Faire une interview de Patrick Rondat au Salon de la musique relève du parcours du combattant-journaliste : la notoriété du guitariste français est telle que sa présence attire une nuée de fans avides d’autographes. Entre une signature de médiator et une photo-souvenir de notre shredder national, lever de rideau sur un projet étonnant. Nicolas Gardon

Guitare Live : Le stand Ibanez semble être un repère de fans de Patrick Rondat. Pas trop étonné ?

Patrick Rondat : Je suis surtout content. Je suis souvent en contact avec des gens qui me suivent régulièrement, c’est une vraie reconnaissance de mon parcours. C’est avant tout une notoriété liée à mon travail et non pas à une quelconque histoire de mode ou de look. Mais il faut aussi relativiser : je n’ai rien d’une star.

Guitare Live : Sur quel projet travailles-tu actuellement ?

Patrick Rondat : Sur quelque chose de très différent de ce que j’ai pu faire jusqu’à présent : un duo avec un pianiste classique, Hervé N’Kaoua. Il est aussi professeur au conservatoire de Bordeaux. Nous allons enregistrer un ensemble de pièces classiques, sans aucune composition. Ce sera la guitare électrique et le piano, sans aucun overdub.

Guitare Live : Comment s’est passée la première rencontre avec Hervé N’Kaoua ?

Patrick Rondat : C’était lors d’un échange culturel organisé par la ville de Talence, qui avait réuni des artistes venus d’univers totalement différents. Pour Hervé, le rock était un monde complètement inconnu. Mais la rencontre a été fructueuse avec cette idée de disque.

Guitare Live : On peut supposer que cela t’a demandé une certaine remise en question.

Patrick Rondat : Pour moi, c’était un saut vers l’inconnu avec toutes les difficultés que cela entraîne. Il a fallu que je travaille les positions, que je ne m’autorise aucune improvisation : sur un album de rock ou de métal, si, lors d’un solo, tu fais une note qui n’était pas prévue à l’origine mais qui sonne, tu peux la garder. Là, pas question : lorsque je joue ces pièces, leur écriture est figée, je ne peux pas m’autoriser le moindre écart. Et c’est aussi valable pour les nuances...

Guitare Live : On n’est donc pas vraiment dans la continuité de ton Vivaldi Tribute.

Patrick Rondat : Non, on ne peut pas dire. Le Vivaldi Tribute restait une adaptation, une vraie version métal. Certes, les notes étaient à 95 % celles de l’original, mais l’interprétation était tout de même très différente.

Guitare Live : Quel sera ton son sur cet album ?

Patrick Rondat : Là, c’est une autre difficulté : il me faut à tout prix trouver la bonne distorsion. C’est pour ça que j’emmène pas mal de matériel lors de l’enregistrement, afin de faire des essais et de voir ce qui passera le mieux. De toute façon, encore une fois, je n’ai pas le droit à l’erreur : ce sera Hervé, moi et un micro de proximité. Et comme Hervé a l’oreille absolue, il va falloir que je sois bon (rires).

Guitare Live : N’as-tu pas peur de la réaction des musiciens classiques ou de celle de tes fans ?

Patrick Rondat : Je crois que, sur ce projet, Hervé est bien plus en danger que moi. Je pense que ceux qui me connaissent n’auront pas de problème avec ce disque. Après, si le monde du classique reçoit mal l’album, tant pis. Mais j’aimerais quand même qu’il soit doublement référencé, pour qu’on le trouve dans les bacs «métal» et dans les bacs «musique classique». Il faut aussi voir que dans le monde du métal, on peut impressionner par la vitesse, ce qui n’est pas le cas chez les musiciens de classique, où l’interprétation prend sans doute une plus grande place.

Guitare Live : Outre le défi personnel, quel est le but du disque ?

Patrick Rondat : J’aimerais vraiment donner une autre image de la guitare électrique. Et, d’autre part, j’ai envie de tourner dans de nouvelles conditions. J’adore jouer sur des scènes rock, mais il arrive que, du début à la fin du concert, je n’entende pas une seule note de ce que je joue ! Là, avec cette formation en duo, ça n’arrivera pas et je peux viser des salles à l’acoustique différente. L’idéal, ce serait de me produire dans des petites salles ayant un son direct.

Guitare Live : Et quand verra-t-on débarquer cet album ?

Patrick Rondat : L’enregistrement devrait être fini septembre (NDLR : l’interview a été réalisée le 10 septembre) pour une sortie, normalement, en février 2007.

Guitare Live : D’autres projets en vue ?

Patrick Rondat : Un DVD live est prévu depuis pas mal de temps mais ça traîne. J’ai aussi un projet d’album acoustique mais, pour le moment, je suis à 100% sur le duo avec Hervé.

Guitare Live : Qu’en est-il d’Elegy ?

Patrick Rondat : Difficile à dire. Ian Parry (NDLR : le chanteur du groupe) s’est lancé dans un quatrième Consortium Project et je ne sais pas trop où en est le groupe...

Guitare Live : Dernière actualité pour toi : ton modèle Ibanez présenté pendant le salon.

Patrick Rondat : Oui, c’est le modèle définitif, c’est le même que j’utilise. Cette guitare est équipée de micros DiMarzio qui n’ont pas un niveau de sortie énorme. C’était indispensable pour l’album avec Hervé mais, au final, ils fonctionnent aussi parfaitement dans un contexte rock/métal.

Pour en savoir plus

Le site de Patrick Rondat : http://www.rondat.com/ 

Patrick Rondat