[Scène Ouverte] UBIKAR - altitude.Zero.

Publié le 15/02/2016 par Maritta Calvez
Tout ce que vous portez de rage, d’engagement, de cri, de vie, de tumulte pour faire référence à leur précédent opus "Tumulte de blanc" sorti en 2012, vous le compressez en une boule de feu que vous cracherez à l’écoute de "altitude.Zero" d’Ubikar. Puiser dans l’univers de Bukowski n'a rien d’anodin chez eux tant ça leur correspond, faire porter deux titres par la voix de Ben Sharpa décuple l'effet de bombe. Ultra rock, ultra acide, ultra puissant et électrique, la musique d'Ubikar ne vous laissera pas indemnes, mais surtout beaucoup plus forts, plus déterminés que jamais à vous faire entendre, comme eux. Ils se disent perfectionnistes. Ha ! tu m'étonnes. Viser l'extrême et l'atteindre. Sept morceaux à écouter en boucle et sans modération pour atteindre l'exacte altitude. L'EP est chaud brûlant, à peine sorti. La release party est le 4 mars prochain au Jack Jack de Bron. Amis Lyonnais, gravez-vous cette date au fer rouge. Et Ubikar, ramenez-vous vite à Paris, il y aurait comme une urgence, un besoin incontrôlable de vous voir sur scène.

Quelle est la genèse du groupe, son histoire, vos rencontres ?  
Quentin: Ubikar, c'est plutôt une longue histoire... Nico (batterie/machines) et moi (basse/synthé), on se connait depuis l’enfance. On a rencontré Stef (guitare/synthé) à l’époque du lycée et on a commencé à jouer et à écrire des trucs ensemble, notamment dans une première mouture d’Ubikar avec un chanteur. Le groupe sous sa forme actuelle date de la fin 2010. Ça fait donc une bonne dizaine d’années qu’on bosse ensemble, dont la moitié en trio.  
Depuis 2010, on a sorti un EP 4 titres, un premier album (Tumulte de Blanc, fin 2012, produit par le label Neuronexion), et on sort notre second en mars, en autoproduction cette fois.

Le mieux, c’est de l’écouter, on est tous d’accord, mais avec quels mots définiriez-vous votre musique ? Quelles sont vos influences ? 
Quentin: La musique d’Ubikar, on la ressent comme quelque chose de puissant et d’hypnotique, qui nous embarque ailleurs, ne nous lâche pas, et nous laisse un peu tout secoués, mais contents du voyage. C’est en tout cas ce qu’on aime en tant que musiciens et mélomanes, et qu’on cherche à transmettre aux autres à travers notre musique.  
Stef: On est influencés à la fois par le rock et la bass music en général. Il y a aussi à mon avis un aspect assez narratif dans notre musique, du fait du registre instrumental de certains titres. Des groupes comme Slint, Liars, Suuns ou Massive Attack nous influencent beaucoup, au même titre que des producteurs électro comme Digital Mystikz, ou des artistes français comme High Tone, Ez3kiel ou Bästard. Il y a un aspect hybride entre machines et acoustique.

Qui fait quoi, comment organisez-vous votre travail de compo ?  
Quentin: La moitié des morceaux du disque a été écrite lors de résidences ou de sessions de répétitions orientées sur la composition, à partir d’improvisations collectives ou à partir d’un élément de départ, amené par l’un ou l’autre. Jusqu’à présent, on fonctionnait quasi exclusivement de cette manière, seulement c’est un procédé qui demande beaucoup de temps: la création d’un morceau peut parfois s’étendre sur plusieurs mois, car étant plutôt perfectionnistes, on ne s’arrête que quand chacun est satisfait à 100%. Ça donne lieu à beaucoup de discussions, et parfois à l’abandon d’un morceau en cours de route, mais ça nous permet de ne garder que le meilleur de ce qu’on produit. Et de la même manière, on peut subitement décider de complètement réarranger un morceau qu’on estimait terminé depuis longtemps...  
L’autre moitié des morceaux provient de pré-productions travaillées par Stef sur ordinateur, qu’on a sélectionnées et réarrangées en groupe. Ça nous a permis d’avancer beaucoup plus vite sur le travail de composition, et du coup, de dégager le temps nécessaire au développement d’Ubikar: recherche de dates, communication, administration, etc. 

