Je relaye l'information pour ceux que ça intéresserait...
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Les disquaires font de la résistance
Vendredi 15 avril 2011, 10:05
Née aux Etats-Unis en 2007, la journée du disquaire arrive chez nous. Samedi, il sera possible de trouver en magasin des vinyles collectors sortis pour l'occasion. Le CD, né il y a 30 ans, est-il mort, tué par le téléchargement ?
Le dernier Gorillaz en vinyle, deux jours avant sa sortie en CD ? Le Covers EP de Franz Ferdinand ? Le nouveau Fleet Foxes en édition limitée ? Les remixes de Gotan Project ?
Il s'agit là des quelques disques inédits proposés ce samedi à la vente par les disquaires indépendants participants au Record Store Day (le jour du disquaire) qui, pour la première fois, débarque en Belgique. Le Record Store Day a été lancé aux Etats-Unis en 2007 dans le but d'attirer l'attention du consommateur de plus en plus tenté par le téléchargement, l'achat en ligne ou les espaces de grande distribution proposant d'autres produits pas nécessairement culturels.
Il y a vingt ans, on comptait, en France, 3.000 disquaires indépendants, c'est-à-dire n'appartenant pas à une chaîne de grande distribution. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 200.
Et en Belgique ? Personne ne le sait. C'est dire l'état dévasté du secteur. Pour le Record Store Day, qui se tiendra aussi en France, aux USA et au Royaume-Uni, ce samedi 16 avril, 26 disquaires belges participent dont deux seulement en Wallonie (Lido Music et Jukebox, tous deux à Namur).
À Bruxelles, sept disquaires proposeront ce samedi des albums en exclusivité. Mais cette liste comprend aussi des officines spécialisées dans le disque d'occasion. Selon Dédé, le patron et fondateur en 1977 de Caroline Music, dont il ne reste plus qu'une seule enseigne, passage Saint-Honoré, il n'existe plus à Bruxelles que deux disquaires indépendants spécialisés dans la nouveauté en tout genre : Caroline Music et Sunset Music à Uccle. Les autres magasins sont soit des chaînes de magasins soit des endroits spécialisés dans un type de musique particulier, comme l'électro, le jazz, la musique world ou classique.
Caroline Music mettra samedi à disposition de ses clients environ 150 références : « Ce sont essentiellement des tirages limités en vinyle, nous a confirmé Dédé. Antony & the Johnsons, Griderman, Duran Duran, les Cars, Gorillaz, Arthur Russell… Mais on n'a pas tout pris. Par exemple, le Flaming Lips à 75 euros, je ne vois pas qui m'achèterait ça. C'est assez pointu en général. À chaque achat, on distribue une compilation CD de Subpop qui sera aussi vite collector. Il y a certaines références qu'on n'aura pas malheureusement. Les Français la jouent très francs-tireurs en évitant les exports, comme le Justice ou le Charlotte Gainsbourg avec Villagers. Je ne suis pas sûr non plus d'avoir le Live inédit de Cure. »
Mais les mélomanes collectionneurs pourront toujours trouver leur bonheur. Ils prouveront samedi qu'on a un peu trop vite enterré le vinyle et le disque de collection. Un secteur de niche ? Sans doute mais bien vivant tout de même.
La situation n'est pas rose pour autant. Avec la faillite de Sonica, ce n'est pas moins de 70 enseignes (Extrazone, Forum, etc.) qui ont disparu chez nous. Caroline Music a également dû fermer sa succursale liégeoise : « Liège est tellement sinistrée économiquement qu'il n'est plus possible d'y vendre du disque, regrette Dédé. Quand j'ai annoncé la fermeture, j'ai eu le soutien de 5.000 personnes. Si toutes avaient acheté un disque par mois, le magasin existerait encore. »
Caroline Music vend encore 60.000 disques par an. Il y a dix ans, il en vendait le double. Sa clientèle devient une niche d'amoureux du disque, intéressés par de petits labels et, pour moitié, des imports.
La concurrence est forte. Le téléchargement (légal ou non) n'est pas le seul à être montré du doigt : « La vente en ligne touche surtout les clients qui n'habitent pas Bruxelles et qui ont du mal à se déplacer. Sinon reste le plaisir de toucher le disque, de discuter… Une enseigne comme Media Markt a également fait un tort énorme au secteur car le prix y était cassé juste pour attirer le client et lui vendre de l'électroménager. Car on n'a jamais sorti autant de disques qu'aujourd'hui. Avant, t'avais dix artistes qui vendaient des millions d'albums, aujourd'hui, t'as des millions d'artistes qui en vendent dix ou quinze. »