Dans la tête du bassiste...

(Re) Bonjour à tous, anciens et jeunes du forum.

Après quelques traversées du désert, l'envie de me remettre plus sérieusement à mon instrument est devenu plus présente et une question me taraude: que se passe t'il dans la tête du bassiste pendant un chorus ou pendant qu'on cherche à agrémenter une ligne de basse?

2 options semblent s'offrir:
- penser aux notes qu'on peut jouer parce qu'on sait en quelle tonalité on est, on connait les modes, on connait les effets de telle ou telle note s'enchainant sur telle ou telle accord...
- penser à rien et laisser les notes venir.

Pour la première option ça implique d'avoir super bien bossé en amont, ce qui n'est pas trop mon cas pour avoir abordé mon instrument à l'oreille... Et donc je trouve la seconde option plus "abordable" dans le sens où à force d'écouter de la musique on "sent" les notes qui vont s'aimer ou non, et lorsqu'on tombe sur une note dissonante on finit quand même par bien l'aimer parce qu'elle apporte un peu de couleur ou d'amertume à un chorus peut être trop propre.

J'ai parlé avec quelques pianistes jazz qui ont toujours l'air "préoccupé" par l'instrument et qui me disaient réfléchir aux notes qu'ils allaient jouer. Du coup je m'interroge... comment ça se passe dans vos têtes quand vous partez en impro?

Bonne journée à todos!
xelalex35
entre les deux mon colonel

tu connais ta tonalité, tes intervalles, tu sais grosso merdo ce qui passe et ce qui passe pas. Après ca vient au pifomètre en fonction de ce qui te sors des doigts, et puis souvent tu e rends compte que "oh, bah, tiens, ça sonne pas mal ça, je sors ça d'ou? ok, et bah sur le prochain accord je vais faire ça comme ça je vais pouvoir enchaîner encore mieux sur l'autre"

En tout cas c'est comme ça que je fais
heureux sont les fêlés, ils laissent passer la lumière eux!

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judburn
Ah une frangine, ou un frangin, peu importe.

L'émotion, l'émotion, si on en est plus à réfléchir à ce que l'on fait
car l'instru est devenu un moyen d'expression, et sûrement pas un barrage
à la musique, que dire. L'émotion, c'est ça non ?
Rien d'autre, le plus c'est de la transmettre cette émotion.
Mais c'est pas simple.

Bref, au delà des notes, de l'expression et de l'intention.
Sinon c'est naze.

Hum, ça suppose quand-même de maîtriser la bête hein.
Rien à dire de particulier, ou alors...
L'émotion bien entendu... Mais notre Flaubert était connu pour "gueuler" ses phrases afin de s'assurer de leur beauté à l'oreille. Dans notre langue il convient d'ordonner nos mots et nos phrases pour l'obtenir cette émotion.

Et là je me pose la question des "doigts magiques", c'est à dire ces notes joués par nos mains alors que ce n'étaient pas du tout celles là qu'on souhaitait jouer, des notes joués plus avec la mémoire musculaire ou peut être l'inconscient...
zoemix
  • #5
  • Publié par
    zoemix
    le 02 Oct 14, 18:35
salut Nov', comme tu dis, ça fait un bail ! et ça fait plaisir, aussi.

c'est la tonalité qui me guide, et les chemins que j'ai dans les doigts, et, quand je commence à être un peu bourré, l'audace involontaire que je mets à passer d'un chemin à un autre...
mais globalement, je pars de simple (surtout, j'essaie de faire en sorte que ça soit rythmiquement intéressant) et je brode autour.


"J'ai cru que tu faisais la gueule. Ou pire, que tu étais émotif."

