L’heure de la sortie officielle du second album de ZEM, Freedom Machine, a sonné. Tonitruant, tout en force tant musicalement qu’émotionnellement, tout passe par la sincérité des notes et des mots. Du rock plein les veines, des guitares aux riffs impressionnants de guitar hero, une rythmique étonnante qui, sans gêne, invite des sonorités jazz fusion, un clavier libre, et cette voix… cette voix si présente qui vous pénètre au plus profond de votre âme… Laissez-vous faire parce que Zem, ce qu’il veut, c’est donner, et plus vous prendrez, plus il donnera. No limit ! Et c’est sans compter avec des arrangements en total accord avec l’esprit de notre homme qui n’est pas à la recherche du son parfait, mais bel et bien d’authenticité. Et puis bien sûr, on ne peut pas passer à côté du fait que le mastering a été dirigé de main de maître, à savoir par Geoff Pesche d’Abbey Road… No comment.

Nous nous étions rencontrés juste avant l’enregistrement de l’album, maintenant qu’il est là sur la platine, tu vas nous en parler ! Pour un homme de scène, la difficulté de l’enregistrement ne réside-t-elle pas dans le fait d’entendre ses titres « figés », d’arrêter de les travailler finalement ?
Zem : Non. Je pense que l’enregistrement offre la possibilité de figer la chanson et d’assumer la couleur dans laquelle on la fige, c’est là tout le travail. Quand je sens que les couleurs d’arrangement sont en intégrité avec l’émotion de la chanson, c’est qu’on a trouvé la vérité à 100 %, donc ça y est, on peut enregistrer. L’enregistrement pour moi, c’est juste une vérité figée ! Après, les vérités sur scène se modulent parce qu’il y a en plus toute l’émotion du public. Je ne vais pas seulement chanter ce que la chanson raconte, mais aussi les émotions que le public m’envoie. Si les gens sont heureux, ils me transmettent leur bonheur et je vais le chanter. Au contraire, si les gens sont un peu énervés, noirs ou glauques, je vais chanter de façon plus agressive, plus dark, ou plus libre.

Mais en studio, il n’y a pas ce retour public, c’est donc l’énergie des musiciens et la tienne. L’enregistrement des titres a dû être une aventure de chaque instant. Comment ça s’est passé ?
Zem : On a longtemps travaillé les titres et les arrangements sur scène, on a cherché. On a même réenregistré des titres qui étaient sortis en single, Watch your step et How come. Les gens les redécouvre. Watch your step dure sept minutes sur l’album quand elle n'en faisait que 3 auparavant. Elle est le lien entre le single et l’ouverture de l’album puisque c’est la première. C’est elle qui va t’emmener sur tout le reste de l’album si tu l’écoutes jusqu’au bout, elle ouvre une porte qui présentera la suivante. L’album a été conçu comme ça, comme une espèce de manège émotionnel dans lequel il y a des parcours de vie différents, par rapport à la liberté aussi, parce que la liberté a un prix. Dans ce manège, tu passes par tous les chemins où tu dois passer pour avoir cette sensation de liberté.

Et sur ce manège, il y avait tes musiciens. C’était la première fois qu’ils enregistraient avec toi, même si ça fait quelques temps maintenant que vous jouez ensemble.
Zem : Oui, ils avaient enregistré le single, mais c’était la première fois qu’ils enregistraient un album en studio. Ça a été un bon moment parce que ça leur a apporté beaucoup de choses, et j’ai partagé ça avec eux. Je me suis souvenu de l’enregistrement de mon premier album et du coup, j’avais le recul de les voir le vivre. C’était génial !

Ils ont beaucoup participé, jusqu’à la création des titres ?
Zem : Oui, on a énormément bossé. De toute façon, j’arrive avec la base de la chanson en guitare-voix, ensuite, je leur laisse carte blanche pour broder leur vérité. Je ne voulais pas être tout seul à chanter mes chansons avec quatre musiciens derrière qui jouent. Il faut que la chanson leur appartienne aussi, qu’on soit liés sur scène.

Vous l’êtes, aussi bien sur scène que sur l’album, ça se sent. Il a été enregistré en grande partie à l’Alhambra à Rochefort.
Zem : Toutes les prises ont été faites à Rochefort, les voix et les mix au studio Mercredi 9 à Paris avec Frédéric Carrayol, et le mastering à Abbey Road.

