Les californiens de Rival Sons continuent leur belle ascension en franchissant un nouveau palier grâce à leur excellent dernier album "Feral Roots" et de nombreux concerts donnés à guichets fermés. C'est justement en novembre dernier à l'Olympia que nous avions retrouvé le guitariste résolument "stylé" Scott Holiday, avant qu'il ne s'apprête à livrer un concert magique et mémorable, afin de dresser un bilan sur la première décennie de Rival Sons, l'album "Feral Roots" mais aussi le bonheur de disposer d'un si bon chanteur en la personne de Jay Buchanan. Nous en avons bien évidemment profité pour parler des guitares et des amplis de ce passionné de matos. Covid-19 oblige, la tournée européenne de Rival Sons en première partie d'Aerosmith a été repoussée et vous pourrez désormais assister à cette fabuleuse affiche le 14 juin 2021 à l'Accord Hotel Arena de Paris.

Vous avez véritablement trouvé votre identité depuis trois albums alors qu'au début on pouvait sentir vos influences de manière évidente. Vos albums sonnent désormais véritablement comme du Rival Sons et "Feral Roots" (2019) est peut être le plus aboutis de tous. As-tu le même regard sur votre discographie ? 

Scott Holiday : Oui je vois les choses de la même manière et je pense qu'il en est ainsi dans toute forme artistique, que cela soit de la musique, de la peinture ou de la littérature. Au départ, même si nous n'étions déjà plus des gamins, nous étions encore assez jeunes, le groupe venait de se former et nous étions surtout plein d'énergie ! Il n'y avait pas de réflexion particulière autour de notre musique puis avec le temps tu commences naturellement à t'approprier ton propre son et un style plus personnel. Il est quasi impossible d'avoir dès le début un style caractéristique, même pour les groupes légendaires. Les premiers albums de Pink Floyd sont très éloignés de ce qu'ils sont devenus par la suite. Led Zeppelin pourrait presque être une exception, mais ces mecs avaient déjà commencé leur carrière avant le groupe, Jimmy Page notamment et ce dernier devait déjà avoir une idée bien précise de ce qu'il voulait pour Led Zeppelin. Mais même dans leur cas, si tu prends "Led Zeppelin I" (1969) et "Presence" (1976), leur son a considérablement évolué, plus encore si tu vas jusqu'à "In Through The Out Door" (1979). Nous avions déjà l'impression d'avoir notre propre style au début de notre carrière sans vraiment savoir de quoi il s'agissait, mais il s'est largement précisé par la suite et je dirai que "Head Down"(2012) fût l'album charnière dans notre parcours car j'avais consciemment en tête d'écrire un album ambitieux ! "Pressure & Time" (2011) était un album vraiment concis et c'était totalement voulu de notre part. J'avais déjà pris part dans le passé avec  d'autres groupes à des albums vraiment profonds et ambitieux et je voulais faire de "Pressure & Time" une sorte d'encas, quelque chose que tu peux prendre avec toi, consommer rapidement et aimer instantanément. Les chansons durent 3 ou 3.30 minutes, elles sont accrocheuses, bien sucrées et chargées en riff ! Ce n'était pas compliqué pour un auditeur de se dire rapidement : "ok, j'aime, je monte dans le train!". Mais après la tournée de cet album je me suis dit que nous devions montrer maintenant toute l'étendue de ce que Rival Sons représente et nous avions d'ailleurs commencé sur la tournée à rallonger les titres de "Pressure & Time" et de notre EP éponyme "Rival sons" (2010). Nous  jouions des versions de 4 ou 5 minutes sur scène et parfois même 10 minutes car nous n'avions pas assez de chansons à l'époque ! Avec "Head Down" je voulais m'assurer d'inclure des chansons qui dévoilaient davantage notre potentiel. Il y avait donc des chansons plus longues, des pièces de guitare instrumentale mais aussi des chansons encore plus pop et plus sucrées qui cohabitaient avec des titres plus sombres et plus enflammés. Il y avait vraiment de tout sur cet album et avec le recul nous étions peut être en train de nous chercher, mais il s'agissait surtout de dévoiler l'étendue de notre potentiel, pas seulement aux fans, mais aussi à nous même ! Cet album nous a permis de savoir ce que nous pouvions faire et nous avons ensuite fait "Great Western Valkyrie" (2014) qui est clairement le premier album où nous avons commencé à sonner tout simplement comme du Rival Sons. Nous avions alors trouvé notre style et nous savions que nous avions fait de notre mieux pour ce disque. Dave Beste venait d'intégrer le groupe à la basse, tout semblait s'imbriquer à merveille et nous avions le sentiment d'avoir trouvé notre son. A l'inverse, je considère "Hollow Bones" (2016) comme un album de transition car le but était surtout d'aller chercher des directions que nous n'avions pas encore explorées jusque là. C'était le même groupe, mais on pouvait avoir l'impression que ce n'était pas tout à fait le cas tant nous sommes allé vers de nouveaux horizons. Ce n'est pas si facile, car nous voulions vraiment franchir la ligne, sonner différemment, j'ai utilisé des guitares barytons, l'esthétique sonore était différente. Tout cela nous amène à "Feral Roots", notre premier album pour Atlantic Records, que l'on a fait après une très longue tournée et la signature sur cette major a insufflé une vie nouvelle dans le groupe et cela nous a donné l'état d'esprit de faire comme si nous commencions une nouvelle carrière. Il s'agit bien sur d'une continuité, mais c'est une nouvelle relation de travail et nous avons disposé de plus de temps que pour tous nos autres albums, alors nous avons tenu à bien faire les choses ! Avant nous procédions toujours très rapidement pour créer nos albums. Nous restions assez peu en studio. Jay (Buchanan, chant) et moi-même avions des riffs et des mélodies en tête, mais les autres les découvraient en studio et nous avions à cœur de commencer seulement à construire nos chansons en studio. Nous avons en revanche pris le temps de réfléchir à nos compositions pour "Feral Roots". Nous avons écrit ensemble et nous nous sommes assurés de prendre tout le temps nécessaire. 

