Metallica : Hardwired... to Self-Destruct

Publié le 18/01/2017 par Nicolas Didier Barriac
Le temps s'étend entre les sorties des albums de Metallica. Huit ans - un record ! - séparent Death Magnetic de Hardwired... To Self-Destruct et ce n'est pas Lulu qui aura réellement fait patienter les fans. Dans l'intervalle, les Américains n'ont pas changé leur fusil d'épaule : ils orientent toujours leur musique vers le thrash insouciant des débuts. Mais, plus de trois décennies après la frénésie de Kill 'Em All, Metallica n'est plus tout à fait la même formation. Le Black Album est passé par là, les doutes, la quasi implosion aussi. Autant d'éléments qui font du groupe une entité à part, loin de ses racines mais toujours en quête de qualité.

Il est amusant de comparer Testament, qui sort son nouvel album à peu près en même temps que Hardwired… To Self-Destruct, avec le groupe mené par Ulrich et Hetfield. Si le premier a connu de multiples turbulences dans son line-up, sans comparaison avec la solide stabilité de Metallica, sa musique est pour sa part restée fidèle à une ligne de conduite bien précise. A côté, les auteurs d’Enter Sandman font figure d’expérimentateurs fous. Le quartette, par la force des choses, est revenu à un crédo en accord avec sa réputation.

Ainsi, Hardwired… To Self-Destruct est rempli d’éléments très familiers. Halo On Fire perpétue la belle et longue tradition des mid tempo / power ballads qui évoluent en un morceau entraînant plus heavy. On y retrouve tout le savoir-faire des Californiens : un sens inné de la mélodie et un assemblage au millimètre digne d’un ensemble Lego. Kirk Hammett se démène tout au long de cette piste alors qu’il se fait, malgré quelques exceptions, plutôt discret sur le reste de l’album. Difficile de savoir si cela tient à son absence dans la phase d’écriture pour cause de perte de smartphone où étaient stockées 250 (sic) idées de riffs. Atlas Rise ou Moth Into Flame tirent pour leur part dans la même direction que l’album éponyme de 1991, quelques influences rock ‘n’ roll venant à peine doper le jeu de guitare. 

Pour résumer, le premier disque rassemble six compositions où l’on sent un groupe s’amuser comme lorsqu’il est sur scène tandis que le second se focalise sur des chansons plus lourdes et monolithiques. On sent même quelques soubresauts de doom sur la deuxième partie de ce Hardwired… To Self-Destruct. Une sauce qui ne prend pas aussi bien que sur la première moitié où sont concentrés les hits.

Ce dixième opus studio demeure bien pauvre en originalités. L’intro de ManUNkind qui n’est pas sans rappeler Iron Maiden et l’agression sans répit de Spit Out The Bone sont à peu près les seules surprises d’une galette qui file certes à tout vitesse mais évolue sur des rails bloquants toute prise d’initiative. La longueur excessive de la plupart des morceaux n’aide pas non plus à se dégager de cette impression de redite et de répétitions (Confusion, Am I Savage). Saluons tout de même cette fameuse dernière piste, Spit Out The Bone, où Metallica concilie la sauvagerie de Kill ‘Em All et l’excès de St. Anger tout en démultipliant les effets de style.

Le groupe évite les écueils des dernières productions, soigne le fond et la forme. Cela ne suffit pas à faire un chef d’œuvre, surtout à côté de Master Of Puppets ou Ride The Lightning, mais, en 2016, on s’en contentera sans perdre trop d’énergie à râler.

Discographie : 

 

Tracklist de Hardwired… To Self-Destruct : 

(en gras les morceaux essentiels) :

Disque 1

 Disque 2

 

www.metallica.com

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