Où et dans quelles conditions a été enregistré l’EP ; avec qui ?  
Quentin: Les morceaux ont été enregistrés au studio d‘Etables, en Ardèche, par Fabien Salzi, pendant l’automne 2015. On a commencé par y enregistrer trois titres en septembre, trois autres en novembre, puis un dernier en décembre. 
On a aussi fait appel à Ben Sharpa, un MC sud-africain du label lyonnais Jarring Effects, pour poser sa voix sur deux titres (Cops et Planet Bukowski), et qui a enregistré ses voix à distance depuis Pretoria, où il habite.  
Quant au mixage, il est assuré par Jules Barras, assisté de Fabien, tandis que le mastering a été réalisé par Alan Ward, dont on a beaucoup aimé le travail sur le dernier Ez3kiel.

Planet Bukowski, en tant qu’accro absolue à cet auteur, je ne pouvais pas passer à côté. Pourquoi lui ? Que raconte le morceau ?  
Quentin: On aime beaucoup l’écriture de Charles Bukowski, et on trouve que son univers résonne bien avec celui d’Ubikar, notamment dans un de ses poèmes intitulé Dinosauria, We. Ce poème, qui décrit sa vision d’un monde post-apocalyptique très proche du nôtre, a servi de base à la construction de Planet Bukowski. On le jouait même en concert avec le sample de voix d’une lecture de ce poème par Bukowski lui-même. Pour le coucher sur disque, on a confié le morceau à Ben Sharpa, qui a écrit et posé un texte lui faisant écho.

Puissant, engagé, percutant, Ben Sharpa, figure du hip hop originaire de Johannesburg a gravé sa voix, sa prose, telle une bombe sur deux de vos titres (dont Planet Bukowski, bien entendu j’ai envie de dire…). Comment avez-vous été amenés à collaborer avec lui ? Les échanges, les idées, les propositions se sont articulés de quelle façon ? Et puis, là encore, pourquoi lui ?    
Stef: On connaissait Ben par rapport à son travail réalisé avec Jarring. Et on apprécie vraiment ce qu’il fait. Par rapport au morceau Planet Bukowski, Ben est dans un discours, une attitude et un univers artistique qui résonnent bien avec le poème de Bukowski que l’on utilisait avant, ça nous semblait donc vraiment cohérent de le faire avec lui. De plus, on a bien aimé l’idée de se tourner vers l’Afrique du Sud, il se passe plein de choses intéressantes là-bas au niveau du Hip Hop et de la Bass music. Ça a été un plaisir de travailler avec Ben, en espérant que l’on pourra à l’avenir jouer les titres avec lui sur scène.

Côté guitares, amplis, effets, quel matériel a été utilisé ?   
Stef: J’ai utilisé plusieurs guitares sur l’enregistrement de l’EP: Jaguar, Gretsch et Gibson. Au niveau de l’ampli, j’ai utilisé un Fender Twin Reverb Custom. Pour les pédales, j’utilise plusieurs overdrive et disto (Tube Screamer, Big Muff), j’ai un tremolo, quelques Moogs, ainsi qu’un chorus.   
Quentin: On a également réampé toutes nos prises de synthé et clavier basse dans un baffle Ampeg, en utilisant des têtes Ampeg et Echolette Bassmaster à lampes, histoire de ramener du grain et de réchauffer leurs sons de synthèse.
Quant aux basses, les prises ont été réalisées sur une Precision et une Jazz Bass Fender, passées dans les amplis cités plus haut et dans quelques pédales d’effets: overdrive, fuzz, tremolo et octaver.

