Dans la droite lignée de mon petit dossier estival sur nous, guitaristes fausse-patte, voici le test d'une guitare gaucher, ce qui vous en conviendrez est peu courant, tant dans nos colonnes que dans celles des autres sites. Alors, ne boudons pas notre plaisir !

Extraits audio : Guitare direct sur simulation d'ampli Nembrini Audio BST100 V2, interface audio Focusrite 18I20

Tout guitariste de gros métal contemporain ayant déjà ouvert YouTube a déjà entendu parler de Ola Englund, youtubeur chevronné, guitariste de Feared et de The Haunted, grand spécialiste des éructations stomacales et du gros son gras qui fait croum croum. Après avoir eu des modèles signature chez Strictly 7 et Washburn, le petit viking décide en 2017 de lancer sa propre marque de guitares, Solar. Des instruments dédiés à la musique délicate et aux douces berceuses comme l'on s'en doute, et tous fabriqués en Indonésie. La gamme se décline en pas moins de 147 (!) modèles de guitares et basses de configurations variées aux noms un petit peu cryptiques (on a l'impression de hacker un serveur de la CIA à chaque fois qu'on dit le nom d'un modèle...). Celui qui nous intéresse ici est le "haut-de-gamme" de l'offre gaucher de la marque.

Salut, moi c'est Ola, je fais des vidéos avec des rots, des grimaces et du gros son, et j'ai monté une marque de guitares.

Lui faire voir le soleil

A l'ouverture du carton, je me fais un petit aller-retour positif/négatif : la guitare est bien protégée et elle est très belle dans sa finition satinée subtilement translucide, juste à l'équilibre entre sobriété et spectaculaire. Par contre, je me permets de trouver quand même que lorsque l'on claque 1200 boules dans une pelle, qu'il n'y ait pas de gig bag (housse), c'est un peu mesquin. Mais bon... 

J'inspecte l'instrument, la finition et l'assemblage me semblent impeccables, les mécaniques à blocage type Schaller de qualité, le Floyd rose série 1000 correct. On a donc une superstrat au diapason standard de 25,5 pouces, 24 frettes super jumbo en inox, un manche traversant en érable surmonté d'une touche en ébène et un corps en aulne. Rien d'exotique dans la lutherie donc, on est sur des valeurs sûres. Je pose la guitare sous mes doigts et j'apprécie immédiatement le confort, l'instrument appelle au jeu, léger et avec toutes les défonces et découpes qui vont bien et l'accès aux aiguës exemplaire qu'offre le manche traversant. Le manche est d'ailleurs surprenant pour une guitare de ce type, car bien moins large et plat qu'une "jacksonibanezesp", on est plus sur une version légèrement affinée du profil "C" cher aux Stratocasters. Chacun aura donc la possibilité d'y trouver son confort. 

Je note d'ailleurs que la guitare est d'usine très bien réglée malgré une action un poil haute, mais ça c'est une affaire de goût. Bon allez c'est pas tout ça, mais il est temps de brancher la bête et de faire rugir les micros Fishman Fluence Modern !

Difficile de faire mieux sur l'accès aux aigus !

Will it Chug ? 

Allez, je branche mon jack dans mon interface, j'active ma simu d'ampli favorite, canal saturé, paré pour envoyer du lourd et...

Pouet.

Wait, what ? Pas de son ? Petit instant de panique, jusqu'à ce que je m'aperçoive que le logement de pile des micros actifs est aussi vide que mon cerveau. Ola mon ami, passe encore pour l'absence de gig bag, mais quand même, pour 1200 balles, tu glisses même pas une pile 9V dans la boîte ? Ça c'est mesquin. Bouh. Pouce en bas. 

Enfin bon heureusement j'ai toujours ça qui traîne quelque part. Et quand enfin la bête se met à rugir, elle tient ses promesses ! Les Fishman Fluence sont à la hauteur de leur hype, des micros précis avec beaucoup de définition, silencieux, puissants avec une belle richesse harmonique. Le second voicing auquel on accède via le push-pull du potentiomètre de tonalité nous donne une réponse légèrement plus vintage, organique avec une attaque moins incisive et plus de gain, et un peu plus de clarté sur le micro manche. On notera que contrairement aux Fluence Classic, les Fluence Modern ne comportent pas de mode splitté, ce qui justifie le sélecteur de micros à 3 positions seulement. Bon, on sent clairement que tout ça n'est pas fait pour faire dans la dentelle et les sons clair/crunch ne débordent pas de chaleur et d'onctuosité. Mais dans son domaine, la Solar envoie vraiment du lourd, tout passe, grosses rythmiques, envolées shreddesques... C'est un plaisir ! Seul le Floyd Rose 1000 me semble un peu en dessous du reste, s'il est correct, un petit upgrade ne sera pas un mal pour qui veut vraiment faire dans les acrobaties à la Steve Vai.

Conclusion

Mon premier contact avec une Solar m'aura donc enchanté, un vrai coup de cœur pour cet instrument qui à 1199€ (prix direct constructeur) est tout à fait à la hauteur de la concurrence avec une fabrication sans faille et des choix de conception et d'équipement qui font vraiment la part belle à l'agrément de jeu, le tout avec une gueule d'enfer. Un petit effort sur les accessoires (pile, housse...) monsieur Englund, et ce sera un sans-faute !

Les Plus

- Rapport qualité/prix.
- Esthétique et confortable.
- Les micros Fluence.

Les Moins

- Pas de gig bag ni de pile.
- Floyd un poil en dessous du reste.
- Je dois la rendre !

Test Solar Guitars A1.6AFRFB - Gaucher