Pour moi, tester un Blackstar, c’est un plaisir. Un a priori très positif sur la marque grâce aux différents modèles que j’ai pu avoir entre les mains. De l’entrée au haut de gamme, leurs amplis et leurs pédales sont en général très convaincants. Une marque qui peut, avec son large catalogue, se frayer une place parmi les incontournables. Cet a priori peut être pour mon test à double tranchant. Il n’y a rien de plus désagréable que de s’attendre à quelque chose d’incroyable, et avoir un truc correct.

Le Blackstar ID30 TVP se place dans une gamme de prix moyenne (entrée de la moyenne gamme pour être précis). Il pourrait se comparer au fameux Line 6 Spider, Vox AD ou Peavey Vypyr (sans lampes). Et pourtant, il va encore un peu plus loin que ses concurrents.
Le panneau de contrôle est formé de la manière suivante :

Le voice, comme sur la plupart des amplis, sert au choix des simulations afin d'arriver, dans les grandes lignes, au type de son voulu. Rien à dire sur cette section. Compréhensible par les plus débutants et efficace !
Un gain et un volume, suivis d’une égalisation grave et aiguë. Les médiums sont quant à eux gérés par le contrôle ISF cher à Blackstar. Pour ceux qui ne connaissent pas l’ISF, c’est un système développé par Blackstar permettant, sur le papier, de jouer entre sonorités UK et US, entre gros son lourd et sonorités nerveuses. A l’utilisation, on voit bien que l’ISF modèle essentiellement les médiums. C’est une idée excellente car c’est une partie importante du spectre de la guitare qui, avec une égalisation traditionnelle est souvent mal gérée. C’est pour cela que l’ID 30 TVP n’a pas vraiment besoin d’un contrôle de médiums.


Le TVP, l’arme secrète !

Voici maintenant la pièce maîtresse de l’ampli : Le TVP alias True Valve Power (à prononcer avec un gros chewing gum dans la bouche).
L’idée est ici d’imiter (oui encore) les différentes dynamiques des lampes, EL84, 6V6, EL34, KT66, 6L6 et KT88.
Et là, je vois deux catégories de personnes intervenir :
- Ceux “qui savent quelle est la différence sonore entre ces différents types de lampes, et qui diront que “c’est-pas-mal-imité-mais-que-ça-n’a-rien-à-voir-avec-un-vrai-ampli-de-puissancepuisque-un-véritable-gna-gna-gna…”
- Ceux qui ont « déjà vu marqué ça sur une fiche technique mais qui ne savaient pas qu’il y en avait autant de sortes ni à quoi elles servaient (au fait) ?”

Voilà toute la problématique de cet ampli. Il utilise un vocabulaire éclairé tout en s’adressant au guitariste moyen. Alors, ampli four ou ampli coup de génie ?
Ampli pédagogique je dirais. L’utilisation des noms de lampes vont fatalement éveiller la curiosité et pousser les guitaristes à en savoir plus sur ce qui construit le son d’un véritable ampli à lampes. Savoir, tester, écouter, comparer et ainsi faire progresser son oreille et son écoute. Voilà un programme que chaque guitariste devrait suivre.
Les plus feignants se contenteront de régler à l’oreille. Et comme L’ID 30 n’est pas une machine de guerre à régler, voilà qui je pense les contentera largement.

Comme je le disais, les réglages sont assez faciles à exécuter. Une brève plaquette livrée avec l’ampli vous donne la marche à suivre. C’est effectivement très simple de créer son propre son.



Parlons de son
Justement, revenons-en à l’essentiel, le son délivré par toute ces technologies. C’est bien la première fois que lors d’un essai d’ampli à simulation les réglages d’usine ne sont pas complètement inutilisables. On se retrouve généralement à des sons de l’espace avec des réglages très douteux qui nous poussent à d’abord tripatouiller la machine avant d’avoir un premier aperçu des capacités de celle-ci.
Ce n’est pas le cas de l’ID 30. On se branche et le son est directement exploitable. Sur les 4 patchs des trois banks la totalité (avec pour certains une petite baisse des modulations) des sons sont très bons.

