Dans le monde impitoyable de l'informatique portative, Apple a une sacrée avance et une énorme force de frappe. Les concepteurs de produits pour guitaristes l'ont bien compris et surfent désormais sur la vague. Accordeurs, multi-effets, métronomes, éditeurs de partitions, séquenceurs, on y trouve de tout. Parfois très utiles, parfois complètement gadgets, ces produits deviennent des outils incontournables. Nous essayons ce mois-ci le Digitech iPB-10, multi-effets fonctionnant avec iPad. Par Kevin Cintas



Design
Mastoc et indestructible ! Exit les Digitech des années 90 avec leurs boîtiers en ''plastoc'' trop fragiles (et moches), maintenant la marque nipponne fait du lourd, du solide ! Aucun doute à émettre sur la résistance du boîtier métal qui structure le pédalier : les coups de pieds à répétition n'auront pas raison de l'iPB-10. Mais un produit aussi mastoc, c'est bien quand ça reste à la maison, Si vous avez à trimballer l'engin, il est possible que quelques séances de muscu soient nécessaires.
Cette réflexion appelle d’ailleurs une première remarque : l'iPad est un produit nomade dans l'âme, or l'iPB-10, lourd et imposant, n’est pas en adéquation avec cet esprit. Dommage !

Ergonomie
C'est la grande force de ce pédalier. D'une part, sa taille autorise l'intégration d'une connectique extrêmement complète (cf. fiche technique), d'un bon nombre de contrôles au pied ainsi que d'une pédale d'expression. D'autre part, le large écran tactile de l'iPad permet en contexte de jeu de visualiser parfaitement le pédalier ainsi que les presets utilisés. On regrette cependant une assez grande latence visuelle lors des changements de sons (cf. vidéo). Cela peut-être assez gênant en contexte de jeu. Au point de vue sonore, on remarque seulement une infime coupure lors du changement de son. Mais cela reste un problème récurrent des multi-effets et simulateurs ; l'iPB-10 se place donc dans la moyenne du point de vue de la latence sonore.

C'est lors de la création des sons que l'iPad se révèle d'une utilité redoutable. Il est vraiment facile de visualiser sa chaîne de montage, les réglages de la simulation, etc. Monter un son complexe avec ampli, baffle et effet est d'une simplicité déconcertante.
En règle générale, les marques utilisent des logiciels (PC ou Mac) annexes et connectent leurs produits en USB pour atteindre le même niveau d'ergonomie. Un gros plus pour l'iPB-10, qui fait l’économie d’un tel dispositif. On note également qu'il est possible de ne pas intégrer de simulation d'ampli et d'utiliser un véritable ampli (parfaitement exploitable grâce à la boucle située à l'arrière de l'appareil) et ainsi de n'utiliser l'IPB-10 qu’en simple multi-effets. Un switch sur le côté gauche du pédalier permet d'ailleurs d'activer ou non cette fonction.
Juste en dessous de celui-ci, un autre interrupteur peut lancer une boucle d'effets. Une attention utile pour les rares musiciens qui voudraient utiliser leur(s) pédale(s) fétiche(s) en plus des simulations disponibles.


Son
Les modélisations d'amplis et simulations d'effet sont du même niveau que ce qu'on peut trouver chez la concurrence (Line 6, Peavey, Vox ou d'autres). Le produit est bon, mais ne révolutionne pas la simulation en général. Si vous jouez d'ailleurs sur des instruments avec un fort caractère, vous risquez d'être déçu. L'iPB-10 a une fâcheuse tendance à niveler le son de l'instrument. Que l'on ait une Vigier à 3000 euros ou une Stagg à 150 euros, le résultat sonore ne sera pas bien différent.
Nous avons pu tester certains sons du pédalier avec micros simples (Fender Stratocaster) et avec micros doubles (Ibanez en acajou avec deux SH4). Constat : le résultat est quasi-identique. Ce qui fait le malheur des uns fait le bonheur des autres : les utilisateurs de guitares haut de gamme auront un son acceptable, les utilisateurs de guitares d'entrée de gamme auront un résultat tout aussi acceptable.
Dernier reproche : les distorsions. Malgré la gamme très large de pédales de distorsion proposée dans l'iPB-10, il est complexe d'y trouver une grande différence de grain. Ce défaut est encore plus flagrant sur les pédales de Fuzz.


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Conclusion
L'iPB-10 est un concept intéressant, mais qui se cherche encore sur certains points. On aurait peut-être préféré un outil plus en adéquation avec le principe nomade de l'Ipad. Le son et les possibilités sonores, quant à eux, ne révolutionnent pas le genre de la simulation tout en étant propres et utiles dans la plupart des contextes musicaux.
Le réel plus du Digitech Ipb-10 est son ergonomie, induite par la présence de l' Ipad et son large écran tactile. Un produit qui devrait conquérir le cœur des aficionados d'Apple, mais qui ne va certainement pas vous pousser à acheter un Ipad juste pour l'occasion.

Prix public : 560 euros

Les plus :
L'ergonomie

Les moins :
Le poids
Latence visuelle

Fiche technique :

54 amplis (détails : cliquez ici)
25 baffles (détails : cliquez ici)
87 pédales (détails : cliquez ici et ici)
Face arrière :
Entrée guitare
Boucle d'effets avec ground lift
Sortie stéréo avec bouton sortie ampli ou sortie ligne
Niveau de sortie
Sortie xlr stéréo avec ground lift
Sortie casque
Entrée pédale de contrôle externe supplémentaire
Port USB
Accordeur intégré560
Alimentation fournie

Site de la marque :
http://www.digitech.com
Digitech iPB-10