On imagine également que vous aviez de la pression pour ce premier album chez Atlantic et que vous ne vouliez vraiment pas vous rater...

Il y avait de cela bien sûr. J'étais assez nerveux la première fois que nous avons fait écouter des chansons au label. C'était le vrai point de départ de cette nouvelle relation, allait-elle être agréable ou au contraire tumultueuse ? C'était un moment de vérité important car nous allions leur faire écouter des chansons que nous aimions vraiment et en lesquelles nous croyions beaucoup. Nous étions vraiment satisfaits avec notre producteur Dave Cobb et nous avions hâte de voir la réaction de Pete Ganbarg, président A&R chez Atlantic. Lorsqu'il a levé la tête et nous a dit : "c'est génial, j'adore!", nous étions évidemment très soulagés ! Nous savions que nous étions sur la même page et que nous pouvions continuer dans cette direction et faire l'album dont nous avions envie, comme ce fût à chaque fois le cas par le passé, mais vu qu'il y aurait pu avoir un risque cette fois, faire l'album que nous voulions fût encore plus appréciable ! Lorsque nous avons terminé "Feral Roots", nous nous sommes dit que nous tenions vraiment un très bon album, une sorte de déclaration pour Rival Sons ! 

Tu avais d'ailleurs connu une déconvenue avec Atlantic Records dans le passé il me semble n'est-ce pas ? 

