Comme promis, nous retrouvons Charly Sahona pour la suite de l’entretien qu’il nous a accordé à l'occasion de la sortie de « Dawn Of A New Era », le nouvel album de Venturia. Nous en avons profité pour parler production, matériel de guitare mais aussi envies artistiques avec d’éventuels projets de nouveau disque solo. Et comme à son habitude, ce sympathique personnage se montre intarissable sur tous les sujets évoqués.

Au niveau de la production, vous avez passé un cap avec Kevin Codfert. Peux-tu me parler de cette collaboration ?
Charly Sahona : L'ingénieur du son donne vie aux titres et immortalise le son sur un album ce qui fait de lui un élément déterminant. Je connais Kevin depuis plus de dix ans déjà et ai toujours apprécié sa volonté, sa persévérance, son sens de l'optimisation et son perfectionnisme. Dès le premier album de « The New Kingdom », il a su s'adapter au caractère du groupe tout en lui apportant une identité sonore bien particulière. C'est la troisième fois que nous collaborons avec lui. Nous avons toujours été ravis du résultat et je trouve qu'il s'est encore surpassé sur « Dawn Of a New Era ». Le fait qu'il soit musicien accentue ses qualités de producteur/ingénieur du son. Nous sommes à l'écoute l'un de l'autre, ses remarques sont toujours judicieuses et pleines de bon sens. Il fait en sorte de s'adapter au groupe quand on lui présente des lignes directrices et il sait toujours quoi faire afin d'arranger et transcender chaque titre. Il convient parfaitement à Venturia.

Lydie Robin et Charly SahonaPour un groupe comme le tien qui fourmille d'idées mais qui ne peut malheureusement pas bénéficier de moyens financiers énormes est-ce que tu es parfois frustré du résultat sonore que tu obtiens lorsque vos albums sont finis ?
C. S. : Nous n'avons jamais été frustrés par la qualité de nos productions, car nous sommes entourés de personnes passionnées qui connaissent vraiment leur métier. Par contre, le manque de moyens se fait cruellement sentir sur un domaine très important dont le groupe a besoin afin d'évoluer: les tournées. Il faut savoir qu'il est difficile pour un groupe comme le notre de tourner et de trouver des premières parties. Tous les frais occasionnés pour une date sont conséquents. Faire une première partie sur vingt-cinq dates avec un groupe plus connu que le nôtre peut couter 30 000 euros, et même si le merchandising peut limiter la casse, des mécènes et des sponsors sont nécessaires. A ce jour nous ne les avons pas et, sans concert, il est très difficile pour un groupe de passer la vitesse supérieure.

Nous avons mis du temps avant de sortir notre premier album car en aucun cas nous ne souhaitions sortir hâtivement une démo améliorée. Nous avons eu la chance de pouvoir faire « The New Kingdom » en 2006 au moment ou les plug-ins et logiciels étaient en pleine effervescence et accessibles au grand public. Une production dans un grand studio avec que du matériel hardware coûte une fortune. Les outils virtuels sont vraiment incroyables et désormais à la portée de n'importe qui. C'est un peu comme si nous avions les moyens d'acquérir une Ferrari de compétition. Cependant, n'est pas Schumacher qui veut. De ce fait, nos productions n'ont absolument pas à rougir des autres grosses prods, genre Nightwish, pour lesquelles plusieurs dizaines de milliers d'euros sont investis rien que dans l'enregistrement et le mixage. Une production dix fois plus chère que la nôtre ne sonnera pas dix fois mieux, loin de là ! Alors après, je pourrais fantasmer sur le London Symphonic Orchestra dirigé par John Williams, engager une chorale d'une centaine de personnes, faire venir Rihanna en guest. Mais je fais en sorte de réaliser les choses avec ce que nous avons, qui est déjà très bien.

