Meloduende B-Bones

Publié le 18/12/2015 par Erig Lebadec
Le duo infernal des Meloboys, composé de Bertrand et de Jeremy, a vraiment le vent en poupe. La marque Meloduende a su s'imposer en grand nom de la lutherie en assez peu de temps et à l'échelle internationale avec leurs guitares en aluminium. Les premiers modèles des deux sidérurgiques et sidérants bourguignons à avoir fait grand bruit sur la toile furent l'étonnante Skull Custom, instrument en forme de tête de mort conçue pour Yodelice et la classieuse guitare fabriquée pour Johnny Hallyday, inspirée de la Gibson 335, décorée de crânes bleus rétroéclairés. S'ensuivirent les commandes par de prestigieux musiciens de scène comme Billy Gibbons, Nicolas Sirkis, CC de Shaka Ponk, Serge Teyssot-Gay, Scott Holiday de Rival Sons (heureux possesseur de la B-Bones qui fait l'objet de ce test) parmi tant d'autres. On l'aura compris, les guitares Meloduende se voient de loin et sont taillées pour le show. Voyons de près ce qu'elles ont dans le ventre.

CONCEPTION
La B-Bones est donc la version Meloduende de la Gretsch Billy-Bo, guitare initialement dessinée par Bo Diddley dans les années 50. Il s'agit d'une forme relativement prisée des luthiers rock'n'roll. Ne serait-ce qu'en France, Wild Customs, Roadrunner, DNG en ont fait de remarquables versions. Mais ici, comme à l'habitude pour les frangins dijonnais, le corps de l'instrument est fait uniquement d'aluminium. Plus précisément d'aluminium 6061, savant alliage très prisé dans le domaine de l'aéronautique et présentant des qualités acoustiques très satisfaisantes. Le corps n'est évidemment pas plein : la conception des guitares en aluminium a beaucoup de points communs avec les guitares à caisse ou tout du moins les lutheries thinline, offrant un timbre particulier entre la véritable solid body et les demi-caisses. Hormis le look ravageur du métal, l'utilisation de l'aluminium est aussi intéressante pour ses propriétés isolantes. En effet, sur le principe de la fameuse « cage de Faraday », l'électronique est fortement protégée des rayonnement parasites des éclairages et autres champs électromagnétiques, sources de bruits indésirables et de vilains buzz souvent rencontrés dans les salles de concerts.

L'électronique et le hardware de la B-Bone sont assez similaires à ceux de son homologue Gretsch, à ceci près que le contrôle de master volume a été supprimé. On y trouve deux micros TV-Jones Powertron, leurs potentiomètres de volume respectifs, une tonalité générale et un sélecteur à trois positions. Un vibrato Bigbsy se trouve entre le cordier et le chevalet. Le manche est au diapason 24 ¾, de type Gibson donc, et profilé en forme de V assez prononcé. Le manche est en palissandre (touche et corps) de qualité irréprochable et très aéré, annonciateur d'un grand sustain et permettant de savoureuses articulations. Evidemment, toutes ces spécifications sont sujettes à modifications selon vos souhaits, puisqu'il s'agit d'une guitare de luthier, et non de série.

A la prise en main, sans la brancher, la B-Bones respire la noblesse, mais aussi la révolte. Elle résonne énormément, on sent bien les vibrations du corps tout entier dans le ventre et celles du manche dans la main gauche, tel un hotrod que l'on peut faire défiler tranquillement au pas devant une foule de badauds mais aussi à qui l'on peut faire exécuter un freinage à 180° au bord d'une falaise. L'attaque est brillante, franche et laisse vite place à la rondeur et aux fréquences graves. On a presque l'impression d'entendre une guitare manouche. Le poids est sensiblement supérieur à la Gretsch, mais il est bon de rappeler que cette dernière est une guitare particulièrement légère. A vide toujours, on note un timbre plus creusé dans les médiums et un peu plus de sustain que la Billy Bo originale, bien que le mood général soit très similaire. Branchons là maintenant !

SONORITES
Il fallait s'y attendre. La B-Bones fait mouche à chaque fois. Dans les contextes blues, pop, heavy rock, indie, stoner, voire jazzy, en clair comme en saturé ou franchement fuzzy la Meloduende s'exprime avec brio. Les caractéristiques sonores observées à vide se retrouvent dans le spectre de l'instrument branché. Ce n'est pas le propre de Meloduende évidemment, mais lorsqu'une guitare est satisfaisante à vide, elle le sera également dans un ampli. Toutes les articulations sont rendues à merveille et l'on pourra si l'on a assez de savoir faire, faire ressortir chaque note comme on le désire : tantôt en privilégiant l'attaque, le twang, le growl ou au contraire faire ressortir le feutré d'une note dénuée d'attaque. C'est une guitare rock au sens très large, rappelant de manière évidente Billy Gibbons, lorgnant vers Jimmy Page mais aussi leur kyrielle de descendants directs comme Josh Homme et Jack White.  

Ayant eu la chance de jouer une bonne demi douzaine de guitares Meloduende (type Telecaster, CC Custom, weisseborn etc...) sur scène comme à la maison, je peux sans trop hésiter dire que tous leurs instruments ont un mood commun : une réponse en fréquences légèrement creusées dans les médiums, une dynamique énorme et un équilibre frappant entre les notes les plus graves et les plus aigues.  La B-Bones n'échappe pas à la règle, tout en gardant nombres de ses aspects originaux inhérents à la lutherie Gretsch, à savoir un timbre rappelant celui du piano, permettant de percevoir distinctement chaque note d'un accord complexe même à fort taux de saturation mais également celui de la guitare manouche, c'est à dire une attaque franche et courte, jamais agressive ainsi qu'un une production de fréquences basses très généreuse, parfois même un peu envahissante si l'on amène son jeu main droite sur le terrain du metal/palm mute. Mais là n'est pas son propos.



EN CONCLUSION
Les Meloboys méritent leur succès. Leurs guitares sont racées, non consensuelles, classieuses. Pour un prix oscillant entre 2500 et 3500 euros, selon les modèles et vos spécifications, vous pouvez vous offrir un instrument absolument tout terrain, solide, qui ne vous lâchera pas, au look inimitable, et qui ne devrait pas perdre de sa cote avec le temps compte tenu du sérieux de la réputation de Meloduende.

Prix public : 3780 euros livré en étui

Les plus :
 Le look qui se voit de loin
 La nervosité, le rendu fidèle des articulations

Les moins :
 Ca fait un peu froid sur les cuisses si on joue en culotte le matin au réveil. Sinon, néant !

 

Le site de ma marque : http://www.meloduende.fr/

 

Commentaires

# Publié par Kazinski le 18/12/2015 à 20:26
Je suis Dijonnais et je connais leurs guitares.
Pour les "non Bourguignon", faites un détour par chez eux, ça le vaut.
Superbes instruments, et surtout beaucoup d'inspiration et de savoir faire.