La mention « Dedicated to God » ? « Soulfly VI » en dernière piste ? Des invités inutiles ? Des paroles simples et répétitives ? C’est bon, la check-list est complète, l’objet identifié est bien le nouvel opus de Soulfly. Et pourtant malgré ses similitudes apparentes avec toute l’œuvre de Max Cavalera, Conquer diffère grandement et confirme que, depuis Dark Ages en 2005, le Brésilien évite la redite… dans une certaine mesure…

Soulfly, une impression de déjà-vu

La mention « Dedicated to God » ? « Soulfly VI » en dernière piste ? Des invités inutiles ? Des paroles simples et répétitives ? C’est bon, la check-list est complète, l’objet identifié est bien le nouvel opus de Soulfly. Et pourtant malgré ses similitudes apparentes avec toute l’œuvre de Max Cavalera, Conquer diffère grandement et confirme que, depuis Dark Ages en 2005, le Brésilien évite la redite… dans une certaine mesure…
Par Nicolas Didier Barriac

En effet, il semble loin le Soulfly des années néo où les rythmiques rap metal côtoyaient le dub sans préserver l’esprit brutal animant les premières galettes de Sepultura. Avec Dark Ages et son artwork magnifique signé Michael Whelan (le même artiste qui a peint ceux de Beneath The Remains, Arise et Chaos A.D., un présage ?), Soulfly ressuscitait littéralement un pan de l’histoire du métal et laissait entrevoir aux fans une nouvelle ère bien plus intéressante que la décennie suivant la sortie de Roots. Celle-ci n’aura servi qu’à montrer la déchéance des deux frères Cavalera, chacun dans leurs groupes respectifs. Rajoutez à cela le projet Cavalera Conspiracy dont le premier rejeton a vu le jour en début d’année et vous obtenez l’album de Soulfly le plus attendu.

Si Infikted avait grandement déçu par la qualité des compositions, il avait au moins eu le mérite de réaffirmer l’attrait du frère d’Igor pour le métal extrême. C’est donc dans ces conditions qu’il s’est mis au boulot sur Conquer, en écoutant du « grindcore comme Napalm Death ou Bolt Thrower, mais aussi les premiers Sepultura et Slayer : des influences qui feraient passer Dark Ages pour un album de pop. » Et le bougre n’a pas tort. La violence de Blood Fire War Hate, bien qu’elle ne doive pas grand-chose à la prestation de David Vincent (Morbid Angel), établit un nouveau maître étalon dans le genre pour la bande de Max. « J’adore l’idée de commencer l’album par un titre aussi rapide. D’habitude les albums de Soulfly commencent par des titres mid-tempo alors que là ça me rappelle Beneath The Remains. C’est un des titres les plus accrocheurs que je n’ai jamais écrits. »

L’autre morceau appelé à devenir un classique des prestations scéniques est le premier single, Unleash, une chanson assez formatée jusqu’à l’arrivée du solo d’un genre inédit par Marc Rizzo. « Il a vraiment une façon totalement différente de la mienne d’envisager la musique, c’est ce qui rend les choses encore plus intéressantes. » Sur ce titre, Rizzo expérimente un jeu aérien à la manière des plus beaux breaks de Joe Satriani et signe là un joli coup d’éclat sur un album où les expérimentations foisonnent moins qu’à l’accoutumée. Ce sont en fait les trois derniers morceaux qui les contiennent presque toutes. Touching The Void, hommage délibéré à Black Sabbath, nous fait entendre quelques parties dub, fruit de la collaboration avec le frenchy Fedayi Pacha, que Max décrit comme « très sombres, rien à voir avec le dub commercial. Fedayi a fait l’outro de Touching The Void avec plein d’instruments bizarres. Toutes ces petites choses rendent le titre très spécial. »

Autre outro marquante, celle de For Those About To Rot. Point de reprise d’AC/DC ici, seulement un sample live d’une musique captée dans la rue en Égypte. « Il y avait un groupe de gitans complètement taré qui jouait une musique géniale. Je trouve que ça sonne très authentique et je préfère utiliser des sons live plutôt que des sons sur Internet. » Et Conquer se termine sur une nouvelle pièce du « puzzle néo world » reprenant le nom du groupe, Soulfly VI. Comme pour les précédents instrumentaux, le groupe se positionne en Peter Gabriel du métal et ennuie par son manque de surprise. Au mieux, on verra le signe d’un combo soucieux de faire transiter ses fans par une ambiance plus calme avant de leur permettre d’écouter l’album de nouveau. Au pire, on y décèlera un aveu de faiblesse d’un artiste qui, quoi qu’il fasse, retombe toujours dans les mêmes travers.

Pour sa part, l’homme au chant de Cro-Magnon se montre très optimiste quant à la qualité de Conquer. « Ça fait un moment que j’enregistre des disques et j’ai enfin trouvé l’équilibre parfait entre brutalité et expérimentation. » Reste qu’après chaque nouvel album de Soulfly, bon ou mauvais, la même question subsiste : combien de temps faudra-t-il encore attendre pour que Sepultura se reforme ?

Line-up :
Max Cavalera (chant+ guitare)
Joe Nunez (batterie)
Marc Rizzo (guitare)
Bobby Burns (basse)

Discographie :
Soulfly (1998)
Primitive (2000)
3 (2002)
Prophecy (2004)
Dark Ages (2005)
Conquer (2008)

Tracklist :
1.Blood Fire War Hate
2.Unleash
3.Paranoia
4.Warmageddon
5.Enemy Ghost
6.Rough
7.Fall Of The Sycophants
8.Doom
9.For Those About To Rot
10.Touching The Void
11.Soulfly VI
(en gras, les titres à écouter)

Soulfly - Conquer
Roadrunner - Warner
www.soulflyweb.com


Soulfly, une impression de déjà-vu