A la rentrée 2015, Geoff Tate s'est lancé dans sa dernière lubie en date : une trilogie conceptuelle où une clé USB semble tenir une place importante et la vision de l'avenir un rôle prépondérant. L'année dernière nous n'avions pas jugé utile de parler de The Key tant ce disque était mauvais. Pour le second volet, on dégaine quand même la plume pour avertir de l'horreur que représente cette musique dont on se demande comment elle peut s'étaler sur trois disques consécutifs...

Le peu de crédibilité qui restait à Tate part en fumée. Pourtant, celui qui concentre aujourd'hui les moqueries de toute la communauté metal, comme Manowar avant lui, n'a pas toujours été un punching ball de choix. Avec Queensrÿche, il a quand même pondu quelques merveilles, notamment le chef d'œuvre qui lui sert aujourd'hui de prétexte pour nommer son projet. Peu de points communs toutefois entre cette époque et aujourd'hui où, épaulé par un all-star band dans lequel officient tour à tour Kelly Gray, Scott Moughton, Nick Greatrex, Randy Gane, David Ellefson, John Moyer, Simon Wright, Scott Mercado et Brian Tichy, Tate fait traîner en longueur des idées musicales qui auraient à peine suffi à remplir un court EP.

Resurrection ne commence qu'au bout du cinquième morceau, les quatre premiers étant entièrement dévoués à la création d'une ambiance sci-fi et à tester des bruitages de claviers. S'ensuit une déferlante de morceaux plus anecdotiques les uns que les autres. Des midtempo interminables aux effets d'emphase insupportables. Geoff Tate ne sait plus écrire une chanson; il se contente donc de coller des phases musicales à la suite, sans cohérence. Quasiment aucun riff, aucun hook, aucun lead ne vient perturber son schéma qui ferait passer les longueurs interminables du dernier Dream Theater pour des envolées de jazz.

Which Side Are You On est particulièrement déstabilisant. Cette piste manque tellement de fil directeur qu'on pourrait croire à un délire expérimental d'un album "viscontien" de David Bowie mais elle ne provoque qu'une triste incompréhension. Incompréhension d'autant plus forte qu'aucun musicien n'est à pointer du doigt. Même le chant de Tate, bien qu'excessivement monotone, est à sa place. Tous les problèmes sont à trouver du côté de l'écriture. Même des chansons libres de droits sur la pire banque sonore du net affichent plus de créativité.

Et cette musique catastrophique est encore accentuée par le sérieux avec lequel le chanteur appuie les paroles de son concept en rien visionnaire. Alors que Manowar a annoncé sa retraite prochaine, on ne peut que remercier l'Américain de penser à ceux qui ont envie de rire sans être obligés d'écouter un disque parodique. Il faudra alors sauter la piste The Fight qui peut être « appréciée » sans se moquer. Certains y entendront une mélodie - d'autres plus audacieux parleront même de riff – et un refrain AOR que Bon Jovi aurait pu piquer pour une de ses ballades. Le reste du programme est fidèle à The Key, soporifique et déconcertant. Le mieux dans cette histoire reste tout de même que dans un an, le festival de mollesse va recommencer.

Discographie :
The Key (2015)
Resurrection (2016)

Tracklist de Resurrection (en gras les morceaux essentiels) :
01. Resurrection
02. When All Falls Away
03. A Moment in Time
04. Through the Noize
05. Left for Dead
06. Miles Away
07. Healing My Wounds
08. The Fight
09. Taking on the World
10. Invincible
11. A Smear Campaign
12. Which Side You’re On
13. Into the Hands of the World
14. Live From My Machine

Operation: Mindcrime - Resurrection
Frontiers
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Operation: Mindcrime - Resurrection