Un nouveau membre et le retour d’un ex-membre suffiront-ils à redynamiser la musique d’un groupe qui tourne en rond depuis dix ans ? C’est peut-être la question que s’est posée Oscar Dronjak, le squelettique guitariste suédois, au moment de mettre en boîte No Sacrifice No Victory, un album qui innove juste ce qu’il faut pour un groupe aussi rigide et prévisible que Hammerfall. En attendant, nous en avons d’autres, de questions, à lui soumettre. « Allô, Oscar ? »


Stefan Elmgren a quitté le poste de guitariste au sein d’Hammerfall pour devenir pilote ! Est-ce que c’était quelque chose qui pendait au nez du groupe ou est-ce que finalement c’était une surprise pour vous ?
Oscar Dronjak : Bien entendu, on ne devient pas pilote du jour au lendemain donc nous connaissions sa passion pour le vol. Il a beaucoup travaillé et étudié pour devenir pilote. Il étudiait beaucoup en tournée, par exemple. Ses livres ne le quittaient jamais. Donc ce n’était pas une surprise dans l’absolu mais c’était tout de même surprenant que cela arrive précisément à ce moment-là. Pour Stefan lui-même ce fut assez surprenant car il ne s’attendait pas à recevoir une offre en 2008. Il pensait attendre 2010 au moins.

Vous restez en bons termes avec lui ?
Oscar Dronjak : Tout à fait ! A titre personnel, je me suis toujours très bien entendu avec lui et son départ ne changera rien à cela. D’ailleurs il joue un solo sur No Sacrifice No Victory et a même composé un titre avec Joacim Cans. Il remonte à la période d’avant son départ, évidemment, avec son approbation nous avons décidé de l’inclure sur l’album.

Comment avez-vous choisi son remplaçant ? Tu avais déjà une liste de personnes potentiellement intéressées (rires) ?
Oscar Dronjak : Pas vraiment car nous avons été pris de court ! Je n’avais personne sur le banc de touche ! Nous nous sommes réunis pour envisager les différents profils de guitaristes. Joacim a eu l’idée d’appeler Pontus Norgren de The Poodles pour avoir des idées de nom de gens sur Stockholm car nous ne connaissions des musiciens qu’à Göteborg. Du coup, Pontus s’est recommandé lui-même (rires). Il cherchait apparemment depuis un moment à quitter The Poodles car il aimait mieux notre musique un peu plus heavy que la leur. Nous connaissions bien Pontus car nous avions tourné avec The Poodles l’an dernier. De ce fait, nous n’avons pas vraiment considéré d’autres gars pour le poste même si nous avons fait passer quelques auditions. De plus, notre batteur est ami avec Pontus depuis de très nombreuses années, ce qui ne gâche rien.

C’est avant tout une question de feeling…

Oscar Dronjak : On ne choisit pas sa petite amie comme ça, au hasard. Ici, c’est pareil. Du point de vue de la guitare, il est très qualifié mais il a aussi d’autres cordes à son arc. En effet, il est producteur et a déjà officié comme ingénieur du son pour des concerts de groupes comme Europe. Ce n’est pas rien ! En tout cas il fallait bien trouver quelqu’un car notre son doit beaucoup au jeu en twin et en tant que soliste je ne suis pas assez bon pour faire les choses moi-même.

En tant que guitariste, quelle différence sens-tu maintenant que tu joues aux côtés de Pontus et non plus de Stefan ?
Oscar Dronjak : Stefan était très bon également mais son style n’avait pas grand-chose à voir avec celui de Pontus ! Pontus est plus précis et il « attaque » mieux les notes. Je n’ai joué en concert que deux fois pour le moment avec Pontus donc mon jugement risque d’évoluer mais je pense pouvoir dire que je suis plus à l’aise avec lui. Il me donne confiance en mon jeu sans que je sache véritablement pourquoi…

Du coup, est-ce que No Sacrifice No Victory a une texture différente des albums précédents à cause de cela ?
Oscar Dronjak : Oui. Et cela est aussi dû au retour de Fredrik Larsson qui n’avait plus joué avec nous depuis dix ans. Ils nous ont amené de l’énergie et de l’excitation. Fredrik est sans doute également mon meilleur ami donc je suis content qu’il soit de retour. Il joue nettement mieux avec Anders que Magnus, notre ex-bassiste. Ils ont un meilleur groove ensemble et cela est sans doute dû au fait que Fredrik utilise un médiator.

Musicalement, quelle impulsion représente No Sacrifice No Victory ?
Oscar Dronjak : C’est un album qui arrive à un moment de notre carrière où nous n’avons jamais été aussi bons. Au niveau personnel en revanche, ce fut le pire moment de ma vie pour pleins de raisons à la con. Du coup, la musique s’en est ressentie puisque nos chansons se fondent sur les émotions du moment. Je pense qu’au final cela aura enrichi certains passages. Sinon, notre ambition sur ce disque a été identique à celle de tous les autres : faire le meilleur disque de heavy metal possible. Je pense que nous avons été plus loin que d’habitude pour plusieurs raisons. Premièrement : l’intégration de Pontus et Fredrik dont nous avons déjà parlé. Deuxièmement : nous sommes de plus en plus mûrs. Je pense que je suis devenu mûr avec un peu de retard (rires). J’ai 36 ans et je me sens comme si j’en avais 28. Mais à 28 j’en avais 18 mentalement (rires) ! Tout ceci a aidé à faire de No Sacrifice No Victory un album plus « grand » que d’habitude. Interprétez cela comme vous le voulez mais en tout cas c’est un disque complet.

Est-ce que votre producteur Charlie Bauerfeind a été aussi impliqué dans son rôle que précédemment ? Après toutes ces années, vous devez quand même savoir ce que vous voulez par vous-mêmes…

Oscar Dronjak : Elle a fait le même travail que par le passé. Néanmoins avec l’arrivée de Pontus, ils ont pu discuter de trucs à faire sur Pro Tools. Ils sont tous les deux passionnés de cet aspect des choses et moi ça me gonfle au plus haut point ! Je cherchais simplement à bosser, pas à entendre deux gamins dans une chocolaterie (rires). Toutefois, leurs échanges répétés ont permis au disque de devenir aussi bon. Charlie est toujours un élément essentiel de notre musique et je ne vois pas qui nous pourrions choisir pour faire un meilleur travail.

Toi et la production c’est une histoire d’amour qui ne pourra jamais avoir lieu ?
Oscar Dronjak : (rires) Je m’intéresse aux trucs concrets. Par exemple les sons de guitare et pas la manière dont on doit positionner un micro pour enregistrer tel ou tel truc. Evidemment je pourrais me forcer mais de toute manière je pars de zéro et donc j’aurais besoin d’années et d’années de boulot pour arriver au niveau auquel ils sont… Pour eux ce sont de vrais et beaux défis que d’innover dans les façons d’enregistrer. Moi je préfère relever d’autres défis et battre mes scores à des jeux vidéos (rires) !



Hammerfall – No Sacrifice No Victory
Nuclear Blast
www.hammerfall.net
Hammerfall : Oscar Dronjak parle du nouveau line-up