettre de coté mon ego qui me demande parfois de mettre plus de notes. Le plus difficile c'est vraiment de trouver LA note qu'il faut au bon moment. En tant que musicien, c'est pareil : aller vers le coté humain en priorité et tâcher de toujours raconter une histoire qui vaille le coup. Que ce soit compliqué ou simple, puissant ou léger, on s'en fout, l'essentiel est de communiquer des émotions.

PYG est-il un projet qui vit dans le moment présent ou envisages-tu en permanence la trajectoire possible des années à venir ?
Y. G. : J'essaye d'avoir un coup d'avance sur ce projet. En ce moment, je suis déjà en train de réfléchir au prochain album de PYG. Les thèmes que je vais tenter de développer, les ambiances, la ligne directrice du truc, travailler encore sur l'aspect deux voix. Sur We Live We Die, le but était de faire un disque spontané, plus puissant et orienté scène. Le prochain pourrait être plus progressif. Je ne sais pas encore vraiment, mais j'ai des plans qui me sont venus ces derniers jours pendant les répétitions. Je vois sur un ou deux ans, pas plus.

PYG – We Live We Die
La Mouche Productions

PYG : « We Live We Die est un disque spontané, plus puissant et orienté scène »