Les Guitares au Beffroi de Montrouge édition 2015 nous ont encore permis de belles rencontres. C'est Michel Haumont, accompagné ici d'une guitare d'Eric Darmagnac et une autre des frères Châtelier, qui nous livre ses impressions sur l'exposition.

Après ce petit tour de salon, quelle impression en retires-tu ? 
Michel Haumont: Sur l’affiche est marqué « Salon de la belle guitare ». Et pour le coup, ce n’est pas de la publicité mensongère car il y a vraiment plein de très belles guitares. Je me suis vraiment régalé, car comme tout guitariste, je suis toujours très ému par la passion et le talent des luthiers qui, s’ils sont tous différents, ont en commun cet amour de l’instruments qu’on partage, nous autres guitaristes.
J’ai fait le tour du salon, c’est très varié, très bien organisé, on circule aisément, on peut essayer les instruments, j’ai eu plaisir à retrouver des luthiers que je connais et à en découvrir de nous nouveaux, bref un grand merci pour ce moment !

Quelqu’un en particulier t’ inspire cette réflexion ?
MH : Comme tu vois, je ne suis pas venu les mains vides. Un guitare qui me plaît en particulier est celle d’Eric Darmagnac. J’aime bien ce modèle, déjà parce que j’affectionne les petites caisse et que celle-là est physiquement agréable à jouer et particulièrement réussie. C’est un bois original dont j’ai oublié le nom, mais qui donne une couleur très chaude et profonde au son (il nous fait une petite démo ce disant). Je crois que c’est sa 50eme guitare et c’est vraiment un instrument d’exception qui, si je n’étais pas attaché à celle que je possède déjà, pourrais la remplacer avantageusement !
Une autre quitare qui m’a tapé dans l’œil ou plutôt dans l’oreille, est celle des frères Chatelier. Ils l’appellent « Long Neck » car le manche est effectivement plus long que sur les guitares habituelles et elle est accordée un ton en dessous du diapason normal qui lui donne une profondeur, un gros sustain (il nous fait une démo là aussi). On a l’impression de jouer dans les bas mediums d’un piano avec la pédale de sustain. 

C’est ce qui m’épate toujours dans la guitare de luthier, c’est que chaque guitare, bien au-delà de l’aspect fabrication, des bois ou du type de barrage utilisé, des différents styles ou écoles,  pourrait devenir la guitare de ses rêves, c'est-à-dire celle sur laquelle on se sent bien et sur laquelle on peut s’exprimer.

Quelle serait la guitare de tes rêves justement ?
MH : Il y en énormément. Je pense que ça correspond surtout à un moment, au plaisir qu’on a à jouer la guitare. Pour moi, une bonne guitare est celle sur laquelle je peux arriver à raconter ce que je veux. Ça veut dire être à l’aise, pouvoir nuancer ce que je joue de la manière dont j’ai envie. Je ne suis pas luthier, je ne pourrais donc pas expliquer de la même façon pourquoi telle guitare est meilleure qu’une autre, donc pour moi ça se résume à des choses toute bêtes comme la largeur du manche, des cordes, du corps, de l’équilibre,de la projection, etc. C’est très subjectif. Au final, comme on peut avoir plusieurs rêves, on peut aussi avoir plusieurs guitares de ses rêves.

Cela pourrait te motiver à partir dans d’autres directions dans la composition de tes morceaux ? 
MH : Oui certainement. De la même façon, si on garde la même guitare en changeant d’accord, si on se met en open tuning ou si on met un capodastre, ça peut donner d’autres idées. Donc oui, bien sûr que la matière sonore de la guitare influence les compositions mais pour autant ce n’est pas déterminant. Je veux dire par là que la composition devrait pouvoir s’adapter à toutes les guitares.

Quelle est ton actu ?  
MH : J’ai beaucoup joué à l’étranger tout cet hiver suite à la sortie de mon album en début d’année dernière qui m’a permis de beaucoup de tourner et faire des concerts notamment en asie. 
Sinon, actuellement je travaille beaucoup sur les compositions d’un nouvel album et puis bien sûr quelques concerts en prévision et des festivals pour cet été.

Guitare au Beffoi : Entretien avec Michel Haumont