Les clean
On touche à tout type de son clean : du net, du tranchant pour des sonorités très claires ainsi que les chauds avec plus de médiums et de basses. Très agréable à jouer et à exploiter.

Les crunch
Toujours le petit problème des simulations. Les crunchs sont en général trop fournis en gain ou trop plats et sans texture. L’ID 30 s’en sort plutôt pas mal. L’alliance ISF et TVP donne un réel corps au son sans forcément aller chercher le gros gain. Il faut y passer un peu plus de temps, mais on accède finalement à des sons très sympas.

Les disto de l’enfer !
Toujours de bonnes sensations avec Blackstar et les gros sons. Les presets permettent de se faire une idée des possibilités de la machine. On pousse et, si on a la guitare faite pour, c’est assez agréable.

Si vous voulez utiliser les sons d’usine à haut volume, il faudra quelques adaptations. Lorsqu’on dépasse la moitié du volume, les réglages sons qui marchaient se mettent à saturer de basses et de médiums. C’est là qu’on aperçoit les limites de la machine. Difficile d’utiliser l’ID face à un batteur et un bassiste énervé. De plus, le combo étant fermé à l’arrière (ce qui renforce aussi le côté percutant du son), il n’y a pas possibilité de le brancher sur un baffle extérieur. Ceci dit, le modèle existe aussi en tête seul 100 et 60 watts...

Accordeur, sortie ligne, effets.
Pour la construction du son, les effets de bases sont disponibles. Les modulation (phaser, flanger, chorus et tremolo), delay (linéaire, analogique, tape et multi) et reverb (plate, room, hall et spring) sont assez pratiques à utiliser. Comme d’habitude, il n’est pas possible de cumuler les modulations. On peut utiliser simplement la chaîne modulation, delay et reverb. Les réglages s’effectuent simplement : sélection du type d’effet, sélection de la sous catégorie et de l’intensité de l’effet et enfin le mix. Le tout est couronné par un tap tempo. C’est complet et pratique. Certes, la qualité des effets est très standard, mais suffisante pour habiller vos sons.

Accordeur
Un peu mal fichu pour le coup. L’idée de l’intégrer aux leds de la sélection des canaux et des effets n’était pas une mauvaise idée, mais à l’utilisation, ce n’est pas du tout pratique ! Préférez votre bon vieil accordeur externe ou mieux, l’oreille.

On compte également une entrée ligne, histoire de brancher son mp3 et jammer avec des playback ou vos morceaux favoris ainsi qu’une sortie ligne avec HP simulés.
Pour jouer au casque ou s’enregistrer, la sortie ligne ne coupe pas le HP. Pour jouer de manière silencieuse, il faudra agir sur le master général de volume qui pour sa part n’a aucune influence sur la sortie ligne. La qualité de son est équivalente à celle développée par le HP lui-même. Quelques ajustements seront nécessaires pour utiliser les mêmes sons normalement ou avec la sortie ligne.

Le contrôle par footswitch est aussi possible, malheureusement pas de footswitch fourni avec l’ampli.

Dans l’ensemble, les sons sont toujours un peu nivelés. On retrouve quand même les sonorités de sa guitare et de sa configuration micro. La grosse compression arrive lorsque l’on aborde les sonorités les plus extrêmes. C’est flatteur, mais les très éclairés ou attentifs pourraient en être agacés. C’est aussi pour ça que globalement cet ampli s’adresse d’abord aux débutants et niveaux moyens. Les autres pourraient tout de même y voir un ampli de salon pratique et polyvalent.

Prix public : 399 euros

Fiche technique
30 Watt
Haut-parleurs 1x 12"
128 sons programmables
6 voies
EQ 3 bandes breveté ISF
Mode manuel
Multi-effets (4x modulations, 4x - délais, 4x réverbérations)
Filtre de thomann résonance
Présence
Volume master
Port USB (Edit enregistrement et Re-Amp Audio)
Entrée MIDI
Entrée ligne / MP3
Sortie haut-parleur émulé
Accordeur intégré
Logiciel GUI 
Blackstar ID30 TVP