Non, je ne suis pas un dénicheur de talent. Si je me suis intéressé à Ajeya, c’est d’abord parce qu’un certain Noël Alfonsi de L’Atelier 58 prenait part au projet et que cet homme de goût est, lui, un véritable renifleur de génie (cf les live de l'Atelier 58 sur YT*). C’est aussi parce que l’excellent Paul Pavillon (Perfect Line)fait partie du groupe. Juste pour ces raisons, il fallait que j’en sache plus sur cette artiste vogant entre dub, electro, rock et metal.

Avant de parler de Ajeya, peux-tu nous raconter comment tu as mis un pied dans la musique ?
J’ai un cursus classique, conservatoire, école de musique… Ca s’est super mal passé. Je ne supportais pas vraiment l’autorité et le formatage. J’avais, plus globalement, du mal avec le schéma classique de vie qu’on essayait de m’imposer, alors j’ai essayé de changer de direction. Ensuite je me suis installée à Bristol, là ou j’ai rencontré des personnalités qui prônaient la liberté d’expression, de penser, la conscience, ça m’a vraiment interpellée. Plus toute la musique qui s’attache à ces idées, punk, rock, trip hop, je me suis sentie tout de suite proche de cet univers.

On peut déjà définir des influences forte punk libertaire dans ta musique ?
J’ai pas la prétention de faire une punk, mais au niveaux des idées, c’est ça. Depuis toujours j’ai l’impression qu’on a essayé de m’éloigner de moi-même, que ce soit au niveau du système scolaire ou du système social, les schémas de vie… j’avais envie de m’écouter moi-même d’abord. Mes musiques sont en étroite relation avec ce que je pense. Je ne suis pas en train de m’inventer une vie, mes textes, ma musique, c’est un peu comme si je parlais à un pote. J’ai surtout envie de faire passer ça d’abord, la sincérité.

Musicalement, quelles sont tes influences ?
Au début, j’ai beaucoup écouté The Miseducation de Lauryn Hill, ça a été une première révélation. C’est l’album qui m’a donné envie de faire de la musique. Ensuite j’ai écouté beaucoup de grunge et de metal avec des artistes de prédilection comme Alice In Chains, Slayer, Marylin Manson. Pas mal de choses violentes. Ca traduisait vraiment mon univers intérieur plein de révolte.
Plus tard, je me suis calmée et le reagge et l’electro sont venus se greffer à mes influences.
Maintenant, j’ai un peu les deux côtés, c’est violent, mais quelque part, y’a de l’espoir.

Comment peut-on organiser et concilier toutes ces influences lors de l’écriture de morceaux ?
C’est vraiment le chaos dans ma tête ! En studio, j’arrive avec mon chaos, mes idées et mon compositeur (ndlr : Loïc Ledeveat) m’aide à structurer tout ça. C’est vrai que sans lui, j’aurais du mal à faire cohabiter tout ça. Si j’étais toute seule aux commandes, ça serait du bruit.

Tu n’es donc pas toute seule aux commandes de ta musique ?
Non, mais j’ai la chance de travailler avec des personnes en qui j’ai confiance. C’est après les avoir rencontrées que je me suis aperçue que je ne pouvais pas faire de la musique toute seule, dans un squatte de punk. Il fallait que je m’entoure de personnes qui m’aident à rendre accessible ma musique aux autres. J’étais trop tournée vers moi. Eux, ils me permettent de me tourner vers un public.
Loïc me comprend et organise mes idées sans m’empêcher d’être ce que je suis.
C’est pareil avec mes musiciens. Ce sont de vrais pros, moi je ne suis qu’une amatrice comparée à leur expérience. Il m’ont beaucoup aidée à trouver ma place dans ma musique et je sais que quoi qu’il arrive je peux me reposer sur eux.
Ca passe aussi par tout le travail avec le photographe qui m’aide à développer et travailler mon identité visuelle.

Le clip sorti cet été est-il aussi le fruit de tes réflexions et de celles des gens qui t’entourent ?
Il faut savoir qu’on travaille tous dans une ambiance très simple ou on peut se dire les choses. La plupart des choix que nous prenons viennent de discussions qu’on a eues. On est très souvent d’accord. C’est très stimulant. Il traduisent parfaitement ce que je veux faire passer.
Il m’aident à ne pas avoir un univers opaque.



La guitare est-elle importante dans ce projet ?
Paul Pavillon est là depuis le début. Que ce soit en studio ou en live, je lui laisse une liberté totale pour toutes ces parties. C’est incroyable parce qu’il trouve toujours ce dont j’ai besoin. Il est vraiment une pièce maîtresse du Projet Ajeya.

Vous avez déjà commencé à tourner avant même d’avoir sorti un disque, que dirais-tu aux gens qui ne te connaissent pas pour qu’ils viennent te découvrir ?

Ajeya est d’abord un projet live. C’est pour ça que je ne voulais pas attendre la sortie du disque. Pour moi, c’est pas une musique qui s’écoute comme ça en faisant la vaisselle, c’est viscéral, ça se vit. Je pense qu’il faut vraiment le voir sur scène. Si les gens ne nous connaissent pas, c’est pas grave, qu’ils viennent par curiosité. En France, on est les seuls à faire ça. C’est une expérience unique. 

Prochaine date : le 27 au Gibus Café (Paris)

Page Facebook de Ajeya : https://www.facebook.com/ajeyaofficialmusic
*Les lives de l'Atelier 58 : http://www.youtube.com/user/TheAtelier58
Ajeya, un nouveau son