Test de l'ampli Koch Jupiter Junior

Publié le 05/10/2018 par Gregory Priouret
KOCH est un fabricant d'ampli hollandais qui propose ses produits depuis déjà 30 ans. Proposant dès le début une panoplie de fonctionnalités utiles au guitariste (atténuateur, émulateur avec sortie ligne...), la petite marque a su se développer, grandir et se faire un nom parmi les constructeurs plus historiques. Lancée en 2011, la gamme Jupiter accueille aujourd'hui un plus petit format, le Jupiter Junior. Voyons plus en détails ce que Dolph Koch a concocté.

Découverte de l'ampli

A la sortie du carton, on note d'ores et déjà un poids plutôt modéré pour ce combo de 20W : seulement 12kg. En effet, ce Jupiter Junior ne peut se targuer d'afficher les mensurations de ses collègues tout lampes, dans la mesure où il renferme une technologie hybride nommée "Technologie KOCH ATR" (Authentic Tube Response) qui promet de sonner comme  un véritable amplificateur "vintage" avec un poids moindre et une plus grande fiabilité  grâce au couple transistor+lampes.

L'ampli revêt un tolex d'une belle couleur vert sombre au grain plutôt "marshallien" ainsi qu'une poignée visiblement solide, en faux cuir marron. La grille, entrelacement de brins noirs et argentés, ajoute une touche sympathique mais semble assez fragile. Avec des boutons de potentiomètre couleur crème, l'ensemble penche effectivement plus vers le retro que le tout moderne.

Avec cette taille, on vérifie et on confirme que la partie inférieure du Jupiter – fermée – renferme un unique HP Jensen de 10'', modèle J-Fet Falcon C10-40 avec aimant céramique. Il est totalement possible d'ôter le panneau arrière et de laisser le coffret ouvert. On pourra ainsi noter la présence d'un transformateur TXM20 qui sera l'unique élément visible sans un démontage plus en profondeur, avec les 2 lampes d'amplification et de pré-amplification 12AX7 (aucune inscription ne précisant leur marque, nous restons avec l'unique information de lieu de production : Chine).

La production et l'assemblage des amplis KOCH, ainsi que les tests qualité sont réalisés à ‘s-Gravenzande (Pays-Bas), dans la récente (2 ans) nouvelle usine Koch, avec des éléments venant d'Italie (haut-parleurs Jensen), de Pologne (menuiserie et vinyle), de Chine (une partie de l'électronique) et du Pays Bas (transformateur et autres éléments électroniques fabriqués par KOCH).

Présentation de la connectique

On remarque tout de suite qu'il n'y qu'un unique interrupteur "Main" qui permet d'allumer et éteindre le Jupiter Jr, sans être accompagné d'un Bypass. En effet, comme précisé précédemment, la nature hybride transistors +lampes de l'appareil le dédouane de la présence de ce composant – bien que la nécessité de ce switch entraine une énième débat dans notre communauté.

Le panneau avant est divisé en 4 parties, rassemblées sous 3 sections différentes. 

De gauche à droite,  nous trouvons une entrée instrument suivie de : 

 - Les contrôles liés aux 2 canaux "Cool" et "Hot"
 - La section d'égalisation à 3 bandes
 - Enfin, la partie Master.

Au dos : 

 - Boucle d'effets
 - Sortie pour baffle d'extension 8ohms
 - Un sélecteur on/off "speaker",  qui permet de couper le haut-parleur – application très utile lorsque vous souhaitez enregistrer nuitamment, via la sortie juste à   côté,  au format jack ¼, destinée à fournir un signal de hp + micro émulé
 - Un prise jack "footswitch" pour brancher un contrôleur de canal  (non fourni).

A ce niveau de la découverte, nous avons en mains un ampli compact très bien équipé pour une utilisation en studio/home studio avec de grandes facilités pour enregistrer. Poussons maintenant l'interrupteur sur ON...

Deux canaux et demi et un atténuateur ! 

Le premier canal (Cool) est donc le canal clair de l'appareil (au tout début de la course du gros bouton "Volume" en tout cas).  Ce canal clair est pur, agréable. Pas froid, mais pas non plus hyper chaleureux, l'étage de pré amplification est ici constitué du premier couple 12AX7+transistor. Il commence à tordre entre 12h et 3h selon les micros pour atteindre ensuite un joli et léger overdrive, avec une accentuation non négligeable des aigus que l'on pourra corriger avec l'égalisation 3 bandes passive (qui n'ajoute pas de fréquence mais en supprime) et dont l'intégralité de la courbe de chaque potentiomètre est utilisable et rendra quelque chose, sans produire une sonorité complètement sourde ou inversement trop criarde.

KOCH a recréé ici le fonctionnement d'un ampli à lampes sans  "master volume": plus on augmente le volume du canal COOL plus la section d'amplification va travailler et commencer à saturer pour offrir cette couleur typique de lampes "bousculées". Ainsi, il ne sera pas possible d'avoir un pur son clair à fort volume (à côté d'un batteur par exemple). Il faudra jouer du potard de volume de guitare pour obtenir quelque chose d'avoisinant si besoin. Inversement (pour rester sur ce canal), à faible volume il n'est théoriquement pas possible d'obtenir cette saturation "naturelle" de lampes d'amplification. Et c'est donc ici la raison de la présence du gros potentiomètre DIMMER.

