Charly Sahona a réussi à s'établir comme une référence parmi les guitaristes metal français comme en atteste la signature de Venturia avec le label Lion Music. Mais en 2012, pour la sortie de Dawn Of A New Era, le leader de la formation hexagonale prend également place derrière le micro pour palier au départ de leur précédent chanteur. Un line-up nouvelle formule, un opus fraîchement mis en bacs, des questions techniques : les sujets ne manquaient pas pour approfondir l'actualité de Venturia. Nous vous proposons donc une interview en deux temps avec Charly Sahona, la suite arrivant après les fêtes de fin d'année.

 Peux-tu revenir sur les changements de line-up de Venturia depuis Hybrid, et notamment l'aller-retour de Lydie ?
Charly Sahona : Tout à fait. Il y a eu pas mal de changements au niveau de l'équipe et finalement avec le recul, nous nous rendons compte que c'était un mal pour un bien. Pour des raisons de logistique évidentes, j'ai fait savoir à Marc (notre précédent chanteur New Yorkais) que nous ne pourrions plus travailler ensemble. A ce moment, je me suis demandé s'il fallait encore garder la formule duo ou tout faire chanter à Lydie. J'en ai parlé à mes proches qui m'ont incité à continuer ainsi. Comme cela fait plusieurs années que j'ai l'expérience des chœurs et de lead dans d'autres projets, j'ai donc décidé de compléter le duo.

Nous avons par contre été très surpris de la décision de Diego (Rapacchietti, batteur) à vouloir quitter le groupe. Il ne se retrouvait plus artistiquement dans Venturia. Le fait qu'il commence à s'impliquer et à tourner avec son nouveau groupe suisse est je pense, la raison principale. Heureusement pour nous, Thomas (James-Potrel, bassiste) et moi même sommes amis et jouons depuis longtemps avec Fred Marchal, un excellent batteur, de Montpellier comme nous. Je lui ai donc proposé de nous rejoindre. A notre plus grande joie, il a accepté l'invitation. Le fait que nous nous connaissions musicalement et qu'il soit un de nos amis a eu pour effet que son jeu s'est parfaitement adapté à notre musique. De plus lui et Thomas forment depuis des années une rythmique implacable.

Concernant Lydie (Lazulli), elle m'a annoncé il y a un an et demi ne plus pouvoir continuer Venturia pour des raisons familiales. Quelques semaines plus tard, elle me disait regretter cette décision et souhaitait nous retrouver. Cependant, nous nous étions déjà engagés avec une autre chanteuse Florine Acquisto avec laquelle nous avons enregistré un titre inédit qui figure sur la compilation de Lion Music « Embrace The Sun » dont les bénéfices sont allés à la Croix Rouge japonaise pour les victimes du séisme et du tsunami au Japon. Au final, l'emploi du temps de Florine ne permettait pas que nous puissions continuer ensemble et c'est à ce moment là que Lydie est revenue parmi nous. Sa magnifique voix fait partie intégrante du son de Venturia, elle est la muse du groupe, nous étions sommes vraiment enchantés de son retour.

Avec le line-up actuel, tous les membres sont basés dans la même ville. Ca vous facilite la vie ? Quelles différences concrètes ressens-tu ?
C. S. : Seule Lydie habite plus loin, dans la région PACA. Les choses sont effectivement beaucoup plus faciles pour nous. Nous pouvons répéter tous ensemble plus facilement, créer, réaliser des vidéos, bosser, sortir, faire les imbéciles quand nous le souhaitons. Tout cela renforce notre complicité aussi bien humaine que musicale et cela se ressent quand nous jouons ensemble.

Dawn Of A New Era a été enregistré très vite, environ une semaine selon une interview que j'ai lue. Comment expliques-tu cette rapidité ?
C. S. : Elle est due au fait que les musiciens sont bons (rires). Sans vouloir faire les égocentriques, le fait d'être professionnels, de bien connaître notre sujet, d'avoir enregistré plusieurs albums, d'avoir bossé nos arrangements aide à ce que les choses se fassent rapidement. Mais, pour être plus exact, nous n'avons pas tout enregistré en une semaine. La batterie de Fred a été faite en studio en deux jours. Les voix de Lydie en deux après-midi. Thomas et moi avons enregistré nos parties plus calmement, chez nous dans nos home studios respectifs. Nous faisions en moyenne un titre par soirée. Idem pour mes parties de chant.

Pour les guitares, j'ai utilisé la technique de réamping. J'enregistrais en splittant le signal en deux. Une piste pour le son direct de la guitare sans aucun traitement, une autre piste pour le son modélisé afin d'entendre ce que cela donne avec de la saturation. En fait je n'utilise la distorsion témoin que pour les solos. J'enregistre toutes mes rythmiques en son clair sans aucun traitement afin d'être le plus précis possible. Par contre, il faut toujours vérifier une fois le passage enregistré qu'il n'y a pas de bruit indésirable en ajoutant une grosse distorsion témoin. Si ça sonne aussi bien en clair que traité, ce sera nickel au final. Une fois toutes les pistes enregistrées, on réinjecte le canal dry directement dans les amplis au studio et l'enregistrement définitif ne prendra que quelques petites heures. Cette technique est extraordinaire et évite le stress des prises multiples, du temps et de l'argent qui défilent en studio.

Venturia s'exprime à présent sur des morceaux bien plus courts. Tu trouvais que votre musique se diluait un peu trop ou est-ce seulement une envie de proposer quelque chose de différent ?
C. S. : Les deux. J'aime partir à chaque album avec une ligne directrice. Pour celui-ci nous souhaitions d'une part faire quelque chose de différent et surtout plus accessible pour le public mais aussi pour nous. En effet, l'hyper technicité et versatilité de « Hybrid » (dont je suis vraiment très fier) n'a pas trouvé son public et nous a même fermé des portes. Jouer une musique très compliquée n'étant pas évident non plus à reproduire sur scène, nous avons souhaité aller à l'essentiel, faire une musique plus efficace qui donne envie de headbanger et de nous faire plaisir sur scène. J'ai voulu privilégier les riffs, les mélodies et les grooves. Ne pas faire de titre à rallonge afin de préserver la dynamique et l'intérêt tout au long de l'album. C'était un souhait partagé par nous tous. Chacun s'y exprime tel qu'il le souhaite tout en restant au service de la musique. Cependant, même si nous avons revu la répartition des différents éléments de notre musique, nous n'avons pas pour autant changé radicalement de style. Le son Venturia est immédiatement reconnaissable. Nous sommes très contents du résultat.

Si certains morceaux ne m'ont pas complètement convaincu dans ce « nouveau format », je trouve A New Dawn Rising particulièrement réussi. Peux-tu nous expliquer ton travail de guitariste sur ce titre subtil et riche ?

C. S. : Ce titre est un bon exemple de ce que je viens de décrire dans la question précédente. Nous avons fait en sorte qu'il soit entraînant, énergique, avec des mélodies efficaces. Effectivement, niveau guitare, je n'ai pas pu m'empêcher de faire une intro technique et hypnotique. Concernant cette intro (qui se répète à la fin du titre), il s'agit d'une succession rapide de chromatismes synchronisés avec le clavier. J'aime beaucoup ces petits moments sportifs qui ajoutent du relief, amusent les musiciens et qui nous obligent à rester sur nos gardes. Pour le solo, j'ai freiné un peu mes élans de bizarreries et de dissonances pour les mêler avec des bends et des notes plutôt inspirées blues et rock.

Venturia Hybrid Trailer


Venturia - Dawn Of A New Era
Lion Music
www.myspace.com/venturiamusic
Venturia - Dawn Of A New Era