Gus G., maintenant lieutenant d'Ozzy Osbourne, ne perd pas de vue son groupe Firewind pour lequel le rythme de sorties ne faiblit que très peu. Pour preuve, un an et demi après Days Of Defiance arrive déjà le septième opus des grecs. Entre deux virées avec le chef de famille le plus fracassé du paysage audiovisuel mondial, le guitariste a pu mettre en boite Few Against Many, incontestablement le plus abouti des albums de Firewind.

Nous nous sommes rencontrés pour la dernière fois il y a quatre ans. Pas mal de choses ont changé depuis (rires) ! Quel est ton état d'esprit aujourd'hui par opposition à lorsque The Premonition allait sortir ? Est-ce que tu considères la musique différemment ?
Gus G. : Bien sûr ! J'ai connu des changements pour le mieux. En tant que personne, je ne pense pas avoir trop changé. En tout cas, le fait de jouer aux côtés d'Ozzy m'a donné une grande confiance en moi et je pense que mon jeu n'a pu que s'en trouver amélioré. Je suis devenu hyper professionnel maintenant, à force de fréquenter les gros bonnets ! Je suis pleinement conscient de la chance qui m'a été donnée.

Comment cela se matérialise dans Firewind ?
G. G. : Ca nous a rendus meilleurs. Avant c'était le chaos ! Quand nous avions rendez-vous quelque part à 5 heures, personne n'était présent avant 6h30 ! Nous sommes nettement mieux organisés aujourd'hui. J'ai pu gommer pas mal de nos mauvaises habitudes. Musicalement, j'ai pu aussi prendre un peu de temps de réflexion avant de me lancer directement dans Few Against Many. Avant, j'aurais enregistré plus rapidement et je n'aurais pas attendu d'avoir un aussi bon concept disponible. De plus, j'ai analysé nos forces et j'ai essayé de comprendre ce qui me différenciait des autres guitaristes. Quelles sont mes caractéristiques, celles qui ont fait que j'ai pu intéresser un gars comme Ozzy ? Ca m'a aidé à évoluer. J'ai fait de même avec le groupe au sens large. Nous avons atteint un certain niveau et ce qui m'intéressait était de trouver les éléments qui nous permettraient d'atteindre le prochain pallier.

Qu'as-tu trouvé, du coup ? Quelque chose qui t'a surpris ?

G. G. : J'ai compris qu'il nous manquait quelques éléments. Ou plus exactement, qu'il fallait mettre en avant certaines choses qui restaient trop enfouies. Nous avons de superbes mélodies mais parfois nous devons davantage verser les riffs mastocs et le groove comme sur des chansons du type Fire And The Fury que les gens adorent en concert. Je voulais que Few Against Many soit un album plus moderne et plus heavy. Je voulais aussi qu'il se démarque des précédents car il n'y avait aucun intérêt à proposer à nouveau le même contenu... Mon objectif était de redéfinir notre son !

Tout cela a été fait de ton côté ou est-ce que c'est une démarche partagée par l'ensemble des membres de Firewind ?
G. G. : J'ai fait ce travail tout seul même si j'ai proposé aux autres gars de faire cela pour eux-mêmes s'ils le voulaient aussi. J'écris la majorité des chansons de Few Against Many. C'est donc logique. J'ai beaucoup parlé avec les membres de Firewind pour être sûr que nous soyons tous sur la même ligne. Ils étaient d'accord avec mes idées. Par exemple, j'ai encouragé notre chanteur à être plus rock 'n' roll et moins versé dans le chant « lyrique ». Il a une voix superbe et je voulais qu'il le montre vraiment en s'exprimant sans retenue et sans faire quelque chose de manière peu naturelle.

Au bout de six albums, il était temps pour toi de marquer un tournant dans la carrière de Firewind ?
G. G. : Tout à fait. Les trois derniers allaient vraiment dans la même direction. C'est bien car ils nous ont permis d'agrandir notre fanbase mais il fallait proposer du neuf et ne pas continuer dans la lignée de Days Of Defiance. Je crois que c'est la maturité (rires) ! Ca m'a fait plaisir de faire un album plus réfléchi.

Est-ce que les éléments progressifs de votre musique pourraient se développer à l'avenir ?
G. G. : C'est possible. En tout cas sur Few Against Many il n'y en a pas. Par le passé nous avons déjà essayé de faire du metal progressif avec un titre instrumental extrêmement technique intitulé SKG. Très honnêtement, je trouve que notre avenir est très ouvert et j'envisage plein de possibilités pour notre prochain album. Mais nous n'en sommes pas encore là. Je profite encore de la satisfaction que j'éprouve à l'écoute de Few Against Many. Je parie que l'album suivant sera différent et unique à sa façon.

Tu es assez occupé, musicalement parlant. Néanmoins, est-ce que tu recherches encore à participer ou à monter d'autres projets ?
G. G. : J'ai envisagé un album solo à un moment donné. Beaucoup de labels aimeraient que je fasse cela et les fans me mettent régulièrement la pression que je m'y colle. Pourquoi pas ? Dès que j'ai fini avec Firewind, je vais voir ce qu'il est possible de faire sur 2013. Je prends les jours les uns après les autres mais je suis sûr que si je me rajoute du travail par le biais d'un projet additionnel ce sera forcément un album solo !

Tu sais déjà dans quelle veine il pourrait se situer ?
G. G. : Un mélange de trucs instrumentaux et de morceaux chantés mais dans un registre différent de Firewind. En tout cas, je ne pense pas faire un disque uniquement instrumental car c'est un public trop restreint et je souhaiterais toucher plus de gens que cela. Après, je m'autorise autant à aller dans l'extrême que dans le blues voire tout à la fois.

Ou un album solo comme le premier disque de Slash ?
G. G. : Très bon exemple ! Je me vois bien réaliser un disque comme cela avec un tas d'amis et de musiciens pour m'aider et voir où je pourrais aller. Mais il est encore trop tôt pour envisager un projet de cet ordre sérieusement.



Pour finir, comment se fait-il que tu n'aies pas fait appel à un producteur sur Few Against Many ?

G. G. : Je voulais faire un disque à ma façon. Je l'ai dit aux autres mecs du groupe. Sur le précédent, je pense que trop de gens ont exprimé leurs avis. Je leur ai demandé de me faire entièrement confiance pour qu'ils ne soient pas déçus. Il fallait rectifier certaines choses autrement ça m'aurait énervé trop fort. Après la grosse tournée d'Ozzy et les changements dans ma vie, la dernière chose dont j'avais besoin était de me prendre la tête avec un producteur en studio à propos de Firewind. En plus, je sais exactement où il faut que je mène le groupe. Au final, ça a bien marché !


Firewind – Few Against Many
Century Media
www.firewind.gr
Firewind, Few Against Many

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