Stone Sour c'est la trajectoire inconnue. Après des débuts vécus dans l'ombre de Slipknot, le second gang de Corey Taylor a progressivement pris son envol jusqu'à réaliser un concept album ambitieux, en deux temps, intitulé House of Gold & Bones. Josh Rand et Corey Taylor nous ont fait l'honneur de livrer leurs impressions sur la première partie de ce double opus avant la suite prévue pour le premier trimestre 2013.

Si House of Gold & Bones - Part 1 démontre bien une chose c'est que Stone Sour parvient encore à grandir et surprendre. Je pense que peu de monde était prêt à parier que vous partiriez sur un double concept album après Audio Secrecy (rires). Alors, comment est née cette idée ?
Corey Taylor : C'est un concept que je traîne depuis quelques années. Je n'avais que l'idée de base. Je ne m'étais jamais vraiment penché dessus. J'avais pensé à l'histoire mais je n'ai pas pris le temps de réflexion pour en faire quelque chose de concret. Je m’y suis attelé plus sérieusement pendant la tournée de Slipknot. J'ai eu une vision bien plus précise et elle a donné naissance à cette avalanche de bonne musique. Tout s'est mis en place. L'image s'est éclaircie. Les mecs ont adoré et de ce fait nous avons pu écrire la meilleure musique que Stone Sour ait produite à ce jour, à mon sens.

Comme c'était ton idée à la base, est-ce qu'il a été difficile de convaincre les autres membres du groupe de te suivre dans une épopée de cette envergure ? En effet, quand on enregistre autant de musique, on double les efforts et le temps passé sur un même « cycle »...
C. T. : Non, nous avons toujours été à fond. Tous ensemble. Les démos sonnaient déjà très bien donc c'était facile de convaincre les mecs. Non ?
Josh Rand : Oui, je suis d'accord.
C. T. : Nous voulions faire mieux que d'habitude même si c'est notre but à chacun de nos albums.

Vous êtes de grands fans des concept albums des années 70, ceux qui sont considérés comme les classiques du genre ?
C. T. : Quelques-uns, oui. Mon préféré est The Wall par Pink Floyd. Musicalement, c'est celui qui va chercher le plus loin. Il est hyper intéressant à écouter. A chaque écoute, j'y découvre de nouveaux petits détails. Ce disque était la référence absolue en ce qui concerne House of Gold & Bones. Avec The Wall, Pink Floyd a créé quelque chose de si grand et de si beau...
J. R. : Mon préféré est en revanche Metropolis pt. 2 de Dream Theater. C'est un de mes groupes favoris et le niveau musical atteint sur cet album est tout bonnement incroyable.

Quand je pense aux concepts albums, je pense immédiatement au rock progressif de la fin des années 60/ début des années 70. Le rock prog' : ça vous parle ou pas du tout ?
J. R. : A petites doses...
C. T. : Tout dépend de quel groupe il s'agit. J'adore King Crimson. Les groupes comme Yes ou Genesis ont fait tellement pour les groupes actuels de rock progressif. Ils étaient en avance sur leur temps. Deep Purple et Black Sabbath ont commencé presque comme des groupes de rock progressif mais ils ont ajouté une dimension agressive et ont bourré leur musique d'émotions. Nous sommes influencés par pas mal de groupes progressifs mais nous ne voulons pas à tout prix devenir un groupe progressif. Notre but est le renouvellement de notre propre musique tout en allant le plus loin possible en matière de créativité. Même sur House of Gold & Bones le but était plus de suivre notre propre chemin que de respecter les codes des concepts albums d'autrefois. Pour résumer, nous n'essayions pas d'être E.L.P. (rires) !

Comme je le dis toujours, lorsque l'on fait un concept album, un groupe peut explorer pas mal de sonorités différentes pour recréer les ambiances voulues. Mais en même temps, l'exercice limite l'expression artistique au concept lui-même. Est-ce que c'est quelque chose que vous avez ressenti sur House of Gold & Bones ?

J. R. : Plus que tout autre chose, je pense que ce concept a ouvert nos horizons.
C. T. : Il nous a enlevé un poids car nous n'étions plus limités par ce que les gens pouvaient s'attendre de notre part. Nous avons laissé libre cours à notre musique et tout s'est passé sans heurts.

Justement, les gens s'attendent souvent à de bons singles ou au moins à des titres un peu « catchy ». Ces titres-là ont-ils réussi à trouver une place naturelle au sein de House of Gold & Bones ?
J. R. : L'idée n'était pas d'en placer à tout prix. Nous voulions faire une longue suite de morceaux qui soit cohérente du début à la fin. Les « hits » sont arrivés par hasard alors que nous réfléchissions à la manière de réaliser l'album. De nos jours, les albums se réduisent souvent à une seule chanson et c'est bien dommage. House of Gold & Bones constitue plutôt une réaction vis à vis de cela. Chaque chanson a bénéficié d'autant d'attention que les autres. Rien n'est à jeter sur l'album. Le choix de Dave Bottrill comme producteur n'est pas anodin. Son travail avec Muse, Peter Gabriel, King Crimson, etc. rappelle tout cela.
C. T. : Il bénéficie d'une vraie dimension artistique et n'est pas juste le relais d'un label qui demande absolument à avoir un hit.

Toutefois, il y a quand même quelques morceaux qui sortent du lot, même par leurs sonorités plus accessibles...
C. T. : C'est vrai. Mais avec Stone Sour nous n'avons jamais été à la recherche de singles. Nous les avons simplement récoltés. Chacun de nos disques a été conçu comme un album avant toute chose et pas comme un single fort enrobé de merdes. C'est l'une de nos principales forces. Nous parvenons à créer de bonnes mélodies tout en proposant des morceaux plus forts musicalement. Nous allons souvent à contre-courant mais au final c'est pour cela que House of Gold & Bones sonne ainsi. Nous avons eu trois albums pour nous trouver au niveau de notre style. Nous étions totalement prêts pour un projet de cette ampleur.

A quoi peut-on s'attendre pour le second volet ?

C. T. : Fais-moi confiance ça va surprendre tout le monde. Nous avons enregistré tout en même temps. Du coup, les deux disques vont être très cohérents au niveau du son. Néanmoins, musicalement, nous ne sommes pas tout à fait dans le même registre. L'album est très dense et noir. Il y a un truc sous-jacent quelque peu menaçant dans pas mal de chansons. Certains trouvent que c'est déjà le cas sur House of Gold & Bones - Part 1... Pour ma part, je pense que cela s'accentue sur le second volet qui est riche à la fois en actions et en scènes contemplatives. Musicalement, nous prenons encore plus de risques. Certains morceaux sont tellement différents de ce qu'ils s'imaginent entendre sur un album de Stone Sour qu'ils vont être littéralement soufflés. Ca m'excite rien d'y penser et pourtant nous n'en sommes pas encore là puisque l'album doit sortir au début de l'année 2013...


"Digital (Did You Tell)" - Live In Brighton


Stone Sour - House of Gold & Bones - Part 1
Roadrunner
www.stonesour.com 
Stone Sour - House of Gold & Bones