Effectivement. Avant Rival Sons, j'ai fait parti d'un groupe (ndlr : Human Lab) qui n'était pas du même acabit mais qui était un bon groupe cependant. C'était le même président chez Atlantic d'ailleurs et nous avions eu un contrat bien plus juteux pour ce groupe que tous les contrats que Rival Sons pourra avoir car c'était à l'époque de la fin des énormes contrats dans l'industrie du disque. Nous avions un bon album mais Atlantic avait finalement décidé de ne pas le sortir. C'est pourquoi malgré la joie de signer Rival Sons chez Atlantic, j'avais malgré tout un léger sentiment d'appréhension vu mon expérience passée. Mais les choses sont très différentes cette fois, ce n'est pas le même groupe, nous n'en sommes pas au même moment de notre carrière, l'époque est différente aussi et nous ne sommes d'ailleurs pas exclusivement avec Atlantic. C'est en réalité une aventure commune entre Atlantic et Low Country Sound, le label de notre producteur Dave Cobb, mais malgré tout cela j'avais quelques inquiétudes et j'en ai fait part au label. Mais comme je le disais, nous avions déjà un nom, une carrière, nous vendions des albums, nous remplissions les salles, nous vivions de cela et ce n'est pas comme si le label pouvait se demander  si ça allait marcher... ça marchait déjà ! Nous avons d'ailleurs aborder notre relation avec Atlantic ainsi, nous leur avons dit que notre groupe marchait déjà bien sans eux et que leur part du travail était de l'emmener de 5 à 10 en quelque sorte pour que nous restions avec eux. Nous n'en sommes pas encore à la fin du cycle de "Feral Roots" mais nous ressentons déjà que les choses évoluent dans le bon sens et qu'ils font du bon travail !

Tu mentionnes Dave Cobb, qui a produit tous vos albums et qui est même parfois crédité pour la composition. Vous devez le considérer pratiquement comme un membre à part entière de Rival Sons en studio. Pourriez-vous imaginer travailler avec quelqu'un d'autre pour changer de scénario ? 

Nous pourrions essayer à un moment donné de travailler avec quelqu'un d'autre mais nous avons une relation si forte avec Dave qui nous considérons effectivement comme un membre de Rival Sons en studio. J'ai travaillé avec d'autres gens et il est toujours bon d'apprendre des choses différentes au contact de personnes différentes. Mais j'apprends toujours beaucoup du fait de travailler avec Dave et nous changeons toujours un petit peu l'équipe à chaque album en bossant avec différents ingénieurs du son et en faisant appel à des personnes différentes pour le mixage. Les seules choses qui restent constantes d'album en album est que Pete Lyman se charge toujours du mastering et que Dave produit toujours l'album. Le reste change à chaque fois. Je suis toujours très heureux de bosser avec Dave et nous sommes à l'aise avec lui. Bien sur, si jamais notre créativité ensemble venait un jour à taper sur un mur ou si nous en venions à ne plus être heureux et satisfaits ensemble, il serait alors sain d'aller voir ailleurs et essayer quelque chose d'autre, mais nous en sommes très loin aujourd'hui ! 

Tu as eu recours à une guitare 12 cordes pour certains titres de "Feral Roots". Une nouveauté qui a insufflé une inspiration nouvelle n'est-ce-pas ?

