Quelques-uns des plus emblématiques auteurs-compositeurs anglais de ces trente dernières années ont tous en commun leur flegme, leur culture et leur humour. Des dandys comme Jarvis Cocker ou Morrissey ont même bâti l'entièreté de leur carrière en dosant à des degrés différents chacun de ces trois ingrédients. Neil Hannon, pour sa part, a toujours mis en avant son goût des belles choses et des lettres, sans toutefois jamais se prendre trop au sérieux. Avec Bang Goes The Knighthood, l'amateur de pop baroque, comme illuminé par la récente escapade Duckworth Lewis Method, signe son disque le plus versatile dans l'approche stylistique et conceptuelle.

De prime abord, Bang Goes The Knighthood contient encore et toujours la même ambivalence entre des titres faussement graves, extrêmement posés, arrangés à merveille (Down in the Street Below, Island Life) et des morceaux pop dont la simplicité déroute dans le meilleur des cas (Neapolitan Girl, The Lost Art of Conversation) et irrite légèrement le reste du temps (The Complete Banker qu’on croirait sorti d’une comédie musicale douteuse, Assume the Perpendicular et ses paroles pataudes). Pas étonnant que The Divine Comedy ait à son palmarès un générique de série télé (la regrettée Father Ted et Songs Of Love) tant Hannon parvient à exprimer une mélodie juste et entêtante avec un minimum de notes et d'instruments.

Ce sens de l'arrangement pop ne doit en aucun cas occulter le savoir-faire du monsieur lorsqu'il s'agit de se frotter à des titres plus ambitieux. On le constate dès l'entrée en matière avec Down in the Street Below et Island Life. Le premier est dans la lignée typique des morceaux de bravoure de Neil Hannon : le chanteur est appuyé par un orchestre délicat, jamais envahissant, toujours en soutien. Le second, petit bijou intimiste, nous gratifie d’un duo vocal harmonique sublime. Le refrain, rythmé par des influences tropicales, aurait pu tomber dans la caricature mais là encore la touche Hannon fait des merveilles.

Sur, When A Man Cries, on comprend toute la profondeur littéraire de Neil Hannon. Son texte, porté par une franchise et une subtilité immenses, aurait mérité un accompagnement plus marquant mais cette chanson a au moins le mérite de montrer qu'on picore çà et là entre musique et paroles, que l'un rattrape l'autre en cas de besoin. L'enchaînement de When A Man Cries avec Can You Stand Upon One Leg n'en demeure que plus insolite, la onzième piste de Bang Goes the Knighthood étant des plus inconséquentes, notamment ses quinze dernières secondes qu’on gommera rapidement lors de l’encodage en MP3.



Ce dixième album connaîtra sûrement un destin similaire aux précédents : rempli de tubes, il ne verra pourtant jamais le haut des charts. Et même si certains albums passés étaient sans doute plus méritants, Bang Goes the Knighthood parvient à ses fins et satisfera les suiveurs qui n’attendaient pas moins qu’un chef d’œuvre à chaque nouvelle sortie de The Divine Comedy.

Line-up :
Neil Hannon (chant+instruments)

Tracklist de Bang Goes The Knighthood (en gras les morceaux essentiels) :
1. Down in the Street Below 5:08
2. The Complete Banker 3:43
3. Neapolitan Girl 2:49
4. Bang Goes the Knighthood 2:48
5. At the Indie Disco 3:18
6. Have You Ever Been in Love 3:10
7. Assume the Perpendicular 4:06
8. The Lost Art of Conversation 4:01
9. Island Life 4:36

10. When a Man Cries 3:54
11. Can You Stand Upon One Leg 3:32
12. I Like 3:48

Discographie :
Fanfare for the Comic Muse (1990)
Liberation (1993)
Promenade (1994)
Casanova (1996)
A Short Album About Love (1997)
Fin de Siècle (1998)
Regeneration (2001)
Absent Friends (2004)
Victory For The Comic Muse (2006)
Bang Goes The Knighthood (2010)

The Divine Comedy – Bang Goes The Knighthood
Divine Comedy Records

The Divine Comedy a la mélodie légère