Steven Wilson a su changer de formule tout en conservant sa personnalité pour son cinquième album solo "To The Bone", un opus de pop progressive influencé par les années 80. Avant de retrouver Steven Wilson et son groupe sur scène le 12 mars 2018 à l'Olympia de Paris, nous avons évoqué avec lui le matériel qu'il a utilisé pour la création de ce nouvel album ainsi que sa méthode de travail et le moins que l'on puisse dire, c'est que le bougre a des choses très intéressantes à raconter !

Crédits photo : Hajo Mueller

Bonjour Steven ! Tu te considères sans doute plus comme un compositeur/producteur/concepteur de son que comme un simple guitariste/chanteur (ndlr : il acquiesce), mais peux-tu malgré tout revenir sur ton apprentissage de l'instrument ?

Steven Wilson : Tout a commencé avec les disques que mes parents écoutaient à la maison dès mon plus jeune âge. J'ai beaucoup entendu le son de guitare de David Gilmour dans Pink Floyd et je suppose que c'est l'approche qui m'a le plus séduit. Mon jeu est plus proche du sien que de celui de Jeff Beck par exemple. J'aime jouer avec lenteur et émotion et j'attribue vraiment cela au fait d'avoir été exposé très jeune à David Gilmour. Mais il faut aussi garder à l'esprit que j'ai grandi pendant les années 80 et j'ai donc également été influencé par Robert Smith de The Cure et de manière générale par de nombreux guitaristes de cette scène post-punk. J'ai toujours mis l'accent sur la simplicité, le côté accrocheur et les bons riffs et je n'ai jamais aimé les shreddeurs. Je pense que j'ai toujours apprécié les guitaristes dont les solos sont une extension de la chanson et un prolongement du chant. C'est d'ailleurs le cas sur mon nouvel album "To The Bone" (2017) sur lequel je joue quasiment tous les solos,à l'exception de quelques uns, comme avant. J'ai le sentiment que mes solos sur ce disque sont un prolongement de la ligne vocale. Lorsque le chant s'arrête, la guitare prend le relais et continue la conversation. C'est ainsi que je vois les choses. Je n'aime pas lorsqu'un guitariste s'impose et t'étouffe avec sa technique. La guitare doit être selon moi une extension de l'atmosphère, de la texture sonore et même du sujet d'une chanson et je pense que je suis plutôt bon dans cet exercice. Je ne suis en aucun cas un bon guitariste, mais je pense savoir comment m'y prendre pour raconter une histoire à travers ma guitare et c'est ce qui compte le plus pour moi. Cela vient très certainement du fait d'avoir entendu tant de fois "Dark Side Of The Moon" (1973) et tous ces albums que j'achetais quand j'étais jeune comme ceux de The Stranglers, The Cure et Joy Division.

Le fait de jouer sa guitare avec une approche de composition m'a toujours attiré. Neil Young est également une de mes influences majeures. Son album live "Live Rust" (1979) est un des tous premiers disques que j'ai achetés. Neil fait partie de ces guitaristes qui jouent du plus profond de leur âme et de leur cœur. J'ai toujours été fan de son jeu.

"To The Bone" marque un changement de style avec ses prédécesseurs, comme souvent avec toi. Lorsque tu opères ces changements de direction, la composition joue un rôle majeur évidemment mais le son en lui même est également très différent d'un album à l'autre. "The Raven That Refused To Sing" (2013) avait une production old school qui collait au style des chansons tandis que "Hand.Cannot.Erase." (2015) avait une production résolument moderne. "To The Bone" a quant à lui un son typé année 80 remis au goût du jour. Lorsque tu changes de cap, cela vient-il d'abord des chansons ou est-ce que cela vient de l'approche que tu souhaites au niveau de la production ?

