Vingt ans avant Twilight, Blasphème parlait déjà de vampires sur son second album, Désir De Vampyr. Il aura fallu attendre vingt-cinq ans et une reformation pour que le groupe lui compose un successeur, Briser Le Silence. Durant ce temps, évidemment, la scène française et l’attrait général pour le hard rock a quelque peu changé… Pas de quoi entamer la motivation du quartette qui semble revenir comme des jeunes loups avec niaque et panache. Marc Fery le chanteur et Pierre Holzhaeuser le guitariste nous racontent tout ça.

La première question est sans doute peu originale... Pourquoi une reformation de Blasphème et un nouvel album ? Qu'est-ce qui a provoqué ce retour ?
Marc Fery
: En fait la reformation de Blasphème est un peu un concours de circonstances. En effet, c'est face au harcèlement perpétuel de Phil' Em All que nous avons accepté de jouer à son Paris Metal France Festival. A la base notre reformation devait se faire juste pour ce concert, puis devant l'accueil des fans et le succès rencontré, nous avons alors décidé de poursuivre l'aventure. Très, très vite la conception d'un album s'est révélée être une évidence.

Lorsqu'un groupe s'est arrêté si longtemps comment la machine se remet en marche ? Vous avez pris comme point de référence vos précédents albums ou vous avez simplement eu la démarche d'un nouveau groupe ?
Pierre Holzhaeuser : Je pense que tout s'est passé naturellement, sans trop se poser de questions. Il faut savoir que nos situations géographiques sont complexes. Nous habitons dans les quatre coins de la France, et quand nous nous retrouvons, il y a une sorte de magie qui opère, les automatismes reviennent aussitôt avec en plus la fraîcheur et la jeunesse de notre nouveau batteur qui n'est autre que le fils de Philippe, notre bassiste depuis toujours.

Comment décririez-vous le nouvel album, Briser Le Silence ?

M. F. : Au risque de sembler très cliché, je pense vraiment que Briser Le Silence est l'album de la maturité, avec un son très actuel et l'énergie de l'espoir. Vingt-cinq ans, cela ne se brise pas, juste en claquant les doigts. Nous avons beaucoup travaillé sur cet album, jusque dans la conception de la pochette.

Qu'est-ce qui vous rend particulièrement fiers sur ce disque ?
P. H. : La satisfaction la plus grande, est sans doute, qu'aujourd'hui, cet album existe enfin, avec l'espérance que le public adhère et soit à son tour satisfait de cette « résurrection ». A cause de l'éloignement nous avons composé les titres de cet album un peu chacun dans notre coin pour ne les arranger que lors de nos retrouvailles. Il génère donc nos âmes.

Blasphème était connu pour son contact avec ses fans. Pendant votre « arrêt », est-ce que vous continuiez à recevoir beaucoup de messages ? Vous demandait-on souvent de vous reformer ?
M. F. : Effectivement Blasphème a toujours respecté les fans, car ils sont le moteur d'un groupe et de ce fait ils font qu'un groupe existe ou n'existe pas. Suite à notre séparation, nous nous sommes un peu coupés du monde du heavy metal. Nous n'avions donc pas de contacts ni de news. Encore une fois, c'est à cause ou plutôt grâce à Phil' Em All que nous sommes de retour.

Le hard rock est sans doute moins populaire aujourd'hui que dans les années 80, le public français soutient sans doute un peu moins les groupes français... C'est un défi pour vous de vous imposer à nouveau ?
M. F. : C'est vrai que les années 80 étaient l'âge d'or du heavy metal en France. Et bien sur que c'est toujours un défi de revenir et de s'imposer, surtout quand il s'est passé vingt-cinq ans. Mais bon, je crois que le prix en vaut la chandelle. Puis nous avons la sagesse de l'âge.

Briser Le Silence voit Aldrick, le fils de Philippe, prendre place à la batterie. La différence d'âge est-elle facile à gérer pour le groupe ?
P. H. : Aldrick est né avec et en écoutant Blasphème. Je pense qu'il est fier de jouer avec son père et avec ses tontons même si il a aussi d'autres projets. C'est un excellent musicien qui a plusieurs cordes à son arc. Il fait partie de Blasphème à part entière et nos relations inter-générations sont très bonnes.

Marc, les textes semblent avoir quelque peu changé durant ces vingt-cinq dernières années. L'ensemble me paraît moins sombre et occulte que par le passé et même parfois assez positif. Est-ce que tu confirmes ?
M. F. : Comme tu le dis si bien, vingt-cinq années sont passées : je ne peux pas continuer à écrire des textes occultes toute ma vie, d'autres le font et l'ont fait, et il me semble que le sujet s'épuise vraiment. Quant au coté positif, je ne suis pas tout à fait d'accord car dans cet album, j'aborde des sujets assez graves.

Pierre, quelques mots sur tes parties de guitare. Comment dirais-tu que ton jeu a évolué depuis le deuxième album de Blasphème ?
P. H. : En fait, mes parties de guitare sont ressenties un peu à l'instinct, au feeling suivant l'instant. Cela reste ma marque de fabrique. L'évolution pourrait être du fait que j'ai écouté et joué autre chose que du heavy metal, et cela s'avère être une expérience supplémentaire.

Quel matos as-tu utilisé pour l'enregistrement de Briser Le Silence ?
P. H. : A ce niveau là, je suis resté très classique, Marshall JVM 410, et mes deux amours de "guitare", ma Gibson Explorer, et ma S.G. Je suis quelqu'un de très fidèle.

Un mot sur votre concert au Hellfest 2010. Ce fut une bonne expérience pour vous malgré l'horaire matinal ?
M. F. : Effectivement jouer si tôt le matin, n'est pas le meilleur horaire, ni pour nous ni pour les fans qui ont été vraiment courageux pour assister à ce concert. Nous étions figés par la peur mais ils sont arrivés à nous décontracter au fur et à mesure du show. D'une manière générale ce concert restera une expérience gravée dans nos mémoires. Une fois encore, merci à tous ces fans qui sont venus aussi nombreux.


Blasphème - Briser Le Silence

XIII Bis Records
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L'immortel Blasphème !