Les plus perspicaces d’entre vous auront remarqué qu’on parle beaucoup de Satan Jokers ces temps-ci. Normal puisque le groupe sort déjà son second album de 2009 en cette fin d’année ! De quoi nous donner l’envie de taper la discute avec son frontman Renaud Hantson, toujours très loquace et généreux en informations intéressantes.

Tu avais annoncé que SJ 2009 n'était qu'un premier avertissement. Que représente donc Fetish X qui arrive six mois plus tard ?
Renaud Hantson : A l’image du Satan Jokers des années 80, Fetish X sonne plus technique que SJ 2009, les titres sont meilleurs et la production aussi. Ça prouve qu’avec de nouveaux musiciens, l’esprit faussement arrogant et un peu esbroufe à la David Lee Roth de la grande époque que possède Satan Jokers est toujours présent, mais le tout étant exprimé avec vingt-trois années de plus d’expérience que le premier line-up. Ceux qui comprennent ça devraient adhérer à l’album.

D’ailleurs, que signifie pour toi le titre du disque ?

Renaud Hantson : Je pense que cela n’a jamais été un secret pour personne, le sexe est un sujet qui me tient à cœur, c’était déjà le cas dans les premiers albums de Satan Jokers et un des plus gros succès de ma carrière solo s’intitule « Voyeur » (rires)… Quand on me demande ce que je regarde en premier chez une fille, je n’ai aucune gêne à répondre ses chaussures et ses pieds car ça indique beaucoup de choses sur ce qui peut suivre ou pas (rires)…

Fetish X
peut-il se résumer en quelques phrases ?
Renaud Hantson : J’ai réussi en moins d’un an à renouveler mon stock d’idées concernant les textes, ce dont je n’étais pas sûr quand nous avons démarré l’enregistrement lors de la période de notre participation au Hellfest en juin dernier. Les mots qui me viennent concernant la musique et qui pourraient décrire l’album sont dextérité, maturité, deuxième degré, originalité, sensualité et que tous les lecteurs qui pensent à un mot ayant une rime en « é » n’hésitent pas à me contacter !!! (rires)

Pour beaucoup un des attraits majeurs du disque sera l'épique « L'enfer C'est Ici ». Comment t'y es-tu pris pour constituer un tel morceau et est-ce une expérience que tu te sens de rééditer sur de prochains albums ?

Renaud Hantson : Ce sont les paroles sur la dictature et le totalitarisme qui forment la ligne directrice sur « L’enfer C’est Ici » qui en fait est un assemblage de sept thèmes musicaux différents. Il se trouve que certains d’entre eux avaient les mêmes tonalités et ça m’a bien arrangé pour faire le découpage et qu’à l’arrivée ça sonne comme une chanson-concept. C’est toujours plaisant de penser qu’on a un gros cheval de bataille, une espèce de pièce maîtresse dans le nouvel album d’un groupe qui a déjà été novateur auparavant.

Conceptuellement, ce morceau parle des guerres de religion. D'autres traitent de la télé-réalité ou des technologies modernes. Est-ce important pour toi de traiter de thèmes bien ancrés dans la réalité et ne pas partir comme certains groupes dans des délires d'heroic fantasy ?
Renaud Hantson : Quand un groupe est adulte, il devient de plus en plus difficile de chanter des trucs un peu kitch façon films d’horreur ou bandes dessinées. J’aime bien les textes simples avec des gimmicks efficaces sur les refrains mais si je peux aborder des sujets un peu plus sérieux que ceux habituellement abordés par bon nombre de groupes de hard rock, ce n’est pas plus mal.

Michael Zurita est très impressionnant sur Fetish X avec un jeu pouvant rappeler par moments celui de Zakk Wylde. Comment l'as-tu guidé pour accomplir ta vision de la musique ?