Je cherche continuellement à obtenir un son différent d'album en album. Ce que tu disais au sujet de "The Raven That Refused To Sing" est juste et c'était approprié car j'ai utilisé beaucoup de Hammond, de mellotron, de piano et de guitares acoustiques sur cet album qui était vraiment organique et qui aurait pu être fait dans les années 70. Pour "To The Bone", mes influences lorgnaient davantage vers Talk Talk et Tears For Fears. C'est pourquoi on y trouve certains éléments comme l'harmonica et le synthétiseur Prophet-6 que j'ai utilisés. Il y a également plus de samples et de sons électroniques. C'est une palette sonore différente qui emprunte à une époque musicale différente. Les producteurs avec qui je collabore contribuent également à apporter une différence. Lorsque je suis avec Alan Parsons, évidemment je suis en compagnie de quelqu'un qui est totalement associé aux années 70. Pour "To The Bone" j'ai bossé avec Paul Stacey qui s'est fait connaitre pour son travail avec Noel Gallagher,  Oasis et The Black Crowes. Un profil très différent qui n'utilise pas le même langage musical et ne vient pas du même monde qu'Alan Parsons. Il a indéniablement eu une influence sur le rendu de l'album. Je me souviens au tout début de la création de "To The Bone" d'être assis avec lui à parler du son de batterie que nous voulions obtenir. Pour "The Raven That Refused To Sing" je tenais à avoir un son de batterie brut et naturel dans la tradition des 70's. Pour "To  The Bone" je voulais un gros son de batterie qui prend beaucoup de place comme dans les années 80.

Pour revenir à la question, je pense que le changement vient des chansons mais cela vient tout autant de la réflexion que je fais en amont de leur écriture quant aux types de son que je souhaite obtenir. Je ne suis clairement pas le genre de compositeur qui peut s'installer dans sa chambre d'hôtel avec une guitare acoustique et écrire des chansons dans la foulée. J'en suis parfaitement incapable. J'ai besoin d'entendre dans mon esprit l'intégralité des arrangements. Je suis obligé de réfléchir à la globalité d'un morceau pour pouvoir le composer. C'est pourquoi j'ai une idée déjà bien précise de la production sonore que je veux donner à une chanson dès lors que je l'écris. Je sais quels types de son de batterie, de basse et de claviers je souhaite. J'ai puisé plus spécifiquement dans l'univers sonore de Peter Gabriel, Kate Bush, Talk Talk et Tears For Fears pour "To The Bone". Je ne souhaite pas les copier, mais disons que "To The Bone" s'inscrit davantage dans cet univers-là que dans celui de "The Raven That Refused To Sing". Ces deux albums ne pourraient pas être plus éloignés.

Crédits photo : Hajo Mueller

"Hand.Cannot.Erase." s'éloignait déjà de "The Raven That Refused To Sing" d'ailleurs...

C'est tout à fait vrai au point même d'avoir servi de transition vers "To The Bone". La toute dernière chanson que j'ai composée pour "Hand.Cannot.Erase." est "Perfect Life" et c'est pour moi une sorte de pont qui m'a emmené vers "To The Bone". Lorsqu'on le sait, cela fait sens n'est-ce pas ? "Perfect Life" pointe dans la direction d'un album comme "To The Bone".  

Niveau matériel tu as également changé tes habitudes. Est-il vrai qu'une bonne partie du son de "To The Bone" est due au fait d'avoir utilisé une Fender Telecaster mexicaine branchée dans un petit combo Hughes & Kettner Tubemeister 5W en lieu et place de ta PRS et ton ampli Badcat ?

Je le pense vraiment car la première chanson que j'ai composée pour "To The Bone" est "People Who Eat Darkness" et le son de guitare que tu entends sur la version finale de l'album est justement cette Telecaster mexicaine branchée dans ce petit combo 5W. C'est un son tellement différent de celui que j'obtiens avec la Paul Reed Smith que j'utilise habituellement. Ce son est tellement incisif et agressif en comparaison. C'est l'effet Telecaster, le son est mordant sans même avoir recours à la distorsion.  Sans ce son de guitare, "People Who Eat Darkness" n'existerait pas et cette chanson a lancé la création de l'album.