Es-tu toujours endorsé par Ibanez et Line 6 ? Peux-tu présenter ton matériel et ses spécificités ?
C. S. : Tout à fait. Je joue avec les guitares Ibanez et les produits Line 6 depuis plusieurs années maintenant et je suis très heureux et fier d'être représentant de ces marques. Je n'ai pas cherché le meilleur endorsement à tout prix mais celui des marques que j'aime. Concernant Line 6 j'ai tout de suite été séduit par le côté pratique et surtout innovateur de la marque. Mes premières expériences en tant que musicien professionnel avec du gros matériel n'étaient pas des plus faciles. Généralement, en studio, les amplis étaient mal repiqués. En tournée, c'était pareil. De plus, les conditions de voyage et de scène abimaient fortement le matériel. Le concept de modélisation de Line 6 a changé beaucoup de choses dans la vie des musiciens qui ne sont pas des rock stars.

J'utilise actuellement la série XD des micros chant HF et pour la guitare la série HD des derniers Pods, incroyables de versatilité, qui permettent d'avoir n'importe quel son , n'importe quel effet, adapté quel que soit le style et quel que soit le volume sonore. Ce sont des appareils très simples d'utilisation et pratiques à transporter. Après, si nous ne jouions que dans des gros stades avec une équipe de techniciens, je ne dis pas que je ne me laissera pas séduire également par du gros matériel , mais à ce jour, je suis toujours enchanté par Line 6. Concernant les guitares, j'utilise toujours différents modèles RG d'Ibanez (modèles 7 cordes principalement) que j'aime pour leur jouabilité ainsi que pour leur look. Je me suis toujours senti très à l'aise avec et elle conviennent parfaitement à mon style de jeu plutôt sportif.

On dirait que la « mode » des guitares 7 cordes est quelque peu passée mais tu y restes fidèle. Quelles sont tes motivations ? Font-elles partie intégrante du son Venturia ?
C. S. : Beaucoup de jeunes guitaristes ont voulu jouer avec ces modèles quand Korn et les autres groupes de nu-métal ont commencé à les utiliser. Cependant, la prise en main n'est pas aussi facile qu'avec les classiques 6 cordes et beaucoup d'entre eux ont délaissé cet instrument afin de désaccorder leur 6 cordes. Peu de marques commercialisent les 7 cordes, c'est un peu le même problème que les guitares pour gaucher. Pourquoi suis-je fidèle aux 7 cordes ? D'une part pour le Si grave qui permet de faire des riffs très graves et qui apporte plus de lourdeur et de profondeur au son. Tout en libérant une plage fréquentielle dans les hauts médiums qui permet par exemple aux synthés de bien s'imbriquer. D'autre part, étant guitariste soliste, j'ai besoin de l'accès aux aigus qu'apportent le mi aigu et la 24ème case. Donc oui, cet instrument fait partie intégrante du son Venturia, incontestablement même.

Tu souhaites faire un second album solo. A quoi pouvons-nous nous attendre sur celui-ci, qui arrivera donc rapidement après « Dawn Of A New Era » ? Et pourquoi ne pas tout de suite enchaîner avec un disque de Venturia, puisque vous vous étiez faits rares ces dernières années ?
C. S. : Il s'est passé beaucoup de temps entre l'écriture de « Dawn Of a New Era » et sa sortie . De ce fait, j'ai facilement trouvé le temps de composer douze titres dans un style orienté modern rock.
Cette fois-ci je laisse de côté la 7 cordes car mes quatre derniers albums sont basés sur des riffs heavy avec le Si grave. Je pense commencer l'enregistrement en tout début d'année prochaine avec un line-up différent et un second guitariste ! Je souhaite faire un travail de son et de textures guitaristiques différent. Il y aura bien sûr des solos et quelques acrobaties . J'oxygène un peu mon inspiration heavy afin de revenir au plus vite pour le quatrième Venturia, pour lequel nous avons déjà des idées.
J'attendais la sortie de « Dawn Of a New Era » afin de savoir comment l'album serait perçu et avant de me lancer dans la compo de son successeur. J'espère donc que 2013 verra également l'écriture complète du quatrième opus et pourquoi pas son enregistrement en fin d'année. Je le souhaite vivement en tout cas.  




Venturia - Dawn Of A New Era
Lion Music
www.myspace.com/venturiamusic
Venturia - Dawn Of A New Era (partie 2)