J'ai en réalité cette vieille Gibson double manche depuis 20 ans, je l'utilisais dans mon ancien groupe, celui dont l'album n'est jamais sorti sur Atlantic et je m'en servais même en live. Mais je me suis assuré de l'écarter de ma rotation pour Rival Sons car nous étions sans cesse comparés à Led Zeppelin au début de notre carrière et je me disais que je ne pouvais plus utiliser cette guitare dans ce groupe car cela amplifierait les comparaisons. Au départ j'utilisais seulement cette Gibson qui date de 1975 ou 1976 pour les titres "Feral Roots", "All Directions" et "Look Away", pour lesquels j'ai besoin du manche 12 cordes, mais le problème est que j'utilise deux accordages différents entre ces trois chansons. Ben, mon guitar tech, changeait d'accordage pendant le concert juste à côté de moi qui jouait super fort sur scène et accorder une guitare 12 cordes n'est pas une mince affaire ! C'est bien plus fastidieux qu'une guitare 6 cordes. J'ai vite réalisé que ce que je lui demandais était trop compliqué et qu'il me fallait en réalité utiliser deux guitares double manche, une pour chaque accordage. Je sais que ça peut avoir l'air excessif mais je pense vraiment que c'est la solution la plus sûre...et qui ne souhaite pas ajouter une nouvelle guitare à son arsenal (rires) ? Nous avons donc planché avec Doug (ndlr : Kauer, luthier qui a construit à Scott nombre de ses guitares les plus emblématiques, notamment à travers sa série Banshee) sur une guitare double manche. Doug m'avait donné une Super Chief rouge et je n'ai pas arrêté de la jouer sur ce nouvel album. C'est vraiment une super guitare, qui possède une certaine magie. J'ai donc dit à Doug : "tu sais quoi ? J'aimerai que tu me fasses une guitare comme la Super Chief, mais avec un double manche dont un serait un manche 12 cordes". Doug était un brin dépité car il n'avait jamais construit de guitare double manche auparavant, mais il s'est dit qu'il allait essayer pour moi. Il m'a dit que c'était quelque chose de difficile, qui allait lui demander un sacré effort et je pense d'ailleurs qu'il ne le fera plus jamais car j'ai reçu pas mal de texto agacé de sa part, tard dans la nuit (rires)! Mais les efforts ont payé car il m'a construit une guitare fantastique, j'ai même pleuré lorsqu'il me la remise! Lorsque tu as vraiment besoin de quelque chose et que quelqu'un le réalise spécialement pour toi et qu'en plus de cela c'est en tout point parfait, c'est un sentiment très particulier ! Le son, le visuel, le feeling, tout était parfait ! J'appelle cette guitare la Super Duper Chief du coup ! Cette guitare est un véritable couteau suisse, les micros sont des Wolftone Kauerbuckers, des sortes de P.A.F vintage que je peux splitter. Du coup je peux utiliser un son de micro simple sur le manche 12 cordes par exemple, on peut vraiment obtenir le même son scintillant qu'en studio. On peut tout faire avec cette guitare.

Rival Sons est en perpétuelle ascension en France. Vous jouez dans des salles de plus en plus grande en les remplissant à chaque fois. Après avoir rempli coup sur coup l'Elysée Montmartre, le Bataclan et désormais l'Olympia, ne sentez-vous pas que vous êtes en mesure de passer à l'étape des arenas ? 

J'aimerai effectivement jouer au Zenith la prochaine fois ! Nous adorons la France et nous avons la chance d'avoir pu jouer dans tout un tas de différentes salles ici. Nous aimons toujours faire des listes en écrivant nos villes favorites et en visant dans ces villes des salles où nous aimerions pouvoir nous produire. Nous faisons ça pour Paris, Londres, les grandes villes américaines. Pour Paris, l'objectif est clairement d'atterrir au Zenith, même si nous sommes déjà très heureux de nous produire dans un Olympia complet, c'est vraiment un honneur. Le concert du Bataclan était incroyable. C'est vraiment spécial de s'approprier un lieu pareil après la tragédie de 2015. Comme beaucoup d'autres groupes, nous avons pris notre devoir à cœur et nous avons montré aux gens qu'il ne fallait pas avoir peur et qu'il fallait ouvrir nos cœurs et insuffler de nouveau la bonne énergie dans cette salle qui est magnifique et qui a accueilli beaucoup d'évènements mémorables au fil des années. Reconquérir cette salle, nos cœurs, notre paix et notre joie était quelque chose de magique et d'incroyable et je pense que nous avons réussi notre mission lors de ce concert rempli d'émotion. Nous avons vraiment une équipe fantastique en France, alors que nous étions en train de célébrer le concert du Bataclan, tous plein d'émotions, notre équipe était déjà en train de booker le concert de l'Olympia ! Nous étions heureux à l'idée de nous y produire et espérions qu'il y ait pas mal de monde, mais c'est au final une des toutes premières dates de la tournée à avoir affiché complet ! C'est clairement le concert le plus important de cette tournée pour nous et j'ai hâte de voir ce que cela va donner ce soir ! 

