Year Of No Light, comme son nom l'indique bien, pratique une musique sombre, 100% instrumentale et savamment maîtrisée. Les membres du groupe, impliqués par pas mal de projets parallèles, semblent retrouver en cette formation le canevas idéal pour laisser libre cours à leurs réflexions musicales les plus complexes et tordues. C'est Johan Sébenne, leur bassiste, qui s'est porté volontaire pour traduire leur post-metal en mots.

Peux-tu présenter le groupe, ses origines, ses débuts, son ambition ?
Johan Sébenne : On a commencé Year Of No Light en septembre 2001 au retour du Vort’n Vis où on était allés avec Jérôme, Bertrand et Christophe Mora. On se croisait souvent aux concerts avec Jérôme et Christophe et on avait envie de jouer de la musique lourde, lente et céleste. On a démarré avec l’arrivée de Bertrand sur Bordeaux. Christophe nous a quittés en 2002 à l’arrivée de Pierre et c’est à ce moment que le groupe a commencé à prendre réellement forme et à jouer live parfois instrumental, parfois chanté. On a rencontré Julien en 2003 qui venait aux concerts que j’organisais. Il m’avait laissé une démo de son projet Broadcast Emotion, il et nous a demandé s’il pouvait venir chanter avec nous et faire du sytnhé. Et hop c’était parti : démo en 2004, album enregistré en 2005, sorti en 2006 et puis le début des tournées un peu partout en Europe jusqu’en 2008 où Julien nous a quittés pour aller explorer de nouveaux horizons. A ce moment là on avait commencé à faire évoluer notre son et on a intégré Mathieu et Shiran.
Nouveau line up, nouvelles compositions, Ausserwelt sort en 2010, puis à nouveau tournées puis Tocsin en 2013… La seule ambition a toujours été de faire la musique que l’on avait envie de faire, innover et de se faire plaisir.

Tocsin suit Vampyr, qui était un disque très différent dans son approche. Comment passe-t-on de l'un à l'autre ?
J. S. : Vampyr est la suite d’Ausserwelt. On a utilisé pas mal d’idées non utilisées des démos d’Ausserwelt. Et ils ont quasiment été composés dans la foulée. Les gens ont l’impression qu’on a sorti 2 albums en 2013 alors qu’entre Vampyr et Tocsin il s’est écoulé plus de 2 ans. La sortie de Vampyr est une captation live de la dernière représentation d’une pièce qu’on a fait tourner pendant 2 ans. Et du coup, on a largement eu le temps de composer Tocsin pendant ces 2 ans tout ce temps! Avec Year Of No Light, il y a toujours un décalage entre l’actualité discographique et ce sur quoi on travaille au même moment !

En quoi l'expérience Vampyr a nourri le groupe pour les années à venir ?
J. S. : C’était effectivement une expérience très enrichissante et nouvelle dans la manière d’envisager les compos/constructions. Vampyr nous a pas mal apporté aussi sur les textures / bourdons et co.

S'il fallait résumer Tocsin en une citation ?
J. S. : « Rien n’est vrai, tout est permis » Hassan I Sabbah

Bien qu'on vous sente très à l'aise dans une musique instrumentale, est-ce que parfois les vocaux vous manquent pour exprimer des idées ?
J. S. : Non, nous avons toujours été un groupe instrumental. Même du temps de Julien la voix était envisagée comme un instrument. Et il y a eu sur certains splits des morceaux avec du chant et il y en aura à nouveau !

Conceptuellement, n'est-il pas frustrant de ne pas pouvoir proposer des textes accompagnant votre musique ?
J. S. : Effectivement c’est quelque chose qui nous manque un peu. C’est aussi pour ça qu’on a toujours aimé les noms à rallonge pour un titre.

Quel matériel de guitare a été employé pour Tocsin ?
J. S. : Pierre joue sur une flying V avec ampli JCM800 ou Lys. Shiran joue sur une Ibanez avec un Sovtek ou Lys ou Orange. Jérôme sur un Fender avec plein de guitares différentes. On aime tous les fuzz genre big muffs/rat, les holy grails… Et en studio on a pas mal utilisé le Lys, le Fender et un Bassman pour la basse.

Trouver la bonne tonalité de gratte, le bon effet pour la musique, c'est quelque chose qui te prend beaucoup de temps ou bien es-tu plutôt fonceur ?
J. S. : A la basse j’ai quasi toujours eu le même réglage avec ma big muff maison. 
A la guitare ça n’a pas trop évolué non plus, niveau effets on reste assez basiques. Fuzz + reverb et that’s it !

Es-tu impliqué dans d'autres projets artistiques à côté de Year Of No Light 

J. S. : Oui ! Je joue dans plusieurs groupes : Acid Bonanga qui fait une sorte de kraut psyché noise. On a commencé y’a 2 ans et fait quelques concerts cette dernière année et on va enregistrer un album avant l’été https://www.facebook.com/pages/Acid-Bonanga.  
Altaïr Temple, un duo guitare / machines où je retravaille en direct le son de la guitare par le biais de patch granulaires. C’est assez méditatif, ambiant mais ils y a des passages plus abrasifs quand les buffers se mettent à crépiter !
Nexus Sun commencé en même temps qu’Altair Temple et Year Of No Light, un duo (avec Raph qui joue dans Harsh Love, Strasbourg…) à la base avec 2 laptop qui dronent avec Audiomulch et Max mais depuis 3 ans on est en train d’évoluer vers une musique plus rythmée limite kraut rock avec des vieux synthés… Notre principe a toujours été de ne jamais faire 2 live identiques. Le prochain sera avec Tamara Goukassova (Konki Duet, Strasbourg…) qui joue aussi sur notre dernier disque. http://nexussun.bandcamp.com/     
Et j’ai aussi un projet solo sous le nom de Lacustre avec qui je devrais sortir un album sous peu. http://radarlacustre.bandcamp.com/ Et sinon, avec 2 autres membres de Year Of No Light, nous venons de lancer Blitzr, une plateforme de recherche sémantique dédiée à la musique où tu peux écouter un maximum de choses gratuitement ; Ce n'est que le début mais cela devrait évoluer pas mal sous peu de temps.

Quel album écoutes-tu lorsque tu cherches à te ressourcer ?
J. S. : Question assez difficile ça dépend vraiment du moment. Mais suivant l’humeur ça peut aller de Swans Are Dead / Soundtracks For The Blind des Swans à Ultraworld à Uforb de The Orb ou Hallucinogen In Dub en passant par un petit Troum ! 

Year Of No Light - Tocsin
Debemur Morti Productions
www.yearofnolight.com

Year Of No Light - Tocsin