Remarqué avec Source Tags & Codes en 2002 qui reste un des tout meilleurs albums de ce nouveau millénaire, ...And You Will Know Us By The Trail Of Dead avait quelque peu disparu de la circulation depuis, avec seulement deux disques moyens à rajouter dans sa sacoche. Conrad Keely et Jason Reece, les deux frontmen du groupe texan, étaient de passage dans la capitale pour la promotion de leur nouvelle réalisation, une somptueuse ballade rock alternative qui nous emmène loin dans les abîmes de la mélancolie. Mais d’ailleurs, est-ce bien cela qu’ils ont cherché à faire avec The Century Of Self ?

 

Conrad Keely : Avec The Century Of Self nous avons voulu réaliser une synthèse de tout ce que nous avons déjà fait par le passé. Nous sommes donc passés par une phase d’écoute attentive de nos disques et de divers enregistrements d’époque. Nous avons ainsi vu des possibilités que nous n’avions pas développées au moment où nous le pouvions. C’était donc le point de départ de cet album : finir les idées que nous avions eues, en particulier sur les disques Madonna et Source Tags & Codes.

En tout cas, c’est agréable d’entendre que vous vous êtes inspirés de ces disques car les deux précédents n’ont pas vraiment été des réussites, si ?
Conrad Keely : Les deux précédents disques ont été très difficiles à faire. Au moment de Worlds Apart, nous perdions notre bassiste et beaucoup d’événements extra-musicaux se passaient autour de la composition et de l’enregistrement de l’album. Quant à So Divided, il représente pour sa part beaucoup de frustration avec notre label et l’industrie du disque en général. J’avais l’impression que le groupe était isolé, qu’il n’y avait personne chez qui trouver un peu de soutien. Heureusement, au moment de me mettre à bosser sur ce qui allait devenir The Century Of Self, j’ai retrouvé mon inspiration auprès de groupes qui semblaient livrer un combat similaire au nôtre.
Jason Reece : Au moment de Worlds Apart, il y avait tellement de musique de merde à la radio qu’il était difficile de ne pas péter un plomb. Je suis heureux qu’aujourd’hui les choses aillent mieux et que notre état d’esprit en bénéficie.
Conrad Keely : 2008 a été une très bonne année pour de nouveaux groupes aux Etats-Unis comme Fleet Foxes ou Yeasayer. Nous voulions écrire un disque qui soutienne la comparaison de cette nouvelle vague de créativité.

Pourtant au moment où s’est formé, on ne peut pas spécialement dire que la scène musicale était très intéressante… Aujourd’hui je trouve qu’il y a plus de groupes à la musique complexe qui percent commercialement.
Jason Reece : Ce sont toujours des exceptions, non ?
Conrad Keely : Et puis de toute façon un groupe comme Radiohead auquel tu fais certainement référence a fait un album exceptionnel avec OK Computer. Et après ? J’ai l’impression qu’ils ont fait un album incroyable et puis après plus rien car ils s’étaient enfermés dans un genre expérimental. Kid A ne m’a en rien impressionné et par la suite le groupe n’a jamais réussi à me m’intéresser à nouveau. Je peux dire la même chose d’artistes hip-hop comme Outkast ou Jay-Z qui, au début des années 2000 faisaient des trucs hyper créatifs. Et puis peu à peu ces artistes se sont rangés dans un truc tellement commercial que c’était décevant.

En fin de compte, ce n’est pas aisé d’être original une fois dans sa carrière… alors deux fois…
Conrad Keely : Bien sûr et je n’attends ça de personne. Toujours est-il que l’évolution de l’industrie du disque va dans un sens commercial. Les labels poussent les artistes qui vont leur rapporter de l’argent à coup sûr. Je peux le comprendre car le secteur est en crise avec le téléchargement et tout ce qui en découle. C’est ce qui doit expliquer la popularité des Pussycat Dolls et des trucs du style.

Revenons sur The Century Of Self. Y a-t-il autant de thèmes évoqués au cours du disque que la pochette semble l’indiquer ?
Jason Reece : Il y en a plein, effectivement. Nous parlons de manière « prophétique » des choses qui pourront arriver un jour dans certains titres. Sur d’autres, il y a des sujets plus personnels liés à des événements précis. Nous avons essayé d’amener plein d’ambiances et de thèmes différents pour construire ce disque. Beaucoup de gens téléchargent individuellement certaines chansons. Au contraire, notre but a toujours été de construire un tout.
Conrad Keely : C’est un disque pour les gens qui prennent le métro le matin pendant qu’ils lisent un bouquin. C’est parfait pour s’échapper ! Du point de vue des thèmes, je me suis surpris à inclure pas mal d’éléments de spiritualité, la spiritualité qui m’a accompagnée pendant que je grandissais. Je voulais créer une œuvre musicale qui, comme de nombreux livres ou tableaux, élève l’âme. Nous vivons dans un drôle de monde : soit tu es fanatique de religion soit tu es athée. Les gens qui croient en Dieu mais pas dans l’Eglise n’ont pas grand-chose… Pour beaucoup de jeunes aujourd’hui la musique est une forme de religion. Une forme d’expression en tout cas. Pour moi la religion est « l’adoration d’être en vie ». The Century Of Self et toute notre musique s’inscrit là-dedans à 100%.

Line-up :
Conrad Keely (chant, guitare, claviers, batterie)
Jason Reece (batterie, chant, guitare)
Kevin Allen (guitare)
Aaron Ford (batterie, claviers)
Jay Phillips (basse)
Clay Morris (claviers)


Tracklist de The Century Of Self (en gras les morceaux essentiels) :

1. Giants Causeway - 2:39
2. Far Pavilions - 4:54
3. Isis Unveiled - 6:27
4. Halcyon Days - 6:36
5. Bells of Creation - 5:24
6. Fields of Coal - 3:42
7. Inland Sea - 4:09
8. Luna Park - 4:22
9. Pictures of an Only Child - 4:44
10. Insatiable (One) - 2:03
11. Ascending - 4:47
12. An August Theme - 0:51
13. Insatiable (Two) - 3:04


Discographie :
...And You Will Know Us by the Trail of Dead (1998)
Madonna (1999)
Source Tags & Codes (2002)
Worlds Apart (2005)
So Divided (2006)
The Century of Self (2009)


– The Century Of Self
Superball Music
www.trailofdead.com
...And You Will Know Us By The Trail Of Dead