C'est le paradoxe d'ailleurs. "To The Bone" est d'une certaine manière un de tes albums les plus easy-listening bien que le son clair de la guitare soit plus méchant et agressif en comparaison avec tes albums plus difficiles d'accès où le son clair est toujours embelli, rond et très propre sur lui...

Je vois tout à fait ce que tu veux dire est c'est complètement vrai. Ca vient vraiment de la Telecaster. C'est pareil dans les groupes comme XTC et The Cure, ça donne un son de guitare "angulaire". On retrouve aussi ce son de guitare dans Devo, Talking Heads et The Police, bien que le son d'Andy Summers reste tout de même assez texturé. Mais même dans The Police, le son de guitare est brillant et agressif et radicalement différent du son de guitare que j'utilisais depuis mes tous débuts.;

Il est intéressant de voir que malgré ton niveau de professionnalisme et ton attention particulière sur l'aspect sonique des choses, tu aies "osé" enregistré avec une Fender MIM branchée sur un ampli d'entrée de gamme. Beaucoup de musiciens n'auraient pas confiance à ce point en leurs oreilles et se diraient qu'ils ne peuvent pas enregistrer professionnellement avec ce genre d'équipement n'est-ce pas ?

J'ai effectivement enregistré avec de l'équipement vraiment "cheap", mais c'est cette combinaison qui m'a donné le son que je souhaitais obtenir. J'ai toujours adoré le lo-fi de toute manière. Un autre courant musical qui m'a beaucoup influencé est la musique industrielle. Dans ce genre, parfois plus tes sons sont "cheap" mieux c'est ! Il faut des sons "cheap", méchants et abrasifs pour la musique industrielle. J'adore ce genre de sons et j'en ai d'ailleurs beaucoup utilisé sur mon premier album solo "Insurgentes" (2008) qui a un style plus bruitiste. Cependant tu fais là une bonne remarque car je dois avouer avoir douté par moments. J'ai enregistré mes parties et j'étais satisfait. Mais une fois assis avec Paul Stacey pour écouter le résultat, je lui ai dit : "Paul, nous devrions réenregistrer les guitares de manière convenable n'est-ce pas ?". Ce à quoi il m'a répondu : "Non, le son est très bien comme ça!". J'avais la même opinion que lui mais c'est comme si j'avais eu besoin que quelqu'un d'autre pense de la même manière pour me conforter dans mon idée. Je dois bien l'avouer, j'ai quand même essayé de jouer "People Who Eat Darkness" avec une autre configuration mais ce son que je voulais, je ne l'obtenais qu'avec cette Telecaster mexicaine et ce petit combo 5W.

fender telecaster custom shop 1963
Fender Telecaster 1963 de Steven Wilson

Avais-tu modifié des choses sur cette Telecaster ?

Non, tout était d'origine et elle était même mal réglée en sortie d'usine et je l'ai laissée telle quelle. Elle m'a à peine couté 400 livres. En revanche, je n'ai pas confiance dans cette guitare pour partir en tournée. Je me suis donc payé une bonne Telecaster 1963 Custom Shop américaine qui m'a couté 10 fois le prix de l'autre, mais je préfère partir en tournée avec une guitare plus fiable et plus stable. Je veux une meilleure tenue d'accord, je n'ai pas envie de casser mes cordes toutes les 5 minutes...

C'est marrant que tu évoques cela. Tu dois être la personne que j'ai vu casser le plus de cordes sur scène et j'ai vu des centaines de concerts. Joues-tu sur un tirant de corde faible, des médiators trop épais ou attaques-tu simplement de manière trop agressive à la main droite ?