Tu as des nouvelles guitares dans ta collection, peux-tu nous en parler ? 

J'ai une Gretsch Blue Penguin que Stephen Stern du Custom Shop a spécialement construit pour moi. C'est une guitare magique et je l'ai beaucoup utilisée sur "Feral Roots" tout comme la Kauer Super Chief dont je parlais plus tôt. J'ai également une nouvelle guitare de la marque française Meloduende que ma fille a surnommé Penny car elle est faite de cuivre. Ces nouvelles guitares de ma collection sont celles que j'ai principalement utilisé sur le nouvel album même si j'ai comme toujours joué également sur plusieurs guitares vintage de la collection de Dave Cobb ainsi que sur certaines de mes anciennes. Je n'ai pas utilisé mes guitares double manche en studio, j'ai joué sur une Guild 12 cordes acoustique en studio et seulement ensuite pour le live j'ai pris la Gibson double manche et demandé à Doug Kauer de me construire la Super Duper Chief. 

Tu as changé ta configuration d'ampli. Tu switchais auparavant entre sons clairs et saturés en utilisant plusieurs amplis Orange. Il y a maintenant des amplis Supro sur scène en plus des Orange. Peux-tu nous toucher un mot de ton fonctionnement actuel ? 

J'utilisais avant 2 têtes OR50 Custom Shop de Orange. L'une avait un réglage un peu plus propre et l'autre était un peu plus sale. Je fonctionne toujours un peu de la même manière, mais comme j'ai massivement utilisé le Supro 1699 RH Statesman sur le nouvel album, je voulais également l'avoir sur scène étant donné qu'il s'agit de la couleur prédominante sur "Feral Roots". Le Supro est donc désormais mon ampli pour les sons les plus clairs et je le règle avec un son beaucoup plus clean que l'OR 50. Mon son de guitare rentre dans les 4 lampes de préampli du Supro de manière totalement pure, sans y ajouter le moindre niveau de gain par des pédales et je me sers également de la reverb intégrée à l'ampli. Cet ampli possède également un deuxième canal, quant à lui plus sale et sans reverb et la cerise sur le gâteau est le fait de pouvoir activer les 2 canaux en même temps ! Le constructeur de cet ampli m'a dit qu'il l'a conçu en m'ayant à l'esprit et m'a donné un des tous premiers modèles, je me devais donc de l'essayer et je dois dire que j'ai été vraiment convaincu ! Entre le son clair, le son plus saturé et la combinaison des deux, il y a donc 3 sons différents à portée de main sur le Supro Statesman et si on pousse, on peut bien faire saturer cet ampli, mais je l'utilise personnellement de manière très clean si bien que j'obtiens un son qui tord à peine en combinant les 2 canaux. Après ces 3 sons, j'arrive sur mes 2 Orange, l'OR 50 que j'utilise pour le "clean" étant déjà beaucoup plus sale que le son le plus saturé que j'utilise sur le Supro. Puis j'ai donc toujours l'OR 50 vraiment dédié à mes sons les plus distordus. J'ai donc 5 sons en tout et je peux les utiliser aussi bien individuellement que conjointement. Je le fais par exemple sur le titre "Do Your Worst" où il est nécessaire d'avoir ce son clair prédominant sur le refrain. Je combine alors mon OR 50 le plus saturé avec le son le plus clair du Supro ! Si parfois vous avez l'impression d'entendre deux guitares sur certaines parties dans nos concerts, c'est lorsque j'envoie mon son à la fois sur un Orange poussé dans ses retranchements et un Supro au contraire bien ménagé ! Je peux accéder à toutes ces combinaisons de manière archi simple car nous avons construit avec mon bon pote Robert Bradshaw de Custom Audio Electronics une nouvelle configuration live pour moi où je peux tout activer en un coup de switch grâce à mon contrôleur, mais cela nous a pris 6 bons mois pour tout programmer car j'ai intégré tous les sons et toutes les configurations que l'on peut trouver sur l'intégralité de notre répertoire ! J'ai toutes les configs des chansons dedans, toutes les intros, les couplets, les pré-refrains, les refrains, les interludes, absolument tout ! Je m'en suis même servi pour l'hommage que nous avons fait à Black Sabbath aux Grammys. Toute cette programmation a pris un temps fou mais ça en vaut vraiment la peine car j'étais limité avant par toutes les pédales que je devais activer ou désactiver en permanence. Elles sont désormais toutes rangées sur le côté de la scène et je n'ai plus qu'à presser un footswitch sur mon contrôleur et les bonnes pédales sont activées ou désactivées, le signal part sur tel ou tel ampli. Cela m'a permis de pouvoir bouger largement plus sur scène et de ne plus avoir à trop penser. J'ai également arrêté d'utiliser des gros stacks car nous avons un joli backdrop que je veux rendre le plus visible possible sur scène. J'utilise désormais simplement un baffle 4*12 Orange pour les sons Orange et un baffle 2*12 Supro pour les sons Supro. C'est aussi simple que massif et puissant ! Mon rig actuel a demandé beaucoup de travail de conception mais ça m'a considérablement simplifié la vie sur scène !