Renaud Hantson : Mike est effectivement pour moi un croisement entre Zakk Wylde et Steve Vaï. Il est exactement le soliste que je souhaitais pour le nouveau line-up de Satan Jokers, idéal comme partenaire de travail, flamboyant dans ses solos, capable d’innover, bon arrangeur, travaillant vite et sachant occuper la scène à côté de mecs expérimentés et visuels comme Pascal Mulot ou moi-même. Chacun amène ses idées dans cette reformation de Satan Jokers, même si beaucoup de titres viennent d’Olivier Spitzer le guitariste rythmique du groupe et moi-même car notre tandem fonctionne plutôt bien. Je ne guide les gars du groupe que si je pense que ça ne sonne pas Satan Jokers et uniquement dans ce cas-là. Je fais sur nos deux nouveaux albums quelques titres seul mais l’essentiel est amené par chacun d’entre nous, je me charge ensuite des mélodies et des textes.

Comment as-tu rencontré et « drafté » Michael ? J'imagine que les candidats ne devaient pas manquer pour prendre le poste de soliste au sein de Satan Jokers...
Renaud Hantson : Je suis très rapide dans mes décisions et je savais que pour un soliste du niveau de Mike un groupe comme Satan Jokers était une évidence. En le côtoyant avec Joe Steinmann, batteur de Furious Zoo à qui j’ai d’ailleurs dédié « Illégal » un des titres du nouvel album, j’ai vu qu’il était agréable, calme et organisé dans le travail, ce qui est important pour moi qui n’aime pas m’éterniser sur les choses en matière de musique. J’ai bien pensé à quelques rares autres solistes mais tant que chacun des membres du groupe donnera comme moi une priorité à Satan Jokers il n’y a aucune raison d’envisager de nouveaux changements comme cela vient de se passer avec l’arrivée d’Aurel (du groupe Zuul FX) en remplacement de notre précédent batteur en concert.

Un nouvel album est toujours l'occasion d'essayer de nouvelles choses musicalement. A titre personnel, quelles ont été tes innovations notables à la batterie et vocalement ?
Renaud Hantson : J’avais déjà l’intention de faire un album techniquement plus difficilement accessible sur Fetish X et l’arrivée d’Aurel sur deux titres du nouvel album (« Ephémère » et « Fetish X ») a tellement été en phase avec mon concept initial que j’ai par la suite continué à enregistrer mes parties de batterie en sachant que je venais d’engager un jeune mec de 28 ans capable de jouer aussi rapidement avec les pieds ce que je joue avec les mains ! Vocalement, pour moi, le challenge de cette reformation est que cela soit agressif et énergique mais que cela reste mélodique, le but étant de faire oublier à l’auditeur que les textes sont en français et qu’il puisse apprécier ce que l’on fait comme si c’était un groupe anglo-saxon.



Avec quels groupes aimerais-tu partir sur la route?

Renaud Hantson : Nous venons de terminer quelques dates avec Patrick Rondat, un exceptionnel guitariste doublé d’un formidable être humain, humble, sympathique et extrêmement drôle, ce qui est très agréable quand on est sur la route en collectivité. Nous devrions renouveler l’expérience avec Patrick je l’espère et j’ai l’intention, en plus du Satan’s Fest que nous organisons le 9 janvier au Pacific Rock à Cergy, de monter des dates avec d’autres groupes français, qu’ils émanent des années 80 ou pas… A suivre donc…

As-tu des plans pour des concerts en dehors du territoire francophone ?
Renaud Hantson : Pas véritablement, pour la bonne et simple raison que chantant en langue française nos disques ne sont je crois distribués que dans les pays francophones et uniquement en import à l’étranger. Nous nous posons actuellement la question de savoir si une espèce de compilation qui résumerait les meilleurs titres de SJ 2009 et Fetish X en anglais serait intéressante à faire ou pas. Mais j’ai quatre casquettes à porter : mon premier « Best Of » solo vient de sortir et résume ainsi la première partie de ma vie « Pop-Rock » de 1988 à aujourd’hui, mon école de chant et de batterie me prend deux jours par semaine et je suis en train de finir les enregistrements du prochain album de mon petit projet parallèle Furious Zoo, A.nal O.riented R.ock – Furioso V, dont la sortie est prévue pour février 2010, donc je manque de temps.

Satan Jokers – Fetish X
XIII Bis Records
www.myspace.com/satanjokers 
Satan Jokers, six mois de gestation pour un nouvel album !