We All Die (Laughing) - Thoughtscanning

Publié le 28/05/2014 par Nicolas Didier Barriac
Jamais à court d’idées, Arno Strobl nous revient avec un long morceau d’une demi-heure baptisé Thoughtscan et enregistré avec son dernier compère en date : Déhà. L’occasion pour le duo de passer en revue pas mal de sous genres de metal et même de s’aventurer à quelques reprises en territoire inconnu. Et l’occasion pour nous de prendre la température du côté de l’ex-leader de Carnival in Coal.

En juin dernier, tu nous disais que ta mission avec 6:33 était terminée. Mais tu nous parlais aussi de We All Die (Laughing). L'album a-t-il évolué durant ces quelques mois ou était-il déjà prêt depuis un moment ?
Arno Strobl : Il faut savoir que « Thoughtscan » (le titre) était déjà composé bien avant que Déhà et moi nous rencontrions. Il m’a soumis ce morceau en me disant très humblement : « Est-ce que tu penses pouvoir faire quelque chose là-dessus ? ». Nous avons bien sûr réarrangé quelques parties ensemble et bossé sur la structure et le chant, mais la première version instrumentale était déjà très proche du résultat qui est aujourd’hui dans les bacs. Elle a juste perdu environ 5 minutes dans l’opération car nous avions à cœur que le morceau ne tombe à aucun moment dans la redite. C’est un exercice périlleux de par sa durée, et nous voulions mettre toutes les chances de notre côté afin d’en faire quelque chose de réussi qui ne soit pas ennuyeux pour l’auditeur.

On entend un grand nombre d'influences sur cet album. Pas forcément les mêmes que chez Carnival In Coal mais en tout cas il y a la même envie de fusionner des sonorités qui n'ont à priori rien à voir. C'est quelque chose d'important à tes yeux ?
A. S. : C’est naturel plus qu’important, surtout au fur et à mesure que les années passent. Même si le metal constitue toujours le « terreau » des projets dans lesquels je chante, je me suis intéressé à bien d’autres choses ces dernières années. Le jazz est un goût que je partage avec Déhà, donc il était évident que certaines sonorités, comme celle du piano électrique, seraient invitées à la fête. Mais je ne cherche pas à tout prix à mélanger pour mélanger : c’est exactement comme en cuisine. J’aime manger un bon plat traditionnel mais j’adore essayer de créer des nouvelles choses en mariant des ingrédients pas toujours réputés pour aller ensemble. En l’occurrence il était surtout important sur « Thoughtscan » de jouer sur les ambiances et les textures sonores afin qu’elles soient en adéquation avec le texte qui est très fort, très sombre, et qui nous tenait beaucoup à cœur.

Avec un unique titre dépassant la barre des 30 minutes, on pense forcément à un moment ou à un autre à Edge of Sanity voire à Green Carnation. J'imagine que toi aussi. Quels sont quelques autres artistes ou groupes qui te traversent la tête lorsque tu écoutes Thoughtscan ?
A. S. : Certains passages me rappellent Opeth, certains autres Katatonia, mais je dirais que le groupe auquel We All Die (Laughing) me fait le plus penser est sans conteste Shining (celui de Kvarforth, bien sûr). C’est d’ailleurs pour cela que j’ai tenu à le remercier dans le livret de l’album. Niklas est une grande source d’inspiration pour moi et je regrette que beaucoup de gens ne perçoivent en lui que le côté « punk défoncé ». 

Pourquoi avoir intitulé l'unique morceau de l'album Thoughtscan et l'album lui-même Thoughtscanning. Les Français veulent savoir !
A. S. : Très bêtement parce que nous avons longtemps tergiversé sur les deux, et qu’au final, en désespoir de cause et parce que nous n’arrivions pas à choisir, nous avons décidé d’intituler l’un comme ceci et l’autre comme cela afin que les deux titres existent. Je suis bien conscient que tu dois être très déçu du caractère tristement insignifiant de ma réponse, et j’aurais aimé avoir une anecdote croustillante à te raconter, mais je les garde pour l’interview du « Nouveau Détective ».

Comment se passe l'enregistrement d'une telle bête ? Et la promotion ? Peut-on envisager un clip, par exemple ?
A. S. : L’enregistrement se passe en deux fois lorsque (comme cela nous est arrivé) le disque dur qui contient l’album terminé plante et qu’il faut tout refaire de zéro. Ce qui explique d’ailleurs le retard qu’a pris le CD, initialement prévu pour l’automne 2013. Mais c’était un mal pour un bien car cette seconde version nous a permis de mettre le doigt sur certains détails qui nous avaient échappé lors du premier enregistrement. Après, il est certain que promouvoir un tel bestiau n’est pas chose aisée, ne serait-ce que pour passer en radio ou sur les samplers des magazines. Nous avons la chance jusqu’à maintenant d’avoir des avis quasiment unanimes sur l’album, donc j’espère que le bouche à oreille fonctionnera bien. Il devient tellement dur de vendre des disques… Quant au clip, l’idée nous taraude… Mais tu en sais déjà trop.