Vous prenez vraiment le moindre détail en considération et rien n'est laissé au hasard. J'ai par exemple remarqué que vous utilisez même vos propres micros pour repiquer tes baffles, là où la plupart des groupes utilisent les SM57 disponibles à la salle en général.

Ca c'est dû à mon vieil ami Neil MacDonald, qui est notre ingé son façade depuis le début et c'est lui que l'on devrait considérer comme le membre supplémentaire du groupe car il a toujours été là ! A nos débuts c'était juste nous et lui. Il conduisait notre van et faisait tout le reste. Nous avons toujours eu notre propre ingénieur du son et c'est de lui qu'il s'agit. Il était très important sur le circuit, il bossait sur plein de concerts dans les grandes salles et il a clairement fait un pas en arrière en s'occupant de nous au début mais il croyait tellement en nous qu'il voulait bosser avec nous. Nous l'adorons, il fait parti de la famille, c'est un professionnel absolu et c'est grâce à lui que nous sonnons aussi bien tous les soirs. Tout le crédit lui revient. Nous avons souvent donné des concerts en première partie où nous sonnions mieux que la tête d'affiche ! J'ai eu des musiciens vraiment très connus dont je tairai le nom, des véritables légendes, qui m'ont demandé comment nous faisions pour avoir ce son et pour sonner mieux que leur groupe soir après soir. A chaque fois je leur répondais d'aller demander à Neil car c'est uniquement grâce à lui ! 

Rival Sons a débarqué il y a 10 ans, dans un environnement surchargé en groupe de rock n'roll ou de classic-rock, au contraire d'un groupe comme les Black Crowes par exemple qui étaient quasiment les seuls à faire ça dans les années 90. Vous êtes clairement sorti du lot dans cet embouteillage, grâce à vos chansons, votre alchimie, ton jeu de guitare mais aussi selon moi grâce à votre chanteur Jay Buchanan, que j'oserai définir comme un des tous meilleurs chanteurs de rock n'roll de tous les temps et pas seulement de son époque... 

Je pourrais aisément le décrire ainsi, aucun problème là dessus ! Nous sommes effectivement arrivé dans un contexte où il y avait beaucoup de groupes pratiquant ce style de musique alors que comme tu le disais, dans les années 90 par exemple cela se résumait à The Black Crowes et Lenny Kravitz.  

Il est très difficile de trouver un excellent chanteur comme Jay et j'imagine que tu devais être fou de joie le jour où tu est tombé sur lui n'est-ce pas ?