Toutes fraîches avec la sortie de votre EP, quels sont les actus et projets ?    
Quentin: En attendant la sortie début mars, notre travail va s’orienter sur la promo et la comm, un clip est en préparation sur l’un des titres. On a prévu de lancer une campagne de crowdfunding sur le net pour nous aider à assurer le financement de cette partie-là, car même si on a réussi à réaliser le disque en autonomie, la réalisation de clips et le travail de promotion coûtent relativement cher. Ubikar sera ensuite en tournée à partir du mois de mars, une partie des dates est déjà annoncée, et on espère en trouver le plus possible d’ici la fin 2016. Parallèlement à tout ça, on est en train d’écrire une partie de la bande-son de la nouvelle création du Théâtre du Rivage, et on commence à réfléchir à nos envies, quelles directions prendre pour notre prochaine sortie, en 2017...

De l’importance des résidences… c’est une question qui revient souvent sur la [Scène Ouverte]. Vous avez notamment suivi une résidence artistique aux Abattoirs de Bougoin-Jallieu (38). Sur quels aspects vous êtes-vous particulièrement concentrés ? Que vous a-t-elle apporté, quelles avancées ?   
Quentin: On a effectivement eu la chance de faire partie des artistes accompagnés par Les Abattoirs dans le dispositif Trans’abattoirs, et avant ça, par la salle Le Bournot dans le dispositif Miz’ampli et par le Labo des Zic-zacs du CRR de Lyon. Tous ces dispositifs nous ont beaucoup apporté, notamment celui des Abattoirs, qui propose un programme établi en fonction des besoins du groupe accompagné. On y a surtout travaillé le rapport à la scène, les lumières, l’environnement autour de l’artiste (diffusion, promotion, etc.), mais pas que. Il y aussi beaucoup de modules collectifs et de répétitions avec des intervenants, grâce auxquels on a senti une vraie progression dans la maîtrise de notre projet.

De qui, de quoi auriez-vous besoin pour le bon développement du groupe ? De qui êtes-vous entourés actuellement ?   
Quentin: Actuellement, on travaille tout en interne, avec une équipe réduite (manager, chargée de communication et BlackPitch, une boîte de production montée par des copains), mais sans le soutien d’un label ou d’un tourneur professionnel. On travaille également avec une équipe technique qui nous suit depuis quelques années, et sur qui on peut compter, ainsi qu’avec un graphiste, Vincent Dubos, qui nous aide à décliner l’univers graphique d’Ubikar.  
Ce dont on aurait besoin... Tout ce qu’on demande, c’est que cet EP ait un bel accueil et qu’on puisse partir le défendre sur scène aux quatre coins de la France...

Pas de question, la voie est libre pour dire ce que vous voulez ! Bousculez le silence !    
Quentin: Continuez de venir voir des concerts, de faire la démarche de découvrir de nouveaux artistes, de prendre le temps de faire des choses qui n’ont pas d’utilité propre, de créer, de vous rassembler pour faire vivre les endroits où vous vivez... 

Dates de concerts (après le 15 février) :  
04/03: Release party Le Jack Jack (Bron, 69) + D-faz / Selekta Kabok
05/03: L'Embarcadère (Montluçon, 03) + No One Is Innocent
11/03: Le Château-rouge (Annemasse, 74) + Zone Libre
12/03: La Source (Fontaine, 38)
19/03: St Patrick's Night (Marsanne, 26) + Fat Bastard Gang Bang
26/03: Festival Reperkusound (Lyon)
31/03: Le Paloma (Nîmes, 30)
13/05: La Cordonnerie (Romans, 26)  
29/07: Festival Sous Les Etoiles, la place (Ambérieu, 01)
+ d’autres à venir...

Liens Internet : 
http://www.ubikar.eu/
www.facebook.com/ubikar
http://www.youtube.com/user/ubikarmusic

Crédit photo : Marion Pivot

Cette rubrique est aussi la vôtre, alors n'hésitez pas à envoyer vos productions pour être interviewé par Maritta Calvez à maritta[a]guitariste.com (remplacez le [a] par @).