Vraiment ? Mince alors! Mon tirant de corde est standard, j'utilise du 10-46 mais ma technique est abominable. Je gratte vraiment très fort mes cordes effectivement et j'en casse beaucoup mais je n'ai pour autant aucun désir d'améliorer ma technique. Pour moi la pratique de la guitare doit être quelque chose d'assez physique au point que par moments, c'est un peu comme si je me battais avec la guitare! Tu casses pas mal de cordes lorsque tu joues avec cette intention !

Tu auras donc cette nouvelle Fender Telecaster 1963 Custom Shop sur la tournée, emmèneras-tu encore tes PRS ? 

Oui sans aucun doute. Je pense que je jouerai les nouveaux titres avec la Telecaster et les anciens avec les PRS, mais à vrai dire nous n'avons commencé les répétitions que la semaine dernière (ndlr : interview réalisée le 11 septembre) et bien que j'aies emmené avec moi mes PRS, je ne les ai pas touchées une seule fois! Niveau guitares, il y aura ma PRS Single Cut Goldtop, ma PRS Custom 22 pour les titres en Drop D (Ré) ainsi que la Telecaster 1963 Custom Shop puis des backups.  

Tu as un nouveau pedalboard pour cette tournée, piloté par le G2 de The Gig Rig. Peux-tu nous expliquer comment le G2 fonctionne ?

C'est très simple. C'est un switch avec 10 boucles d'effets. Tu peux très bien t'en servir en mode "footpedal" en appuyant sur tel ou tel bouton qui activera telle ou telle boucle/pédale. Pour ma part je ne l'utilise pas comme ça, je me sers du mode "preset". Lorsque j'appuie sur un bouton, cela appelle les différentes pédales/boucles que j'ai sélectionnées et c'est tout. Il n'y a même pas besoin de sauvegarder, le G2 se souvient du dernier réglage que tu as appelé pour chaque bouton. Il y a une fonction MIDI, dont je me sers pour le delay, la reverb et l'égaliseur et il y a une fonctionnalité que j'adore, celle de pouvoir ajouter ou diminuer le gain en amont de la boucle ou après la boucle pour chaque réglage. Ces contrôles Pre-Gain et Post-Gain sont vraiment très utiles car mon ampli, le Badcat Lynx, est réglé sur une position. Du coup grâce à ces contrôles de gain sur le G2, je peux décider à tout moment soit d'augmenter le gain du Badcat ou au contraire de l'adoucir. J'utilise une banque de presets sur le G2 où l'on va trouver : son clair, son clair avec tremolo, son clair avec vibrato, son clair avec Leslie, son saturé du canal clair, son saturé du canal saturé, son saturé avec octaver. J'utilise donc des réglages préétablis pour mes sons génériques, puis j'ai également une autre banque de presets qui correspond cette fois à des chansons en particulier, les cas où mes presets de base ne suffisent plus. En sortie je peux également choisir vers quel canal j'envoie les informations du G2. Dans mon cas, je peux envoyer le signal aussi bien sur le canal clair ou le canal saturé du Badcat que sur le combo Hughes And Kettner et je peux aussi envoyer le signal sur les trois en même temps ou juste deux d'entre eux. Les combinaisons sont illimitées.

Pedalboard Steven Wilson

Pedalboard de Steven Wilson

Tu tiens donc à utiliser le combo 5W Hughes & Kettner en live ?

Je n'en suis pas encore tout à fait certain, il faut que je prenne ma décision pendant les répétitions et je dois bien admettre que cette Telecaster Custom Shop sonne de manière géniale branchée dans le Badcat. Il est donc possible que je n'utilise pas le Hughes & Kettner, mais l'option est là si jamais j'en ressens le besoin.

Si jamais tu l'utilises, ce combo est un ampli 5W. C'est bien sur suffisant pour être repiqué dans la sono pour les spectateurs, mais sur scène cela parait compliqué non ?  

C'est également prévu. Le combo possède une sortie intitulé "Redbox". Le signal en sort vers un ampli de puissance Seymour Duncan qui est relié à un baffle 2*10. J'adorerais débarquer sur scène avec mon petit combo sous le bras, mais je dois me rendre à l'évidence, il a besoin de plus de puissance et d'amplitude pour être utilisé sur scène.

