Guitariste du groupe de métal progressif Adagio, Stephan Forté a placé haut la barre avec le nouvel album Underworld. Des arrangements orchestraux dignes d'un film d'heroic-fantasy, des solos et une technique de folie…tout y est pour placer le groupe à la hauteur d'un Symphony X ou Dream Theater. Et le plus beau : Stephan vous lance son propre défi !

Guitariste : Qu'est-ce qui t'a guidé lors de l'écriture de l'album ?

Stephan Forté : Underworld correspond à l'exploration d'un univers personnel, le coté sombre de nos pensées. J'ai mis plus de deux ans à le composer. J'ai annulé tous les concerts et master-class pour m'y consacrer exclusivement, chaque jour. Cette démarche d'introspection m'a permis d'exprimer pleinement mes sentiments. Lors de l'écriture, j'ai aussi relu pas mal d'auteurs ou de philosophes comme Emerson, Nietzsche ou Kafka. Sans oublier des classiques du fantastique comme Lovecraft, dont j'adore l'univers et le côté sombre, ou encore Tolkien (Le Seigneur des anneaux). Un vrai travail sur soi, dont on ne sort pas forcément indemne...

Guitariste : Underworld a reçu de très bonnes critiques dans la presse. Ses titres révèlent plus de maturité que l'album précédent Sanctus Ignis.

Stephan Forté : Je me suis beaucoup attaché aux ambiances qui se dégagent dans chaque morceau. D'ailleurs, pour les orchestrations, j'aime beaucoup les musiques de film dans le style de John Williams (Star Wars). En contrepartie, ces morceaux sont peut-être moins directs, moins traditionnels pour l'amateur de metal que sur Sanctus Ignis. Je pense qu'Underworld demande une écoute vraiment attentive, au casque de préférence. Ce n'est pas le genre de disque que tu mets en musique de fond lors d'un dîner entre amis.

Guitariste : Les orchestrations symphoniques et des passages très techniques renvoient à des pointures comme Symphony X…

Stephan Forté : J'aime beaucoup Symphony X et Michael Romeo à la guitare, avec qui j'ai discuté encore récemment. Il est vrai qu'on cite souvent ce groupe pour évoquer ma musique, tout comme Dream Theater. Cela fait partie du jeu. C'est le style qui veut ça.

Guitariste : Comment s'est passé la composition ?

Stephan Forté : J'ai travaillé les maquettes en home-studio, sur Logic Audio en version PC. J'ai acheté pas mal de samples et d'effets, comme Halion Strings pour les cordes. Sur l'ordinateur les sons des instruments à vents sont bons, sauf pour les cuivres et les trompettes qui ne sont pas assez réalistes à mon goût. J'ai écrit tous les chœurs et les orchestrations, ce qui a d'ailleurs demandé pas mal de temps à cause de la transposition des différents instruments sur les partitions.

Guitariste : Et le point de départ d'un morceau ?

Stephan Forté : En général, je place d'abord les guitares, puis j'arrange autour. Je pose la batterie et la basse et travaille chaque passage indépendamment jusqu'à ce qu'il soit bien avancé.

Guitariste : Et en studio ?

Stephan Forté : On a fait deux sessions d'enregistrement, d'un mois chacune, en Allemagne, avec le chant et toute la base rythmique. Je n'écrit les solos qu'une fois chez moi, pour me dégager de la pression extérieure. En fait, je suis capable de passer plusieurs jours sur un passage puis d'effacer tout et reprendre à zéro, simplement parce que ça ne me plait plus en me levant le lendemain matin!

Guitariste : Réenregistrer ne fait pas perdre une certaine spontanéité ?

Stephan Forté : Effectivement. Il arrive que je balance un plan avec un bon feeling mais si j'estime que quelque chose n'accroche pas, je préfère recommencer. Un nouvel enregistrement peut être techniquement plus propre, mais musicalement moins efficace.

Guitariste : Comment décris-tu ton jeu ?

Stephan Forté : Je joue beaucoup avec une approche chromatique, que je croise parfois avec la gamme hongroise, ou la gamme mineure harmonique qui me plait particulièrement. Je pense toujours l'improvisation en modal, en fonctions de l'accord et des sonorités en arrière-plan.

Guitariste : Des titres d'Underworld t'ont posé des difficultés sur le plan technique ?

Stephan Forté : Les passages techniques sont beaucoup plus difficiles que sur Sanctus Ignis. L'introduction du premier morceau, "Next Profundis", est l'une des plus difficiles à jouer. Cela commence avec des nappes de synthé à l'envers, puis vient la guitare avec une descente avec quatre notes par cordes en aller-retour, juste avant l'arrivée de la batterie. C'est assez corsé. Le solo le plus chaud est sans doute celui de "From my sleep…" où je mélange des plans de gamme pentatonique à quatre notes par cordes avec des extensions assez larges de la main droite, en tapping. J'utilise les trois derniers doigts (majeur, annulaire, auriculaire) pour pouvoir tenir le médiator toujours en main. Le tempo est rapide et cela a demandé pas mal de travail.

Guitariste : Une tournée démarre bientôt. Comment jouerez-vous l'orchestration ?

Stephan Forté : Avec des samples. Nous démarrons les répétitions en studio pour tout caler. Lors de la date à Lyon, pour les chœurs, on prépare une surprise : il y aura peut-être la chorale sur scène !

Guitariste : Tu as découvert Guitariste.com récemment ?

Stephan Forté : Je faisais une recherche sur des critiques de l'album au Japon et je suis tombé sur un message de votre forum. D'ailleurs un internaute avait mis une critique vraiment exagérée sur le placement d'une trille…J'ai répondu sur le forum et on a échangé quelques messages par la suite.

Guitariste : Et que penses-tu des défis ?

Stephan Forté : J'aime beaucoup le principe, le fait que chacun peut évaluer et conseiller les participants…J'ai même voulu participer une fois à l'un des défis, mais toutes les places étaient déjà prises !

Pour en savoir plus

Le défi de Stephan Forté sur Guitariste.com

Le site de Stephan Forté :
https://www.stephanforte.org

Les dates de concert en France et Belgique:

8.11.03 : Montereau (77) / Festival
28.11.03 : Bergerac / La Rock'sane
Février 2004 : voir le site officiel

 

Stephan Forte (ADAGIO)