A chaque studio son étape d’enregistrement, mais chaque studio a son atmosphère propre, ça a dû compter et avoir une influence ?
Zem : Oui, absolument. Il faut créer une atmosphère dans chaque étape. Quand on fait les prises, c’est le moment où on va livrer nos émotions au quotidien, on a donc besoin d’être enfermés dans une « bulle » pendant un mois ou deux, de se balader en pyjama avec le studio ouvert 24 heures sur 24 pour venir et s’asseoir dès qu’on sent que ça monte. Être tout le temps ensemble et vivre dans les chansons. C’est pas évident et ça demande un certain nombre de moyens. Pour cet album on les avait, alors c’était une très belle expérience à vivre.
Ensuite, on est partis à Paris pour faire les mix et les voix. Là, il fallait une ambiance plus calme et plus solitaire pour Frédéric Carrayol et moi-même. On a bossé de façon très intime sur les voix. Il a énormément de talent en ce qui me concerne, parce qu’il arrive à me driver, à me mettre à l’aise. Lui, ce qu’il veut, c’est qu’on enregistre la vérité, pas quelque chose qui « sonne bien ».

Ce qui te correspond très bien…
Zem : Oui, même si je fais une prise parfaite mais que celle d’après a plus d’émotions, il prendra celle-là. Et pour moi, c’est super important.

Tu me disais déjà ça de ta guitare. « Une guitare trop sophistiquée, je n’arrive pas à la faire sonner ».

Zem : Oui, c’est le genre de musique que je fais, je pense. Et enfin, Abbey Road pour le mastering.

Eh oui ! Abbey Road !

Zem : J’aurais bien voulu passer une semaine de plus là-bas ! Mais au prix où ça coûte, c’était injouable. Je m’en souviendrai toute ma vie…

J’imagine ! C’est impressionnant ?
Zem : J’ai tout fait pour, donc il ne faut pas que je m’étonne. Je pense que c’est important que j’apprenne à connaître la différence entre ce qui devrait m’étonner parce que je trouve que c’est beaucoup par rapport à ce que je fais, et ce que je devrais assumer parce que c’est moi qui l’ai demandé. Je ne devrais donc pas dire « oh, waouw ! Comment ça se fait que je suis à Abbey Road ? » Je suis à Abbey Road parce que j’ai tout fait pour y arriver, donc voilà !

Alors pourquoi ce choix, pour le symbole ?
Zem : Non, même pas. Frédéric Carrayol travaille beaucoup avec eux. Et pour la musique que je fais, quand tu sais que c’est Geoff Pesche qui fait le mastering, t’as moins peur déjà ! J’avais confiance. A un moment, j’ai dit « on devrait peut-être le faire plus comme ça… », il m’a répondu « Ben non, on ne le fait pas plus comme ça, on va plus loin que ça… ». Tu ne peux rien lui dire, parce que, qu’il ait raison ou non, il a son avis et puisque ça fait 30 ans qu’il fait ça et que moi ce n’est que mon 2e mastering, je pense que je devais l'écouter ! Il faut laisser faire les autres dont c’est le métier. Le mastering est vraiment un métier à part entière. Mais c’est génial, je suis très content !

Qu’as-tu envie de dire de cet album ?
Zem : Si je voulais une réponse par rapport à la finition d’un album, pour savoir si je l’ai fait correctement, j’ai besoin de savoir si j’ai été honnête tout au long. Et comment je peux savoir si j’ai été honnête ? C’est seulement si je me mets à réécrire tout de suite après.

Et ?
Zem : C’est ce que j’ai fait !

C’est vraiment le fil conducteur chez toi, l’honnêteté.

Zem : Je crois oui, c’est l’huile du moteur. Si tu n’en mets pas, le moteur pète et c’est fini.

Tu veux nous dire un mot sur l’illustratrice de la pochette ?

Zem : Marie Meier (http://www.mariemeier.org) ! Elle a fait un boulot incroyable. Elle avait déjà commencé à dessiner parce qu’elle connaissait le premier album. Elle avait fait des dessins de moi que j’ai retrouvés sur Internet. Je l’ai contactée et lui ai demandé si elle était éventuellement intéressée pour travailler avec moi sur le second. Elle était ravie ! Je lui ai juste donné le thème, un parc d’attraction avec une grosse bouche, et elle m’a envoyé cette image.

http://www.zem-music.com
Photo © Yann Werdefroy 

ZEM – En route pour la Freedom Machine