Tu utilises beaucoup d'effets de modulation, notamment pour ton son clair qui est très travaillé. Comme tu le disais plus tôt, tu utilises des effets vibrato, tremolo et Leslie par exemple. En revanche tu sembles allergique aux chorus, est-ce que je me trompe ?

Je n'aime pas beaucoup les chorus effectivement.  La première chose que je demande à un guitariste lorsqu'il intègre ma formation est de prendre sa pédale de chorus et de la faire disparaitre sur le champ ! Je n'ai pas besoin de cet effet pour ma musique et je n'en veux surtout pas. C'est étrange quelque part car j'adore le son d'Andy Summers comme je le disais et ce son est bourré de chorus, mais je trouve que cet effet ne colle absolument pas à ma musique. Pour la simulation de cabine Leslie, j'utilise un Mini Vent II de Neo Instruments qui dispose de deux vitesses : lente et rapide. Pour le vibrato j'utilise la pédale Diamond et mon dernier effet de modulation est le tremolo MF Trem de Moog.

Live Steven Wilson

Tu évoques l'intégration de tes différents guitaristes. Lorsque l'on prend des musiciens comme Guthrie Govan ou Dave Kilminster, ils n'ont pas nécessairement le même style que toi à la base mais ils s'adaptent totalement à ton esthétique sonore et à ton style et il en sera sans doute de même pour ton nouveau guitariste Alex Hutchings. Est-ce toi qui leur indique le matériel à utiliser ?

 La première chose que je fais lorsque j'ai un nouveau guitariste est de l'envoyer voir Daniel Steinhardt le concepteur de The Gig Rig (ndlr : qui anime également "That Pedal Show" sur Youtube). C'est lui qui a conçu les pedalboard de Guthrie et Dave et il en sera de même pour Alex. Mais il ne s'agit pas uniquement du matériel, leur style de jeu doit également s'adapter à ma musique. Guthrie a un jeu incroyable, mais jamais je n'aurais voulu qu'il joue comme il le fait habituellement dans mon groupe. Ca n'aurait pas du tout convenu à ma musique. Dave était quant à lui beaucoup plus proche de ce que j'aime chez un guitariste. Il convenait dès le départ beaucoup plus à mon style. Je dirais qu'Alex se situe quelque part entre Guthrie et Dave au niveau du style de jeu. Alex va donc devoir apprendre à jouer à la manière qui convient à ma musique, mais ce n'est pas un problème, c'est ce que n'importe quel musicien de session est censé faire n'est ce pas ?

Tout à fait, mais dans ton cas précis il y a en plus la gestion de tous ces effets bien particuliers qui compliquent la tâche. J'ai le sentiment que tu n'es pas si regardant sur les guitares ou les amplis qu'ils utilisent , en revanche tu as des idées bien arrêtées sur les effets à utiliser n'est-ce pas ?

C'est vrai et cela rend le job plus compliqué lorsqu'il faut jouer avec moi. Je dirais que pour s'adapter au rôle de guitariste dans ma formation, c'est à 50% une question de style de jeu et 50% une question de conception sonore. C'est pour cela que la toute première chose dont je m'assure est qu'ils disposent d'un pedalboard qui me convient.

On peut voir 2 Nano POG sur ton pedalboard. Tu utilises souvent sur les parties les plus sombres et agressives une octave inférieure sur ton son saturé. Mais à quoi sert ce deuxième Nano POG ? 

Jusque là, j'utilisais seulement l'octave inférieure. Mais j'ai effectivement rajouté un second Nano POG car j'ai également recours à l'effet d'octave supérieure sur "To The Bone". On peut l'entendre sur "Detonation" par exemple. J'ai donc un Nano POG réglé sur l'octave inférieure et l'autre sur l'octave supérieure.

