Avec tous ceux qui sont déjà pris, difficile de trouver un nom de groupe qui colle aussi bien à son style que Hell of a Ride. Les Frenchies signent leur premier album, Bête Noire, après un EP et des prestations scéniques très prometteurs. On a pris rendez-vous avec les deux guitaristes, Noré et Low, pour mesurer leurs ambitions à l'aube de leur carrière.

Bête Noire est votre premier album, pourtant on a déjà l'impression que vous êtes là depuis un moment. C'est un album qu'il vous a été difficile de produire ?
Noré : On a déjà sorti un EP Fast As Lightning en 2013 un peu moins produit et plus roots mais pour cet album on a revu notre méthode pour composer et cela a été plutôt bénéfique.  
On a pris 12 jours pour arranger et enregistrer les 11 titres sélectionnés parmi plusieurs. Notre producteur Charles « Kallaghan » Massabo a fait un travail de dingue pour révéler l’essence même de nos morceaux.  En fait je dirais que le plus dur a surtout été d’attendre les réponses de labels/distribs pour la sortie de notre album. On est passés par plusieurs phases d’émotions (rires).
Low : C'est surtout que l'on a progressé par étapes. Le projet est né en 2009, il a trouvé sa direction rapidement mais il a pas mal changé de line up avant d'attaquer les choses sérieuses en 2010 (première démo 2 titres et premiers live en 2010). On a enregistré l'EP en 2011, sorti une version numérique simple sur notre site pour faire connaitre le nom, changé de section rythmique en 2012, travaillé sur la composition de l'album début 2013, enregistré durant l'été, ressorti l'EP en automne avec le label Send The Wood, défendu l'EP sur plus de scènes (salles et festivals). Il y a eu un entre-deux en 2014 où on cherchait le meilleur moyen de sortir l'album qui était très attendu, puis j'ai eu mon accident au poignet droit, on a réattaqué rapidement. Puis début 2015 changement de batteur avec Thibs (ex-Bukowski) qui nous a rejoints et on a mis en place la sortie de l'album aussitôt. Chaque année,à partir de 2010 était ponctuée par pas mal de bonnes dates, de bonnes rencontres, de bonnes critiques nous encourageant à faire plus.

Il y a eu quelques changements de line-up depuis la toute première incarnation de Hell Of A Ride. Etes-vous arrivés à un stade où la stabilité permettra de continuer sur votre belle dynamique ?    
N. : Effectivement, on a enfin trouvé le combo parfait, un peu comme les « village people » mais en plus rock (rires). Plus sérieusement, on s’entend bien, on est dans le même délire musical, on à la même optique donc comme on dit : « on ne change pas une équipe qui gagne » (rires).    
L. : Je suis arrivé en 2010 après le premier gros changement de line-up, le style m'a vraiment accroché d'emblée car je savais que je pouvais apporter quelque chose tout en devant travailler un registre auquel je n'étais pas habitué. Les changements de line-up qui ont suivi étaient principalement liés aux engagements de ces membres dans d'autres projets au style plus djent. L'arrivé de Franck the Gent collait parfaitement, et plus tard Thibs arrivait d'un groupe bien rock 'n' roll dans le style que l'on apprécie. Donc là oui on tient quelque chose de solide (rires).

Bête Noire semble être un concept album qui chronique les journées de Mad Dog. Pouvez-vous nous expliquer qui est ce personnage et ce qu'il vit au cours de l'album ?   
N. : Tout à fait, Notre EP Fast As Lightning posait les bases de l’histoire et présentait notre personnage. Cet album en est la suite. On se rend compte que l’histoire est plus complexe que prévue. Mad Dog nous livre dans le booklet, sous forme d’un carnet de notes, ses péripéties et son combat, où chaque jour correspond à un titre de l’album.      
L. : Mad Dog est un personnage marqué, un cascadeur, ancien jeune prodige de la course automobile dont la vie a basculé après sa rencontre avec une jeune femme dont il est tombé éperdument amoureux, pour qui il a sacrifié indirectement sa carrière, et qu'il a perdue dans un accident de voiture. Pendant des années il erre, entre culpabilité, instinct de survie, alcool, prises de risques. Accroc à l'adrénaline et l'envie d'en terminer avec sa fuite envers la mort, il monte un dernier show, une cascade impossible après laquelle il compte ne pas se relever. La veille de son grand saut, il part se faire une virée une nuit d'orage avec la voiture qu'il allait utiliser pour sa cascade. Arrivé dans son bar favori il se fait embrouiller par des gars, et le gang de nanas qui les avaient poussés à le chauffer lui vole son bolide. L'EP raconte cette fameuse nuit, du moment où il décide de sa virée nocturne jusqu'à celui où il rattrape l'une des voleuses. L'album reprend le fil de l'action, la nuit suivant l'interrogatoire de la nana capturée et l'emmène sur une piste pleine de surprises. Et se termine sur une grande interrogation, laissant la porte ouverte à la suite des aventures bien sûr (rires).