J'étais effectivement soufflé le jour où nous nous sommes trouvé ! Au départ j'étais seulement avec notre batteur  Michael Miley et nous avons auditionné tout un tas de bassistes et de chanteurs. Cette longue période fût vraiment très frustrante car je savais que nous tenions quelque chose avec Miley. Sans avoir l'air d'un connard prétentieux, j'avais le sentiment de pouvoir offrir quelque chose de différent. J'étais libre de mon deal avec Atlantic, j'avais des chansons et j'avais le sentiment que des gens allaient les aimer. Je savais au plus profond de moi-même que mon moment était venu, que j'avais désormais quelque chose de vraiment intéressant à proposer. Je le sentais au plus profond de mon cœur, je n'étais pas en train de me jeter des fleurs, je le savais tout simplement. Je sentais que le moment de faire une véritable déclaration était venu, et on sent toujours au fond de soi-même ce genre de moment arriver. Je ne savais pas bien jusqu'où cela pourrait aller, mais je savais que j'avais quelque chose de significatif à dire, que j'avais la capacité de faire du bruit et d'être entendu. Je voulais donc être certain de m'entourer de personne qui avait le même niveau d'exigence et d'intégrité pour le projet et lorsque j'ai rencontré Michael Miley, j'ai vite compris qu'il était comme moi et qu'il serait parfait. Il était prêt à exploser ! Je savais que si je le trouvais spécial, d'autres le considèreraient également comme un batteur spécial. Notre ancien bassiste Robin Everhart répondait également à ce niveau d'exigence. C'était un bassiste fantastique ! Il venait davantage du rhythm & blues et l'utiliser dans un groupe de rock était juste énorme ! Cela produisait quelque chose de différent et il se passait vraiment quelque chose de fort musicalement entre nous trois. Cela a été beaucoup plus frustrant pour le chant. Nous avons fini par avoir un chanteur. Je le trouvais beau gosse et il avait une bonne voix, mais il n'était pas complètement au niveau du groupe. Je savais qu'il nous fallait trouver quelqu'un d'autre pour que le groupe atteigne son plein potentiel. Nous avons donc recommencé à chercher un nouveau chanteur et lorsque je suis tombé sur l'enregistrement de Jay, j'ai du à peine écouter les 15 premières secondes de la chanson. J'étais marié à l'époque et j'ai appuyé sur stop pour appeler ma femme en lui disant : "il faut que tu entendes ça !". Je n'avais même pas besoin d'aller au delà de ces 15 secondes. J'avais presque les larmes aux yeux lorsque j'ai entendu ces quelques secondes de musique car cela faisait tellement longtemps que je cherchais et que je me donnais du mal quotidiennement à creuser partout pour trouver cela. J'ai dit à mon ex-femme : "je crois que j'ai enfin trouvé !". Je lui ai fait écouté et elle s'est mise à pleurer ! C'était très fort émotionnellement, quelque chose venait de se produire, les étoiles s'alignaient enfin. Lorsque nous nous sommes rencontré, j'ai tout de suite su que c'était terminé ! Il n'y avait plus besoin de chercher nulle part, ça y est, le but était atteint ! Quand je vois ce qu'il est devenu pour atteindre le point où il se trouve aujourd'hui... Il y a vraiment très peu de chanteurs qui peuvent prétendre être dans la même zone que lui. Dans notre époque ? Aucun. Lorsque l'on prend tous les groupes classiques et légendaires, il y en a peu qui peuvent rivaliser avec lui et faire du coude à coude. Pour ne rien gâcher, nous avons une relation très profonde que peu de gens pourraient comprendre. Ce que l'on voit et ce qu'on entend est suffisant, mais il y a beaucoup plus que cela. Il y a quelque chose de tellement vrai et irréductible entre nous !

  

 

Interview de Scott Holiday (Rival Sons)

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