Tu utilises également beaucoup de delay et de reverb avec les pédales Timeline et Bigsky de Strymon et "To The Bone" en est plein. Il parait que tu aimes mieux utiliser le delay et la reverb en amont du préampli et s'il y a bien une règle fermement établie que tu brises chez les guitaristes, c'est bien celle-ci ! Même les fabricants d'amplis placent toujours la reverb après la boucle d'effets, lorsqu'il y en a une, juste avant l'étage de puissance. Depuis la création de la boucle d'effets, les guitaristes s'interdisent presque tous de placer delay et reverb en façade et placent généralement ces effets à la fin de leur boucle mais il faut se souvenir qu'à une époque, la boucle d'effets n'existait tout simplement pas. En quoi préfères-tu delay et reverb placés avant le préampli ?

Effectivement, je préfère largement le son des reverb et delay en amont du gain. C'est plus difficile à contrôler mais cela aboutit également à des sons beaucoup plus rock n'roll ! Comme tu viens de le rappeler, fut une époque où la boucle d'effets n'existait pas et tous les grands guitaristes du passé utilisaient donc les reverb et delay de la sorte. Je pourrais citer comme très bons exemples le son de guitare de Neil Young sur les solos ou bien encore le son culte de Carlos Santana sur son album live "Lotus" (1974). Placer les effets d'écho après l'étage de gain est assurément plus propre et maitrisable mais aussi beaucoup plus fade selon moi. La très grande majorité des gros sons résonants sur "To The Bone" ont été réalisés avec ces effets placés avant le gain.

Peux-tu nous parler de tes autres pédales ?  

J'utilise le compresseur Cali76 d'Origin Effects. Sinon il y a aussi le Tight Rock Jr de Amptweaker, une nouvelle pédale que Daniel a placé sur mon pedalboard mais je ne l'utilise pas beaucoup. Je n'utilise pas vraiment de pédale de distorsion sur mon son clair, mais il y a quelques moments où j'ai recours à un son un peu plus dur et je vais utiliser cette pédale qui émule le son d'un Marshall dans ces cas-là. Mais je dirais que pour ce genre de choses, j'ai recours à 95% du temps au canal saturé du Badcat. Je ne suis pas sûr d'avoir vraiment besoin de cette pédale mais je la laisse au cas où j'aurais envie parfois d'avoir un son typé Marshall sur lequel je peux justement rajouter du delay par exemple.

Tu es fidèle à ton ampli Badcat Lynx depuis un bon moment. Qu'aimes-tu en particulier dessus ?

J'adore le fait que ses canaux clair et saturé soient simultanément actifs. Sur la plupart des amplis, tu switch de l'un à l'autre, tandis que sur le Badcat les deux canaux sont actifs en même temps et tu peux donc créer un son en mélangeant le canal clair et le canal saturé. C'est une possibilité vraiment intéressante et c'est vraiment comme si tu disposais de deux amplis en même temps.

Avant de nous quitter,  je voulais te demander ce qu'est devenue cette guitare spectaculaire que tu utilisais en live sur "Half Light" avec Porcupine Tree ?

Tu parles de la Tele-Vision de Visionary ? J'ai utilisé cette guitare en tournée avec Porcupine Tree et sur ma première tournée solo. Cette guitare est géniale visuellement mais le problème est qu'elle sonne comme de la merde ! Pour ceux qui connaissent les Variax de Line 6, c'est exactement la même chose. Je n'ai jamais aimé ces guitares à modélisation. C'est dommage car elle a vraiment un look incroyable. L'autre contrepartie est son poids. Tu as l'impression de porter une télévision à tube cathodique autour de ton cou lorsque tu joues cette guitare. Elle n'est vraiment pas agréable à jouer de par son poids et son mauvais son. Son intérêt est purement visuel, mais j'hésite malgré tout à m'en resservir rien que pour ça.

Interview de Steven Wilson, son matériel passé au crible