Dans vos influences après quelques groupes / artistes de musique, vous citez souvent des réalisateurs ou des films. Peux-tu me donner quelques exemples de chansons qui se sont vraiment nourries d'un réalisateur ou qui ont été provoquées par un film ?   
L. : Le personnage même de Mad Dog est inspiré de Deathproof de Quentin Tarantino, à l'exception que le mec n'est pas un pourri. Il a ses mauvais côtés mais n'est pas un tueur. C'est la trame de base à laquelle on a ajouté beaucoup d'éléments, de Drive de Nicolas Winding pour la biographie du personnage, de Easy Rider de Dennis Hopper pour le road movie. L'un des titres, From Dusk Till Dawn, est un clin d'œil direct au film de Quentin Tarantino et Roberto Rodriguez mais seulement sur le titre. Nos influences cinématographiques se retrouvent sur le fond de l'histoire, dans la construction aussi, les turn-overs mais aussi sur le ton, l'état d'esprit du personnage, les situations.

En tout cas, vos clips sont extrêmement soignés et c'est agréable de voir ça d'un jeune groupe. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur le ou les prochains clips en préparation ?   
N. : Merci, et ça fait d’autant plus plaisir car on fait tout par nous-mêmes. On est en train de travailler sur le clip live d’un des titres de notre album, Red Light Mississippi . Un autre clip et d’autres lyrics vidéo sont prévus. 

Le titre de l'album doit-il être pris en français ou en anglais ? En effet, il me semble que les anglo-saxons emploient ce terme et comme ce terme est la seule trace de français sur le disque...   
N. : Tu as vu juste, au départ, on cherchait un terme en anglais qui pouvait coller à l’histoire et au concept de l’album mais on ne trouvait pas. Et puis on a pensé aux expressions françaises utilisées par les anglais/américains et on a eu une révélation sur « bête noire ». Au final, ça colle nickel pour cet album, mais en plus ça donne une petite touche Frenchie, pour dire que même si on fait un style de rock très typée US, on ne renie pas nos origines (rires).

Noré, tu es le lead guitariste du groupe. Prends-tu également le "lead" quand il s'agit d'écriture (rires) ?   
N. : J’aimerais bien être un dictateur pour pouvoir imposer mes influences de musique folklorique mexicaine (rires). Mais pas du tout. C’est un travail d’équipe, Moi ou Low ramenons une idée de riff à la gratte, plus ou moins avancée, et on travaille dessus tous ensemble en répète ou sur ordi en pré-prod. Sur l’album, Il y a aussi des chansons qui sont parties d’une ligne de chant comme Aphrodisiac Cadillac, Hell of a Ride ou Red Light Mississippi.

Comment vous répartissez-vous les parties de guitares ?   
L. : On échange beaucoup sur nos idées, on s'enregistre des structures, on se les envoie, on fait progresser les morceaux, on élague des parties, on essaie de faire de la place pour le chant, de peaufiner les riffs sur les refrains. Et après Noré pose des leads sur les parties qui ont besoin d'un arrangement supplémentaire. 

Quels sont les guitaristes que vous admirez le plus ?   
N. : Oh il y’en a tellement et pour différentes raisons ! J’ai eu la chance de prendre des cours dans une école ou le prof nous a fait découvrir plein de guitaristes dans plein de styles différents. Alors y’en a pas mal dans le rock mais je dirais pour le côté technique Slash, Mark Tremonti, Tom Morello, Mark Knopfler, Joe satriani, Steve Vai, Eric Johnson, Paco de Lucia, Jimmy Page, Paul Gilbert, Django Reinhardt, Birellli Lagrene… Et pour le coté charismatique, James Hetfield, Kurt Cobain, Angus Young, Dave Grohl, Jerry Cantrell… Mais bon, Tu connais la différence entre le bon et le mauvais guitariste ? En fait tant que le gars prends la gratte et que ça groove, ça sonne, ça me plait et pas forcément besoin d’une technique de ouf pour être bon à mon sens (rires).
L. : De mon côté il y a eu Mark Knopfler, Jimmy Page, George Benson (ses jeunes années), Geno Lenardo de Filter, Robin Finck, Dave Grohl mais je suis plus songwriting que technique ou lead (rires).

Ce début d'année est riche en perte d'artistes majeurs. Y en a-t-il un duquel tu te sentais particulièrement proche ?    
N. : René la Taupe, on perd un grand la chanson française (rires). Non, je dirais Lemmy pour le coté rock n roll à 110% et Glenn Frey des Eagles. On ne peut être insensible à Dammage Case sur l’album Overkill de Motörhead, une tuerie, et sur l’album Hotel California des Eagles, le riff de couplet de Victim of Love, un groove rock de ouf… C’est le kif (rires).     
L. : J'adore Lemmy Kilmister depuis que je suis gamin, son amour sans concession du rock 'n' roll à l'ancienne m'a toujours influencé. David Bowie m'a beaucoup ouvert sur la façon de voir la musique comme un projet artistique dans son ensemble, du visuel au son. Et Glenn Frey a bercé mes jeunes années sur Hotel California, cet album est un classique pour moi tellement il regorge d'idées. C'est difficile de perdre des icônes comme ça...

 

Hell Of A Ride – Bête Noire
Send The Wood
www.hellofaride.fr

Hell Of A Ride - Bête Noire