Ce contrôle (parfois aussi nommé Attenuator ou Powersoak chez d'autres marques) permet de pousser la puissance d'amplification et de faire ainsi travailler les lampes pour obtenir cette saturation naturelle typique tout en atténuant simultanément le volume de sortie de l'ampli (et vous pouvez rester dans la pièce...).  Le Dimmer va ainsi réduire, théoriquement sans perte ou altération, le volume de sortie du Jupiter Jr, lui permettant d'aller de 100% à 0% de signal (soit le silence) tout en conservant donc ce caractère de lampes saturées. Ici bien entendu, l'étage d'amplification n'est pas constitué uniquement de lampes mais d'un transistor Mosfet de haute tension, avec une 12AX7 placée en amont qui va apporter le caractère typique  (compression et couleur) de la lampe chauffée à blanc. 

Attention : le DIMMER impacte sans distinction les deux canaux de l'amplificateur, tout comme l'égalisation.

Canal HOT : En plus d'un volume, le signal provenant du canal Hot est également sculpté par  un gain et un interrupteur Boost. 

Commençons par le sélecteur 2 postions qui est légèrement trompeur : comme le fin trait sérigraphié le reliant au potentiomètre Gain l'indique, il ne s'agit pas d'un boost comme on pourrait l'imaginer, qui augmenterait le volume, mais d'un sélecteur de plage de gain : en bas, il autorise une plage " Medium" et positionné en haut, il ouvre le paysage " High Gain".

Avec le gain à 0, nous avons un vague son clair (pas agréable) mais ce n'est pas l'idée du canal. En tournant le potentiomètre vers 1, on entend un décrochage et le gain s'active, matérialisant une saturation assez "musicale". Nous sentons que cette courbe de gain prendra sa place dans la saturation vintage, très loin des sonorités compressées "modernes" mais en allant cependant assez loin.  On arrive autour de 12h à une saturation abondante, peut-être un peu fouillie et baveuse pour certains (typique du transistor à mes oreilles), mais c'est un style qui peut plaire. 

Le Boost ajoutera donc une abondante dose de saturation, peu importe la situation du contrôle Gain. Personnellement, l'évolution du Jupiter dans les sonorités à forte saturation n'a pas été le meilleur atout de l'ampli, envoyant des sonorités typiques des technologies hybrides dans cette plage de gain, avec ce peu agréable bourdonnement de guêpes. Par contre, le canal Cool (à faible ou fort volume) était vraiment intéressant (parfait pour servir de plateforme à des pédales) et toute la plage Mid Gain du Canal Hot était vraiment agréable à jouer, en reprenant les codes et caractères d'un "tout lampes". 

Nous considérons qu'il s'agit ici de 2 canaux et demi et non 3 car le canal Hot "Mid Gain" et le "High Gain" sont totalement dépendants l'un de l'autre, le High Gain ne faisant que rajouter une large dose de distorsion au réglage de gain de l'autre position. Cependant, les "3 canaux" sont commandables par footswitch (non fourni).

A propos des "à cotés"... pas si  à coté

 - L'effet de réverbération embarqué, de type Spring, est assez agréable et surtout utilisable sur une grande partie de son réglage (ce qui est peu courant, la reverb ayant souvent tendance à noyer le signal). Je ne sais pas si c'était souhaité (et j'en doute...) mais le potentiomètre à son minimum laissait échapper une très légère queue de reverb.

 - Coté enregistrement, la sortie HP émulée (sortant au niveau ligne de -10dB) est à mon sens toujours une très bonne idée. Rien à dénoter en son clair, le boulot est plus que correct. En son saturé, malheureusement, le rendu est quelque peu différent d'une prise avec micro, et manque cruellement de relief. Cependant, même si cette sortie ne suffirait pas à enregistrer l'album de la décennie, elle trouvera sans aucun doute son utilité pour immortaliser une répète, un concert ou enregistrer des démo lorsque l'inspiration vous tient éveillé tout au long de la nuit (au grand bonheur de vos compagnons de chambrée).

 - La boucle d'effets est "en série", à savoir que l'intégralité du signal produit par l'ampli la traverse et sera "mouillé" par l'effet que vous y insèrerez.

Conclusion

Ce KOCH Jupiter Junior est une belle boite verte remplie de bonnes idées : un atténuateur embarqué, 2 canaux (ou 3?!), une boucle d'effets, une sortie avec émulation d'HP et un HP débrayable. Léger et compact, il pourra se promener partout. Avec sa technologie hybride ATR, il trouvera sa place dans un grand nombre de styles de musique. Malgré les commentaires ci-dessus sur sa gestion des saturations extrêmes, il pourra  tout de même s'immiscer dans un projet nécessitant des distorsions avec un rendu lofi ou en tout cas sans recherche de la sonorité d'un gros ampli lampes à destination de metalleux. Pour tout ce qui sera overdrive, crunch et saturation un peu plus appuyée tendance old school, il pourra être votre choix.

On a aimé :

 - Le son clair
 - Les crunch
 - L'atténuateur et l'atteinte des sonorités des lampes d'amplification en plein travail
 - Présence de la sortie ligne émulation de HP

On a moins aimé :

 - La sonorité des saturations via la sortie ligne

Tarif : environ 500€

 

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Commentaires

# Publié par GARDETTY le 09/12/2018 à 18:29
Je me pose une question idiote: hormis le prix, quel intérêt à passer de la version 40w à la version 20w puisque le dimmer permet d’abaisser le volume sonore de ces amplis?
# Publié par peconzenet le 10/12/2018 à 09:27
Hello
Alors hormis le volume max et le prix (et l’encombrement), je ne vois aucune raison de le faire. Le 40W fait tout ce que le 20W fait.
Il s’agit ici d’amplis transistors, donc peu importe la puissance, ils sonneront plus ou moins tous pareil (a la difference d’un ampli a lampes où effectivement, les lampes reagiront differement selon le volume auquel on pousse l’ampli.
La lampe presente dans les Jupiter est uniquement là pour donner une couleur au son - et c’est elle qui sera impacteé par le Dimmer

Greg