En 2010, la renaissance lumineuse d’Anathema nous gratifie d’un album de très bonne volée. Depuis les Anglais ont enfoncé le clou, notamment avec Weather Systems, le sommet de leur carrière. Mais en plus de leurs albums exceptionnels, ce sont les prestations scéniques que l’on retient. Autrefois extrêmement irrégulier dans cet exercice, le groupe était capable de se déchaîner dans une furie salvatrice autant qu’exploser en plein vol sous un déluge de fausses notes et d’approximations. Maintenant que sa musique s’est définitivement apaisée, il semble ne plus être capable de se rater. La paire Lee Douglas / Vinnie Cavanagh est irréprochable au chant et Danny Cavanagh orchestre toute la bande avec sérénité. Universal l’avait démontré à tous il y a deux ans. Son compagnon A Sort Of Homecoming va en faire de même dans le cadre intime d’un concert acoustique.

Les concerts dépouillés sont une habitude du groupe et aussi de ses deux leaders en solo. A Sort Of Homecoming est donc tout sauf une improvisation. Et cela se sent immédiatement à l’écoute des arrangements bien pensés des quinze titres présentés. Parfois très proches des originaux (Untouchable Part 2), parfois nettement moins (The Beginning And The End), ils alternent les approches, les angles d’attaque, les sensibilités… Et généralement la magie opère comme sur ce sublime morceau éponyme où le violoncelle prend le rôle de la guitare sur la seconde partie du titre, vertigineux crescendo émotionnel.

On dit qu’une chanson n’est réellement bonne que si elle fonctionne débarrassée de ses artifices. C’est pourquoi tant de concerts unplugged sont de mauvaises idées. Peu de groupes composent suffisamment bien. Anathema est d’une toute autre trempe. Au cours de ce concert, le rythme ne baisse que sur Electricity, titre anecdotique qui aurait mérité d’être remplacé par n’importe lequel de Judgement. Heureusement, l’autre extrait du même album est un temps fort : A Natural Disaster. Lee Douglas livre un récital qui montre à quel point elle a progressé elle aussi sous l’influence de ses camarades.

Impossible d’évoquer A Sort Of Homecoming sans parler de la cathédrale de Liverpool où il a été enregistré. Les notes s’éparpillent dans un reverb naturel somptueux. Chaque arpège, chaque ligne de chant un peu appuyée, chaque attaque de batterie aux balais se trouve magnifié. Les images, elles, sont à la hauteur de la qualité sonore. Lasse Hoile, compère visuel de Steven Wilson, a mis tout son savoir-faire pour un rendu de haute volée. Toutefois, malgré ses efforts, on déplorera l’obscurité globale qui devait certainement très bien rendre sur place mais qui visuellement, sur écran, est légèrement fatigante.

Vous l’aurez compris, c’est un spectacle total qu’Anathema propose ici. Les anciens frères terribles du doom ont bien évolué et semblent sinon renier leur passé être focalisé à 100% sur l’avenir. Fragile Dreams est le seul intrus d’une époque révolue. Et encore : il s’agit du titre le plus « pop » enregistré avec Duncan Patterson. Il revit ici sous une autre forme, toujours aussi énergisante malgré une ambiance toujours très posée. A Sort Of Homecoming est le genre de live qui met instantanément une ambiance délicate tout autour des haut-parleurs qui le diffusent. On se retrouve propulsé au sein du public de Liverpool qui fait honneur à la cathédrale en écoutant religieusement le set, en anticipant sûrement le DVD/CD qui allait suivre.



Line-up :
Vincent Cavanagh (chant+guitare)
Daniel Cavanagh (chant+guitare+claviers)
Jamie Cavanagh (basse)
John Douglas (batterie)
Lee Douglas (chant)

Tracklist de A Sort Of Homecoming (en gras les morceaux essentiels) :
1. The Lost Song Part 2
2. Untouchable Part 1
3. Untouchable Part 2
4. Thin Air
5. Dreaming Light
6. Anathema
7. Ariel
8. Electricity
9. A Temporary Peace
10. The Beginning And The End
11. Distant Satellites
12. Take Shelter
13. Internal Landscapes
14. A Natural Disaster
15. Fragile Dreams


Anathema - A Sort Of Homecoming
Kscope
www.anathema.ws

Anathema - A Sort Of Homecoming