Je suis l'un des bassistes de PöWëR-4
judburn
Et bien c'est là que c'est intéressant,
il existe une mémoire mécanique des doigts,
après tout nous ne somme que le résultat de ce que nous avons été,
et cette mémoire sensorielle demande certes quelque réhabilitation et exercices,
si elles n'ont pas été entrainées ces mimines,
mais la mémoire est là.
Rien à dire de particulier, ou alors...
Jazz Ad
Plus tu as travaillé, plus les bonnes notes te viennent naturellement.
Les purs jazzeux réfléchissent tout lors de leurs improvisations, ça fait partie du style. C'est un peu à part.
La plupart des musiques populaires sont assez simplistes côté harmonie et ne demandent pas beaucoup de réflexion.
@Zoe et Jazz, des poutous

Du coup je me pose une nouvelle question... Si le jazzeux pur et dur connait toutes ses gammes et toutes les théories sur le bout des doigts, comment ont fait Steve Wonder ou Ray Charles? C'est un secret pour personne, ces gens ne savent pas lire... Ce qui me laisse imaginer qu'ils ont assimilé une théorie musicale non plus avec un référent écrit (do ré mi etc.) mais avec directement le son de la note. C'est à dire qu'en peu de temps ils savent sur quelle tonalité on est et quels sont les modes à utiliser sans forcément s'inquiéter du nom des notes... non?
Jazz Ad
Je pense que Stevie Wonder et Ray Charles ne se sont jamais préoccupés des modes qui sont inutiles pour leurs styles (et pour à peu près tout le monde) mais de suites d'accords et de mélodies.
Oui, à partir du moment où la mélodie cadre avec les accords, on est dans les modes sans le savoir finalement: on connait les notes qui sonnent, celles qui frottent et celles qui clash dans un accord. Y a vraiment aucun jazzeux qui aurait cette approche intuitive de la musique?


PS: c'est assez casse couille le code de sécurité à chaque réponse.
judburn
Poncifs :
Chet Baker et bien sûr l'immense John Coltrane.
Ca à été tout le problème de Miles Davis qui n'a jamais retrouvé le "son",
ce qui sort des tripes et sûrement pas d'un instru, ça ce n'est qu'un moyen, rien d'autre
c'est complexe.
Chez nous les sans grades du Rock, l'équivalent c'est le gigantissime Robert Johnson.
Cela étant, les potes ont raison, maîtriser l'instru,
c'est la seule voie possible vers la liberté d'expression, et se laisser guider par sois-même,
ne pas penser, surtout pas. Mais je ne suis pas jazz.
La simplicité traduit l'émotion sans réfléchir, et puis rien n'empêche de jouer une note
incongrue, la blue note par exemple...
Si les gens réfléchissaient, où irions-nous ?

Et si j'ais dit une connerie, Zoem et Jazz me botteront les fesses.
Rien à dire de particulier, ou alors...
zoemix
un fessier si délicat, sûrement pas !


"J'ai cru que tu faisais la gueule. Ou pire, que tu étais émotif."

Je suis l'un des bassistes de PöWëR-4
Novitche_Sama a écrit :

2 options semblent s'offrir:
- penser aux notes qu'on peut jouer parce qu'on sait en quelle tonalité on est, on connait les modes, on connait les effets de telle ou telle note s'enchainant sur telle ou telle accord...
- penser à rien et laisser les notes venir.


xelalex35 a écrit :
entre les deux mon colonel
En tout cas c'est comme ça que je fais


C'est aussi comme ça que je fais.
J'ajoute que je me sert des modes et gammes comme "vocabulaire". Pour construire mon impro, j utilise souvent soit des oppositions simples en alternance : par phrase rythmique, phrase mélodiques, ou phrase(s) dans le grave phrase(s) dans l’aiguë, etc... l'idée est d'utiliser ces oppositions pour dynamiser l'impro

Ou jouer avec un/des motifs (1) dont on se sert pour construire les phrases. Par ex commencer ces phrases toujours par le même motif. On peut aussi transformer ces motifs : allonger, tronquer, renverser.

Ou une structure évolutive (chemin de notes)


(1) à 8:51, exemple de chorus qui utilise un/des motif(s)
Le chorus est construit sur motif et modulation
http://youtu.be/pgQQ7k30Ti4

Novitche_Sama a écrit :
Y a vraiment aucun jazzeux qui aurait cette approche intuitive de la musique?


Je pense qu'au fond, chacun a sa manière.
Chacun trouve la sienne en se confrontant à celle des autres. L'erreur me semble de vouloir s'approprier (ou se faire imposer) une technique avec laquelle on est mal à l'aise.

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