Il y a une bonus track avec la reprise de Back To Black (Amy Winehouse) qui rappelle certaines réalisations de ton passé. Pourquoi avoir choisi cette artiste ? C'est son côté dépressif qui a résonné en toi (rires) ?
A. S. : Non, du tout : c’est Nicolas, le boss de notre label Kaotoxin, qui nous a suggéré cette chanson. Déhà et moi aimons bien Amy Winehouse, mais je ne pense pas que nous aurions spontanément eu l’idée de reprendre ce titre. Comme Nicolas est quelqu’un dont la parole nous importe énormément, nous avons suivi son idée et je ne le regrette pas du tout. Il y a clairement des points d’achoppement entre l’univers d’Amy Winehouse et celui de We All Die (Laughing) (la dépression et le jazz, pour n’en citer que deux). Nous avons plusieurs covers en projet pour un futur EP, et je peux te garantir qu’il y aura parmi les artistes repris des noms BEAUCOUP plus surprenants encore. 

J'ai lu que Déhà t'avait contacté sur Facebook pour te proposer une collaboration sur ce qui allait devenir We All Die (Laughing). Qu'est-ce qui t'a motivé à le suivre lui plutôt qu'un autre car selon des sources bien informées tu ne recevrais pas moins que 800 demandes de collaboration par jour (400 les week-ends) ?
A. S. : Les demandes de collaboration sont nombreuses effectivement, mais tu distingues très vite quelqu’un qui te contacte parce qu’il veut profiter de ton (petit) nom et quelqu’un qui a clairement envie de faire quelque chose avec toi pour l’amour de l’art. De plus, nos premières conversations avec Déhà étaient en rapport avec Maladie, le groupe allemand dans lequel il joue. Ce n’est qu’ensuite que l’idée de faire quelque chose ensemble nous est venue, et c’était une envie commune.

En dehors de We All Die (Laughing), as-tu des fourmis dans les jambes sur d'autres projets ?
A. S. : J'ai intégré pour un concert unique GNÔ, le groupe metal de Christophe Godin, rebaptisé e-GNÔbl pour l’occasion. C’est une commande d’un festival qui s’appelle « Guitares En Vignes », et qui a eu lieu à Belley dans l’Ain le dernier week-end de mars (nous avons joué le 28). Nous y interpréterons des titres de GNÔ, bien sûr, mais également des morceaux de mes différents projets, ainsi que des reprises et plusieurs titres écrits ensemble spécialement pour l’occasion. Si tout se passe comme prévu, le tout devrait être enregistré en vue d’un album live.


Avec tout ce que tu as accompli au fil des années, qu'est-ce que tu n'as pas encore réussi à faire musicalement et qui te tient à cœur ?
A. S. : Tous mes projets sont toujours le fruit de rencontres, donc il est difficile de répondre à cette question. Dans l’absolu, j’aimerais beaucoup pouvoir bosser sur un album complet de swing, de funk, de techno-thrash, ou de death metal. Cela se fera peut-être un jour, au hasard d’une conversation Facebook. Mais je crois que par-dessus tout, ce qui me tient à cœur et que je n’ai encore jamais réussi à faire en musique, c’est gagner de l’argent. (rires)

Concernant Carnival in Coal : des nouvelles dans les tuyaux ? Sur scène ou sur album ?
A. S. : Il n’y aura pas de nouvel album puisqu’Axel et moi ne sommes plus en contact et que sortir de nouveaux titres de Carnival in Coal écrits l’un sans l’autre n’aurait aucun sens. En revanche je vais faire quelques dates au printemps, entouré de quelques très bons musiciens de mes amis afin de célébrer les 15 ans de « Vivalavida ». J’insiste bien sur le fait qu’il ne s’agit aucunement d’une reformation du groupe. Il faut plutôt voir cela comme un « tribute band », constitué de la moitié du groupe d’origine. Après tout, je suis moi aussi dépositaire de cette musique et l’interpréter me paraît légitime. Quand un couple divorce, on ne jette pas les enfants.

We All Die (Laughing) - Thoughtscanning
Kaotoxin Records
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